mercredi 8 janvier 2014

199 Deux époques de la vie essentielles pour comprendre l'être humain

Quand on cherche à comprendre l'être humain, on rencontre des livres théoriques qui prétendent vous aider de manière décisive à le faire. On voit aussi des spécialistes se pencher sur l'étude et l'analyse des autres. Il est pourtant un domaine essentiel pour chercher à comprendre. C'est celui de nos souvenirs. Sans aller voir ailleurs que dans notre mémoire, il est essentiel de nous rappeler de notre enfance et de l'époque de notre arrivée dans ce moment de la vie où les facultés sexuelles reproductives se mettent en route en nous.

Deux souvenirs que j'ai, éclaire pour moi bien des choses.

Jusqu'à l'âge de six ans environ, les grandes personnes prennent la peine de rentrer leur main par le col de mon vêtement. Et me caresser la peau nue du dos. J'adore ça. Cette caresse est rapide, juste un aller-retour de la main. Et voilà subitement que cette caresse n'a plus court. On cesse de me la faire, sans explications. J'en souffre, ne comprend pas cet arrêt et n'ose pas me plaindre. Garde ça pour moi. En fait, je l'ai compris seulement bien des dizaines d'années après : si on a cessé de me caresser ainsi, c'est parce qu'on a considéré que j'étais devenu « grand ».

Autre souvenir qui doit dater de mes treize ans environ. Voilà que je commence à avoir tout le temps envie d'uriner. Je vais aux toilettes. Et au lieu d'émettre de l'urine, de mon pénis coule à chaque fois juste un peu d'une substance visqueuse et transparente. C'est fort énervant. Je n'en parle pas. En fait, je l'ignore absolument, il s'agit alors de la mise en route de mes glandes de Cowper.

Et quelques temps plus tard, je vais uriner et simultanément à cet acte, j'ai la surprise de voir mon membre subitement s'allonger et durcir. Ce phénomène surprenant et incompréhensible se répète plusieurs fois. Et quand je me mets nu, même chose.

Je suis gêné par cette réaction que j'imagine maladive. « Je suis malade », me dis-je. Et n'ose en parler à mes parents. Car c'est une maladie honteuse, vénérienne. C'est comme ce liquide visqueux.

Je cesse de me laisser voir nu par des tiers. Ferme la porte de la salle de bains quand je prend mon bain, pour ne pas être vu dans cet état.

Ce que je réalise en me remémorant ces moments de ma vie, c'est l'abandon total où j'étais laissé face à ces phénomènes pourtant prévisibles qui m'arrivaient.

On arrête brutalement la tendresse. Et, des années après, on me laisse parfaitement seul pour essayer de me déterminer face à ces nouveautés troublantes.

Et, quand j'ai atteint l'âge de vingt-deux ans, notre médecin de famille, le Docteur J. R****, utilisant des sous-entendus m'a prescrit de « faire l'amour ». Ce qui ne m'était jamais arrivé. Ma mère m'a jeté dans les bras de la première jeune fille venue rencontrée dans mon entourage.

Cette histoire a duré six mois. Puis s'est terminée. Mais, mal parti que j'étais, trimballé dans une direction que je n'avais pas choisi, je ne pouvais guère aller où cela me convenait. J'avais souffert de déséducation sexuelle. Comme bien d'autres on m'avait caché tout ou presque du domaine de la « sexualité ». Puis on m'avait précipité dedans sans crier gare. A moi de me débrouiller.

Se remémorer des souvenirs anciens, les étudier, me paraît des plus utiles pour rectifier notre comportement. Et comprendre où cela nous convient d'aller.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 janvier 2014

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