lundi 13 janvier 2014

202 Les dessous de la loi Gallardón

Il y a en Espagne un monsieur qui a deux testicules, un pénis et une prostate et qui s'appelle Alberto Ruiz-Gallardón. Il a attaché son nom à une loi nouvelle qui interdira l'avortement en Espagne.

Alberto Ruiz-Gallardón ne possède pas d'utérus. Mais il veut prendre le contrôle de tous les utérus d'Espagne. Ceux-ci n'appartiendront plus aux femmes qui les portent, mais à l'état espagnol. Si un embryon commence à se développer dans un utérus d'Espagne, il le fera pour l'Espagne et l’Église. La femme directement concernée n'aura pas son mot à dire. Sauf si elle est d'accord, bien sûr. Dans ces conditions elle sera libre d'approuver ce qui la concerne directement. Et a été décidé à sa place.

Alberto Ruiz-Gallardón n'a pas d'utérus. Il ne connaîtra jamais dans sa chair la détresse de la femme enceinte qui ne souhaite pas devenir mère. Alberto Ruiz-Gallardón s'en fout. Il possède déjà, avec cette loi, tous les utérus d'Espagne. Mais pourquoi une telle loi ?

Officiellement elle est sensée faire disparaître d'Espagne l'avortement, considéré comme un fléau par les vieillards célibataires du Vatican.

En fait, on sait parfaitement que prohiber l'avortement, c'est comme prohiber l'alcool. Ça ne le fait pas disparaître. Mais entraine le développement d'un marché illégal clandestin. Alors, pour quels motifs adopter une telle loi par définition nocive et inefficace ? J'en vois six :

La première raison est électorale. Avec cette loi on caresse dans le sens du poil une partie de l'électorat.

La seconde raison est financière. Quand l'avortement est interdit, celles qui ont de l'argent peuvent avorter illégalement dans de bonnes conditions médicales en payant très cher. En 1973, un tel avortement à Paris dans le quartier du Marais était facturé 4000 francs. Le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti, l'ancêtre du SMIC actuel) s'élevait alors à 6 francs de l'heure.

Si on interdit l'avortement, certains médecins pourront doubler facilement leurs revenus en se faisant payer au black, donc sans déclarer aux impôts.

Au nombre de ceux qui glapissent le plus fort contre la liberté d'avorter légalement se trouve des médecins intéressés financièrement qui applaudissent et appuient la loi Gallardón.

Troisième raison, elle est politique. Gouverner, c'est diviser. Faire que les femmes vivent dans la crainte de grossesses indésirées et d'avortements dangereux, illégaux et bricolés, c'est faire d'elles des citoyennes de deuxième zone comparées aux hommes. C'est aussi les opposer aux hommes.

Quatrième raison : elle est psychologique. Une partie de la population souffre dans le domaine amoureux et ne se remet pas en question. Elle attribue la cause de ses malheurs au sexe opposé. Un certain nombre d'hommes en conséquence au fond d'eux-mêmes cultivent la haine des femmes. Ce qui ne peut que les encourager à soutenir et appeler de leurs vœux la loi Gallardón.

Cinquième raison : la bêtise pure, qui fait partie des éléments moteurs de la société, en particulier pour aller dans le sens d'une régression sociale.

Sixième raison : l'absence du droit à l'avortement dans les grands textes de base de la société : Déclaration universelle des droits de l'homme et Constitutions des états.

Dans un même mouvement certains états orientaux appliquent la lapidation aux femmes adultères et l'Espagne interdit l'avortement. Il s'agit d'un concours international de barbarie où la femme est toujours perdante. La loi Gallardón est un signe majeur de l'écroulement de la Civilisation, au même titre que la fermeture de l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris, le gaz de schiste ou la mise en place du grand marché transatlantique. Si nous n'y prenons pas garde. Et n'y remédions pas. Les différents aspects agréables de nos vies ne seront bientôt plus que de vagues souvenirs périmés.

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 janvier 2014

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