jeudi 16 mai 2019

1175 Les mille et une erreurs sur la « sexualité »

On parle beaucoup et on écrit et publie aussi beaucoup à propos de la « sexualité ». On dit et écrit aussi énormément de bêtises à ce sujet.

Notre époque voit souvent vanter le consumérisme sexuel. Le sexe devenant un produit de consommation ordinaire à traiter comme d'autres produits de consommation.
On pourrait soi-disant décider de « faire l'amour » comme on décide d'aller au cinéma voir un film. On ne peut pas en fait décider de « faire l'amour ». Mais si dans l'intimité on se met en tête « d'y arriver », le résultat est qu'on ne se situe plus dans le moment présent. On se place dans un futur idéalisé et hypothétique et on n'est plus présent dans la réalité vécu. On cesse de suivre la réalité vivante pour épouser un scénario. On théâtralise. On ne vit pas. Le résultat est une déconnexion de soi-même et de l'autre. Il ne s'agit plus d'individus présents et vivants mais de rôles prédéterminés. Quoiqu'on dise et prétende, le résultat est forcément très mauvais. Si ce n'est immédiatement, en tous cas à terme.

L'homme va croire « faire l'amour » car il pénètre mécaniquement l'autre. En fait il ne fait pas l'amour. Il se masturbe dans l'autre. Ce dernier finira forcément par ne plus supporter une telle manière d'être traité.

Une erreur monumentale de plus consiste à croire que l’éjaculation est synonyme de très grande jouissance masculine. C'est totalement faux. L’éjaculation est une chose, la jouissance masculine une autre chose. L'éjaculation peut s'accompagner d'une très faible jouissance, voire d'une douleur semblable à celle causée par la gonorrhée au moment de la miction. Je l'ai éprouvé moi-même.

Même si le plaisir n'est pas au rendez-vous, l’accélération de la respiration, son caractère plus profond, chez l'homme juste avant puis pendant l'éjaculation, peut faire croire à une femme que l'homme jouit. Elle peut ainsi se tromper parfaitement.

Ignorant le caractère mal-venu de ses masturbations intra-vaginales, un homme peut développer une addiction à celles-ci. Il harcèlera les femmes qu'il trouve attirante.

Un élément d'erreur et de confusion majeure est représentée par l'interprétation erronée et systématique de diverses réactions génitales telle l'érection, et diverses secrétions concomitantes chez l'homme ou la femme. On a décrété qu'elles exprimaient forcément le désir, le besoin, de « faire l'amour ». Il n'en est rien la plupart du temps.

Tout un tas de préjugés erronés courent les rues : il faut « faire l'amour » régulièrement et souvent, l'absence de cette activité est calamiteuse, on ne saurait s'en passer, ceux qui s'en passent ont « des problèmes », sont « mal baisés », doivent aller voir un « psy », sont des homosexuels refoulés, des hétérosexuels refoulés, etc. La nudité serait synonyme de « désir ». Dormir avec quelqu'un implique de « faire l'amour » avec... Un ramassis d'âneries est proféré ainsi un peu partout. Toutes vont dans le même sens : il faut baiser, on doit baiser, c'est bien, très bien, indispensable de baiser. Et si on n'en a pas envie, on doit soigner sa « panne » de désir ou rencontrer « la bonne personne » qui vous donnera envie. Ce ne sont plus des relations humaines, mais de la mécanique.

Des propos ânesques et annexes de ces âneries abondent. Par exemple : faire l'amour est la plus agréable des activités, cela marque l'attachement entre deux êtres. L'absence de cette activité est signe de mésentente. Les couples heureux baisent souvent, etc. Ou encore : la masturbation n'est pas une activité en soi mais le remplacement de l'acte sexuel et l'équivalent d'un acte sexuel de deuxième qualité.

Vers le mois de mai 68 et après, la « liberté sexuelle » consistait à prétendre à l'obligation de baiser. L'émancipation féminine devait impliquer d'imiter le « modèle » masculin. Que ce soit en tabagisme, alcoolisme ou « sexualité ». Les anciennes soixante-huitardes n'ont toujours rien compris et agrémentent leurs vieux jours d'exigences sexuelles qui me les font fuir. Aujourd'hui les femmes et les hommes seuls sont légions et les couples se défont tous les jours par centaines de mille. Et personne ne fait le rapprochement avec la baise tout azimuthes qui va de pair avec cette situation sentimentalement catastrophique. Il faut que cesse cet enfumage du sexe produit de consommation. Le sexe n'est pas un produit de consommation, pas plus que l'amitié ou la famille. Et l'amour n'est pas une activité finalisée dans la baise. L’expression « faire l'amour » qui sous-entend ça est une monstruosité.

Quand on ne souhaite pas baiser, on n'est pas nécessairement un homosexuel ou un hétérosexuel refoulé, un « asexuel » ou un individu dérangé. On n'a pas besoin d'aller voir un « sexologue ». Qui n'est le plus souvent qu'un charlatan intéressé. N'importe qui peut s'affubler du titre de sexologue ou sexothérapeute. L'usage de ces titres n'est pas réglementé en France.

Les cavaleurs ne recherchent pas la jouissance physique mais la jouissance morale de dominer leurs « conquêtes ». Ce sont des malades. Les filles qui cherchent à séduire et partent ensuite en courant et évitant le contact ne sont pas équilibrées non plus.

La prétention de « bien se connaître sexuellement » est une farce inventée par des personnes qui ne comprennent rien à la richesse, l'originalité, la complexité et la liberté de l'amour véritable. On ne met pas la poésie ou le goût des tartes aux pommes en équations. Trop de sexe théâtralisé tue la sensibilité et l'amour. Chercher le plaisir pour le plaisir, détaché du reste, est une conduite qui rejoint celle des Romains de la décadence. Qui se faisaient vomir et buvaient du vinaigre pour manger sans freins des mets sophistiqués.

Basile philosophe naïf, Paris le 16 mai 2019

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