lundi 26 mars 2018

921 L'amour est une fleur sauvage qui ne pousse pas dans les jardins

Quantité de personnes qui n'ont jamais vraiment rencontré l'amour ou su « le conserver » vous explique, avec beaucoup d'aplomb, comment vous devez faire pour y arriver. Ou approuve chez les autres « d'excellentes méthodes » qui avec elles n'ont jamais fonctionné. Ils usent aussi du « discours des évidences » : « il faut être sérieux », « on n'est pas fait pour vivre seuls », etc. Et s'élève le discours des lamentations de ceux et celles qui n'y sont pas arrivés. Et qui finalement quelque part espèrent que surtout personne autour d'eux n'y arrivent. Je connais des personnes fort aimables que je soupçonne fort de chercher à « casser la baraque » de tous ceux ou celles qui risqueraient de vivre quelque chose de positif et humain en amour. C'est même un espèce d'automatisme chez elles. C'est pourquoi il y a intérêt souvent à se taire et aussi à se boucher les oreilles quand on vous encourage à aborder le sujet souvent perturbé et délicat de « nos amours ».

Combien la vie dite « privée » tend à ne pas l'être ! « Tu as une nouvelle copine, dis, tu as une nouvelle copine ? » « Tu es pressé de rentrer chez toi ce soir, quelqu'un t'attend ? » Les regards des autres sont souvent braqués dans nos slips, en toute amitié, bien entendu... Je crois qu'il est juste d'éluder les réponses, pourquoi ? Parce que ce qui arrive avec le contenu de nos slips, y compris si rien n'arrive, ne concerne pas les autres.

Mais qu'est-ce que l'amour ? Les définitions qui pullulent sont bancales. Pourquoi ? Parce que ce sont des définitions. Je m'explique : peut-on définir un rosier en indiquant la taille précise que doivent avoir chacune de ses feuilles au millimètre près ? Bien sûr que non. Les définitions de l'amour prétendent justement à ces définitions. Le vivant ne se définit pas ainsi, justement parce qu'il est vivant. L'amour est un sentiment vivant, pas un contrat d'assurances. Et combien de gens voudraient qu'il ressemble à un contrat d'assurances. Ainsi pour exemple je donnerai un remarquable fiasco : deux individus de sexe opposé s'aiment d'amitié, se racontent leurs vies, se retrouvent souvent ensemble, tout l'entourage est persuadé qu'ils sont « ensemble ». Ces deux crétins vont se dire : « et si nous formions un couple ? » Donc : on déclare à la cantonade « qu'on est ensemble », on s'installe dans un logement commun, on baise. Et après deux ans de « paradis » arrivent un peu plus de deux ans d'enfer. Et au bout le tout explose et il ne reste rien, pas même l'amitié. Pourquoi ? Parce que ces deux imbéciles ont voulut faire de l'amour un jardin. Il y avait des codes à suivre, exactement comme des pelouses bien tondues ou des buis bien taillés en boules. Or il faut savoir que : « L'amour est une fleur sauvage qui ne pousse pas dans les jardins ».

Autre exemple : quel lien existe entre l'amour et la poésie. Aucun. Vous pouvez délirer joliment à longueur de pages sur une zezette ou un zouzou quelconque, l'amour est ailleurs. Il est au delà des mots. Car les mots, avec leurs règles de fer, sont des petits jardins. Alors, faisons pour notre usage personnel ou le plaisir des autres de jolis petits jardins, de très beaux poèmes d'amour... mais ne confondons pas la poésie et la vie. Je l'ai eu fait jadis et m'en est pris de sacrés retours de manivelles. Les demoiselles poétisées appréciaient mes pensums amoureux. Mais pour le reste prenaient gentiment la fuite. Si vous voulez que la vie vive ne confondez pas la vie avec la poésie. La poésie c'est juste de la poésie. C'est-à-dire pas autre chose qu'un peu de peinture sur une feuille de papier qui n'est rien comparé à la réalité du paysage représenté.

Aimons en conformité avec ce qu'est l'amour : une fleur sauvage qui ne pousse pas dans les jardins. Évitons de commencer à dresser des clôtures et vouloir faire des plantations. Et de planter des écriteaux avec marqué dessus : « propriété privée, jalousie autorisée ». Je connais une demoiselle qui s'extasie devant la jalousie de son amant... gare aux retours de manivelle ! A force de vouloir contrôler la pousse des brins d'herbe dans son jardin, il pourrait finir par ne plus rien y pousser. Mais à nous de savoir ce que nous choisissons : le libre amour ou « la belle prison jardinière ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 mars 2018

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