dimanche 24 mai 2015

378 Les femmes prises au piège sophistiqué de la jalousie

Ce qui différencie l'humain des autres espèces animales, c'est sa sexualité et le travail. Allez voir des girafes qui vivent dans la brousse. Vous verrez des girafes dans la brousse. Allez voir des humains qui vivent en ville. Vous verrez des maisons avec des humains dedans. C'est dire que l'organisation du travail a une importance fondamentale chez les humains. Or, une chose qui pourrit tous les rapports humains est que le travail de plus de la moitié des humains, choisi pour son sexe, n'est ni reconnu, ni rémunéré. Il s'agit du travail des femmes à la maison. Élevez des rats ou des souris blanches : c'est un métier, on vous paye. Élevez vos enfants, avenir de l'Humanité, de votre pays, votre famille : vous n'êtes pas payé. C'est du bénévolat. Faites des ménages chez les autres. C'est un métier, on vous paye. Faites le ménage chez vous, rangez la chambre de vos enfants, lavez leur linge, repassez-le : c'est du bénévolat. Tenez la comptabilité de la famille, suivez les études de vos enfants, etc. C'est la même chose. Un comptable est payé. Un enseignant est payé. Une mère de famille pour un travail similaire, la responsabilité maternelle en plus, n'est pas payée. Cette immense part du travail non reconnu, méprisé, déséquilibre et gâche l'ensemble des rapports humains et tue l'amour.

Si je vais vers une femme qui me plaît, elle s'attachera à trois choses : il faut un rapport sexuel, base de la relation. Il faut que l'homme que je suis soit solvable. Un homme qui n'est pas solvable n'est pas un homme. Car il ne peut pas jouer son rôle de béquille de sa femme. Et la jalousie doit régner. Car si l'homme qui a pour rôle de subvenir largement aux ressources d'une famille où la femme travaille sans être rémunéré va s'en aller, la femme perdra ses ressources. Et n'aura plus son gagne-pain : l'homme qui la nourrit et l'entretient. Ou dont le rôle théorique est en tous cas traditionnellement celui-là. Même si le monde change, les idées anciennes perdurent encore.

Certes, de nos jours, bien des femmes travaillent à l'extérieur de leur foyer en plus du travail qu'elles y effectuent. Elles ont donc gagné une certaine autonomie financière. Le résultat ? Elles divorcent en masse. Et c'est presque toujours elles qui prennent l'initiative de la séparation.

La situation est-elle devenue bonne pour autant ? Non, une quantité énorme de gens déclare souffrir de la solitude. Parmi eux trente pour cent des étudiants de France seraient concernés !

J'ai été essentiellement élevé par ma mère. Mon père ne s'est pas beaucoup occupé de mon éducation. Comme je n'allais pas à l'école, l'influence maternelle a été plus grande que si j'avais eu des contacts extérieurs : camarades d'école, leurs familles, enseignants. Je suis devenu longtemps et sans le savoir jusqu'à très récemment deux tiers femme, un tiers homme. Très sentimental, pas attaché au cul d'un côté. Et d'un autre côté un peu porté sur le cul à la façon des hommes, c'est-à-dire bête, superficielle et égocentrique. Je n'avais pas de message clair à délivrer aux femmes qui attendaient de ma part le comportement d'un individu ordinaire, un homme classique : deux-tiers homme au moins et un tiers femme ou moins encore. Résultat, les femmes m'ont laissé la plupart du temps sur la touche. N'étant pas dans la norme, même inoffensif, je n'étais bon à rien pour elles.

Au début des années 1970 j'ai entendu une jeune fille parlant de moi à sa copine lui dire : « lui, il n'est pas comme les autres ». Mais quand on n'est pas comme les autres on est rejeté, c'est la règle. Très longtemps je n'ai pas compris pourquoi. C'est seulement à présent que je réalise quelle était ma situation.

Ce n'était pas évident pour moi. Car, dans le domaine de l'amour, le mensonge est omniprésent. Je me souviens d'une amie et sa collègue de bureau. L'une et l'autre étaient très « classiques ». La première jurant les grands dieux qu'elle avait pour principe de vie d'être « fidèle » et refuser l'infidélité. « Je n'ai pas envie de passer la main dans les cheveux de quelqu'un où une autre main est passée avant » se plaisait-elle à répéter comme une formule favorite. Une fidélité en bronze, inébranlable, principielle, un blason de noblesse de la femme classique, « sentimentale », fidèle, exclusive... jeté à la face de l'homme que j'étais. A l'écouter, étant seulement ami, je devais considérer le cul et le cœur de cette femme « fidèle » comme un trésor mille fois précieux et totalement inaccessible pour moi.

La seconde femme, orientale et mariée ne jurait que par son petit mari chéri. Son petit mari chéri par ici, son petit mari chéri par là, rien de plus important pour elle que son petit mari chéri ! La porte de ce ménage sacré ne pouvait pas, c'était visible, être franchi par une queue étrangère sacrilège, par exemple : la mienne.

Et puis, un jour au restaurant, il y a quelques années, voilà que nos deux partisanes intraitables de l'amour avec un grand A et de la fidélité avec un grand F m'ont surpris. Elles étaient là à bavarder ensemble. Et m'ont complètement oublié quelques instants. J'entends et vois alors deux autres personnes, complètement étrangères. Que je n'avais jamais rencontré. Elles parlent d'une vedette de cinéma et j'entends : « c'est sûr, s'il vient coucher à la maison, je ne dormirais pas dans la baignoire ! » Voilà qu'elles révèlent le fond de leur pensée. La « fidélité » en bronze, le « petit mari chéri » : du vent ! Ou, plutôt, des mensonges classiques, à servir sans modération aux hommes. Hommes qui, de leur côté, mentent également aux femmes. Mais voilà, je n'aime pas le mensonge et croit vraiment à la valeur de la vérité. Je suis un Martien égaré sur Terre...

Les humains mâles sont détraqués, hypersexués et baise-partout. Une voisine jeune et jolie m'a montré sa réponse à la baisomanie de son petit copain. Elle ne vivait pas avec lui. C'était soi-disant un « couple moderne ». En fait, c'était une ruse. En ne voyant son obsédé de la queue qu'une ou deux fois par semaine, il ne l'embêtait pas plus d'une ou deux fois par semaine. Vive la modernité !

Mais arrive le problème des enfants. On peut ne pas vivre ensemble. Mais si les enfants arrivent, il faut bien se mettre ensemble... Et l'homme est toujours autant baisomane. On va donc s'appliquer à... le castrer moralement. Ou le rejeter tout en conservant ses produits : les enfants qu'on a fabriqué en ajoutant aux ovules ses spermatozoïdes.

C'est ce que font quantité de femmes. Après avoir accepté d'être « limée » régulièrement durant quelques années, arrive le deuxième et dernier enfant programmé. Alors, le vagin se ferme. La boîte à plaisirs met la clé sous la porte. Fini, le trou à branlette et les exercices de gymnastique en chambre du samedi soir ! La femme refuse de continuer à faire semblant de s'intéresser au cul.

C'est un grand classique. L'épouse d'un ami à moi lui a fait le coup. L'amie et collègue africaine d'une amie européenne a également agit pareil. L'Européenne me disait : « tu sais, après son deuxième enfant elle a arrêté de faire l'amour, c'est fréquent ça. Alors, il l'a quitté. » Les projets d'enfants régissent la fermeture ou l'ouverture du trou à branlette. Une amie m'avait dragué dans la perspective que je lui fasse des enfants. Quand elle a réalisé que ce projet lui paraissait difficile à réaliser, elle s'est débarrassé du papa potentiel. Subitement, les « sentiments d'amour » de sa part se sont éteints façon extinction du gaz quand on tourne le robinet. Et elle a cherché quels défauts elle pouvait déclarer trouver chez l'homme merveilleux que j'étais paraît-il jusqu'à là. Il faut bien justifier le résultat de ses calculs quand il amène hypocrisie et brutalité morale !

Et pourquoi autant de bruit fait aujourd'hui autour de la « Procréation matériellement assistée » ? Parce que si on se reproduit avec des éprouvettes et plus avec une bite et des couilles montées sur un homme, ça change bien des choses. Et cette situation envisagée trouble plus d'un individu !

La base du désordre général des rapports humains c'est la non reconnaissance du travail domestique de la femme et les besoins sexuels artificiels, intellectualisés et hypertrophiés de l'humain mâle.

Mais si homme « je sors du jeu », déclare ne pas baiser ? Que m'arrive-t-il avec les femmes ? Pour elles, je deviens inclassable, incontrôlable, bizarre. On me déclare pédé. Éventuellement pédé refoulé, qui s'ignore. Le terme de « refoulé » est très pratique à utiliser. Les autres savent mieux que vous qui vous êtes. Et vous pouvez même être quelqu'un d'autre sans le savoir ! Bouffonnerie ! En fait, l'homme qui ne baise pas dérange beaucoup de monde. La « norme fatale » cesse d'être fatale. Et on ne peut pas envisager de le capturer et l'attraper par la queue !

Quand le mensonge fleurit, on n'aime pas se laisser découvrir. Et montrer qui on est quand on fait partie des menteurs. Certaines femmes, une fois qu'elles ont un jour « baissé la garde », n'apprécient pas d'être identifiées pour ce qu'elles sont. Une femme « fidèle » qui m'a laissé voir qu'elle bricole et baisouille dans les coins, a baisouillé un soir avec moi. Puis m'a rejeté en me traitant de profiteur. Une autre, se laissant caresser, mais n'étant pas baisée, déçue de ne pas voir fonctionner son vagin-piège s'est éloigné subitement de moi. Elle voulait capturer un homme et pas vivre quelque chose avec moi. Ne parvenant pas à me capturer, en me faisant un enfant dans le dos, elle est partie chercher un autre naïf. Le plus caricatural fut une femme qui s'éclipsa quelques instants de la pièce où nous étions à bavarder en tête à tête. Revint, me pris la main et la mis directe dans sa culotte ! Je n'en revenais pas. N'ai pas fait grand chose. Elle m'a alors engueulé pour n'avoir pas été jusqu'au bout, c'est-à-dire l'avoir baisé. Puis, le lendemain au téléphone m'a accusé d'en avoir profité !

L'incohérence relationnelle est difficile à gérer. Surtout quand l'incompréhension, le désordre et le mensonge règne.

Des fois, les plans extraordinaires des autres n'apparaissent pas. Mais, subitement, une femme de votre entourage disparaît. Cesse de vous voir sans raisons visibles. Vous avez fait partie sans le savoir d'un plan à elle qui n'a pas fonctionné. Vous aviez cru être son ami. Vous étiez juste pour elle une chose, un pion, une pièce d'un jeu inconnu aux règles inapplicables. Dans son rêve voilà que vous ne serviez plus à rien. Sans problème ni hésitation, elle vous a mis au rebut. C'est ainsi qu'il arrive qu'une amie se mariant, se mettant « en couple », vous oublie soudain et complètement. Vous avez cru être indispensable dans sa vie ? Pas plus qu'une chambre à air usée avec des rustines. Elle s'en est procuré une neuve, plus besoin de vous. J'ai ainsi servi de Sigisbé durant onze ans. Amoureux transi et jamais admis dans le cœur et le cul de la belle de mes rêves. Et puis la belle s'est mariée. Est passée à autre chose. Alors, elle a jeté son Sigisbé dans les WC et tiré la chasse.

Je me dis à présent qu'en amour il faut faire comme en informatique. Quand un mail paraît bizarre, ne pas y répondre. Quand une pièce jointe paraît douteuse, ne pas l'ouvrir. Et qu'ainsi j'éviterais à l'avenir beaucoup d'ennuis et de complications.

Je ne veux plus me prendre pour le sauveur des autres. Commençons par nous sauver nous-même ! N'oublions jamais qu'un individu qui se débat dans l'eau peut entrainer dans le fond le bon nageur imprudent qui est venu lui porter secours. Faisons juste ce que nous avons à faire. N'en faisons pas trop.

On peut très bien vivre sans cul et sans « amour », c'est-à-dire seul. On peut aussi être très malheureux avec du cul et en vivant avec quelqu'un. Il faut arrêter de s'obnubiler sur quelques centimètres d'organes reproducteurs. Et sur une compagnie qui est bien plus encombrante qu'un chat, un chien, une perruche, un poisson rouge, une souris blanche ou un géranium en pot. Quand vous voyez une femme qui vous plaît, commencez par vous dire : « me mérite-t-elle ? » et « mérite-t-elle que je m'emmerde à tenter quelque chose avec elle ou dois-je passer mon chemin ? » Si vous passez votre chemin, n'ayez surtout pas de regrets. La route est vaste, l'horizon lointain, la liberté extraordinaire, formidable, et mille fois plus belle et prometteuse que toutes les fables.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 mai 2015

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