mercredi 8 janvier 2014

200 A 18 ans à la lisière de « la clôture des adultes »

Il existe une expression française dont le sens a évolué. A l'origine elle signifiait « être en caresses avec une femme ». A présent elle a pour sens être légèrement saoul. Cette expression c'est « être en goguette ». On parle souvent dans le domaine de l'amour de « la première fois », comme si c'était l'étape la plus importante. En fait, la première étape importante dans la vie amoureuse c'est la première fois que nous nous retrouvons « en goguette » dans le sens premier du terme.

Je me souviens très bien de ma première « goguette ». J'avais dix-huit ans et était très peu au fait des choses de l'amour. Ma seule éducation était celle donnée parcimonieusement par de rares lectures et images réservées aux « adultes ».

Quand j'ai trouvé à la maison un exemplaire de « J'irai cracher sur vos tombes » de Boris Vian, les quelques passages qui valurent à cet ouvrage l'interdiction, devinrent mes préférés. On y voyait le héros du livre pénétrer sexuellement des jeunes filles, leur caresser leur intimité, et sucer leur sexe. J'en fis ma lecture secrète, conservant le livre caché. Et en faisait la lecture enfermé dans la salle de bain et accompagnée de ma main pour arriver à en jouir.

Un autre ouvrage m'avait frappé. C'était le catalogue d'une exposition pornographique au Danemark que mon frère aîné avait rapporté à la maison. Une image en particulier m'avait impressionné. On y voyait de près une large main masculine velue, le majeur replié enfoncé dans un sexe féminin.

Quand je suis arrivé en vacances quand j'avais dix-huit ans, c'était une location. Il n'y avait pas assez de lits individuels pour tout le monde. Alors, qu'à cela ne tienne, on me mis dans un très grand lit avec... une jeune fille. Les décideurs n'y voyaient aucune malice. Je paraissais l'être le plus innocent du monde. Je ne l'étais pas complètement. J'avais déjà connu quelques caresses intimes pratiqués sur ladite jeune fille, qui de son côté avait semble-t-il dormi pendant celles-ci.

En fait, ce soir-là, en y repensant avant de nous coucher dans le même lit, une certitude m'est apparut : « en fait, quand je lui fais ces caresses elle ne dort pas, mais fait semblant. Donc des choses très audacieuses sont possible ! »

C'était l'été. J'étais très surexcité à cette perspective. Mon sexe en large érection. Mes glandes de Cowper à fond émettaient leur substance gluante et mouillaient largement mon slip. J'ôtais celui-ci, pensant dormir nu avec la jeune fille. Puis, à la réflexion, le remis. « Sinon, me dis-je, je risque d'aller trop loin et la mettre enceinte ». C'était là une sorte de « barrière de sécurité ».

Une fois allongés tous les deux dans ce très vaste lit, la lumière éteinte et dans l'obscurité complète, les opérations pouvaient commencer. Je savais ma partenaire consentante et ouverte à mon toucher.

Je mis ma main vers elle sous les draps et arrivais juste sur son ventre nu. J'avais noté qu'elle était allé au lit juste vêtue d'un slip blanc et un léger tee shirt turquoise. Celui-ci s'étant relevé un peu, ma main se retrouva posé sur son ventre nu. C'était la première fois que j'avais un tel franc contact sensuel avec une jeune fille. Et là survint un incident inattendu. Je ressentis un plaisir inimaginable à ce contact. Et, effrayé, retirais ma main.

Ce plaisir m'avait fait peur ! Je restais un instant à me demander ce que j'allais faire. Me revins en tête l'image du catalogue de l'exposition pornographique danoise. Je propageais ma main, cette fois-ci vers le bas-ventre de la jeune fille. Me voilà arrivé à son slip. Je rentre ma main. Sens au toucher sa toison pubienne, puis arrive plus bas. Et là, comme dans l'image, j'enfonce mon doigt le plus long dans la fente ainsi offerte. Je n'ai ressenti en faisant cela aucun plaisir particulier.

L'orifice était légèrement humide. La jeune fille ne bougeait pas. Je savais qu'elle faisait semblant de dormir. Que faire de plus ?

Ma main était dans son slip. Le baisser. J'entrepris de le faire. Un moment elle fit, toujours en silence, mine de se « réveiller » et le remonta. Finalement, à force d'insister une deuxième fois, je fini par baisser son slip à mi-cuisses. Et après, que faire de plus à part enfoncer mon doigt ?

Je me rappelais le livre de Boris Vian. Dedans, le héros à un moment-donné suçait le sexe d'une de ses conquêtes féminines. Je pensais un instant faire de même. Et, avec horreur, chassais aussitôt cette idée : « Ah non ! Mettre ainsi un sexe dans ma bouche, c'est contraire à l'hygiène ! »

Mais alors que faire de plus de nouveau et agréable ? J'y suis ! Je peux m'intéresser aux seins. Je partis donc vers mon nouveau terrain d'expérimentation.

Je remontais ma main vers la zone mammaire.

Passant sous le tee shirt, je trouvais un sein. Arrivé au bout mou et tendre de celui-ci arriva un autre événement stupéfiant et totalement imprévu. Au contact de mes doigts, le bout du sein s'est subitement métamorphosé : il a durci, prenant la forme d'une sorte de très gros bouton ! Comme c'était étrange et imprévu !

Après cela, une chose nouvelle était encore possible : sucer le bout du sein. Là, ce n'était pas comme le sexe. C'était propre.

Oui, mais pour cela, problème technique : il fallait relever le tee shirt. J'entrepris cette nouvelle opération. Ma partenaire, qui continuait à « dormir » se réveilla opportunément juste pour le redescendre. Pudeur ou froid, pour quelle raison agissait-elle ainsi ? Je n'en savais rien. Mais j'insistais et fini par aboutir. Les seins étaient dénudés, dégagés du tee shirt. Je me redressais et allais prendre un instant le mamelon durci dans ma bouche.

La mienne du fait de l'émotion était tout à fait sèche. Et, j'ai bien senti le mamelon durci, cet espèce de bouton entre mes lèvres. Mais n'ai ressenti aucun plaisir particulier.

Qu'avais-je à entreprendre de plus ? C'est là qu'un ultime incident est arrivé. Ma « dormeuse » a brusquement chuchoté : « Maintenant, tu peux y aller. »

Elle voulait manifestement dire par là : « à présent mets-y ton sexe, pénètre-moi sexuellement. »

Là, j'ai paniqué. Ah non ! Je ne vais pas la mettre enceinte !

J'ai tout arrêté pour m'éloigner un peu d'elle et dormir.

Le lendemain matin, j'ai cherché à toucher à nouveau son sexe, elle s'est rebiffé, sans parler. Je n'ai pas insisté.

Mais j'avais eu peur. Pour éviter de risquer de la mettre enceinte, j'ai demandé la nuit suivante de ne plus dormir en compagnie de ladite jeune fille. Un lit de camp avait été apporté, j'ai demandé à dormir dessus. Quand la jeune fille a appris ma décision, elle n'a rien dit, mais parue surprise. Chose étrange : la nuit qui suivie j'ai été tourmenté par une envie terrible que je n'avais jamais ressenti jusqu'alors, celle qu'on me caresse le sexe. Mais, bien sûr, j'étais seul dans mon lit.

La jeune fille ne m'a jamais parlé de cette nuit-là, sauf pour me dire quelques jours plus tard : « j'ai été très fatiguée après... » Elle a fini sa phrase par un petit rire nerveux. J'ai fait comme si je n'avais pas compris de quoi il s'agissait.

Cette expérience apprend beaucoup de choses :

L'irresponsabilité des adultes qui croient que leur cher et pur enfant n'a pas d'appétit sexuelle.

L'absence totale de câlins qui conduit à prendre grand plaisir à toucher un ventre nu, mais ensuite avoir peur et arrêter ce qui vous fait plaisir.

Et surtout l'abominable ignorance des choses de la vie, produite par la « pudeur » des adultes. Combinée à l'éducation faite par la pornographie. Qui est très nulle et détestable.

On croit protéger « la pureté et l'innocence » des enfants en ne leur parlant pas des choses du sexe. Mais la Nature, elle, ne se gêne pas pour réveiller en eux toutes sortes de choses dont on croit malin de ne pas parler. Et si on s'occupe des enfants pour leur assurer sécurité, bonheur, tranquillité, on ne s'inquiète pas de ce tête-à-tête solitaire et redoutable entre l'enfant et la Nature en lui.

Les enfants ne sont jamais complètement dupes. Ma mère me disait : « quand tu étais petit, tu riais tout le temps, et un jour ça s'est arrêté. » Je me souviens qu'une petite fille de mon entourage, quand elle avait sept ans m'a dit un jour : « j'étais joyeuse avant... »

Je me suis longtemps interrogé. Avant quoi ? Qu'est-ce qui cause l'arrêt de cette joie enfantine ? J'ai supposé une agression sexuelle oubliée, la découverte de la mort à travers la disparition d'un proche. J'ai fini aujourd'hui par trouver une autre explication.

Les enfants ont une immense confiance dans les adultes. Ils apprennent une foule de choses. Et c'est auprès des adultes qu'ils trouvent les réponses aux questions. Les adultes sont là pour ça.

Mais arrive un jour où les enfants se heurtent à un mur invisible : la clôture des adultes. Ils découvrent qu'un très vaste domaine leur est volontairement caché par les adultes. Et cette découverte les déstabilise.

Une scène à laquelle j'ai assisté incidemment m'a beaucoup frappé. Une fillette sortie du bain est assise nue. D'un doigt bien précis elle commence à se chatouiller le clitoris. Le père fait une expression réprobatrice et ennuyé. La fillette arrête aussitôt. Oui, mais, cette réprimande silencieuse ne connait là aucun sens visible, aucune explication. C'est du domaine réservé. C'est « tu comprendras plus tard, mais ça n'est pas bien ». Alors que, enfant, on a terriblement besoin de l'aide, des explications des adultes, qui nous guident partout et en tout, s'élève ici une clôture. Et, à chaque enfant de se débrouiller. Trouver les réponses à ses interrogations. Réponses qu'il ira chercher là où il n'y en a pas nécessairement des bonnes. En particulier dans la pornographie qui propage des stupidités horriblement machistes et des comportements prostitués, absurdes et stéréotypés.

Non, ça n'est pas vrai que l'acte sexuel est une nécessité. On peut très bien s'en passer durant des années. Ceux qui diront le contraire. Invoqueront « la Nature ». Oui, mais, si nous prenons les lions, par exemple. Quantité de lions n'ont pas une troupe de femelles à leur disposition. Une fois adulte, ils sont chassés de la famille formée par un mâle et plusieurs femelles avec leurs petits. Et si le jeune lion n'arrive pas à combattre un mâle et le chasser pour prendre sa place auprès d'un groupe de lionnes, il reste seul. Et un mâle chassé aussi. Comme quoi l'abstinence sexuelle existe aussi dans la Nature. En fait on a surtout besoin de tendresse, d'amour. Le sexe partagé on s'en passe très bien.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 janvier 2014

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