jeudi 22 mars 2018

920 En marge d'un conflit

Les femmes et les jeunes filles qui vivent à Paris, surtout si selon les critères en vogue elles sont jolies, connaissent de nos jours un climat d'agressions sexuelles permanentes. La société a évolué ces dernières décennies. Par exemple, depuis 1965 en France les femmes mariées, peuvent ouvrir un compte bancaire ou prendre un emploi sans devoir demander l'autorisation à leur mari. Le concept d'« autorité parentale » a remplacé le vieux concept machiste de « chef de famille ». Les mots « macho », « machisme », « féminisme » et « sexisme » se sont vulgarisés et même sont pour certains apparus seulement depuis une cinquantaine d'années.

Petit, je devais avoir sept, huit ou neuf ans, c'était donc en 1958, 1959 ou 1960, en dérivant du mot racisme j'avais inventé le mot « sexisme ». J'en étais tout fier. Je répétais à ma mère à propos de l'inconduite masculine : « mais c'est du sexisme, du sexisme ! » Je m'en souviens très bien. Nous marchions alors, le soir, avenue Denfert-Rochereau de retour du jardin du Luxembourg.

Mais, pour revenir à la situation actuelle des femmes et jeunes filles classées « séduisantes » à Paris : la situation des femmes a évolué, aussi grâce à la légalisation de la contraception orale, de l'avortement et grâce à la féminisation partielle de la police qui a permis que leurs plaintes soient mieux entendues quand elles viennent se plaindre d'agressions machistes. Mais les hommes dans leur immense majorité sont toujours aussi bêtes qu'avant. Je sais de quoi je parle, car il arrive que des femmes rompent le silence qu'elles ont vis-à-vis des hommes en m'en parlant.

Une très jolie fille m'expliquait il y a des années que, quand elle traversait seule Paris, elle était toujours abordée au moins deux fois par un bafouillant : « mademoiselle, mademoiselle ! » émanant d'un quelconque jeune abruti qu'elle pouvait incidemment croiser.

Trois jeunes Parisiennes théâtreuses avec lesquelles je parlais il y a quelques jours de la mauvaise condition féminine actuelle m'ont carrément dit être en permanence sur la défensive.

Il y des années, un artiste peintre qui peignait des aquarelles au jardin du Luxembourg, m'a raconté qu'il était resté estomaqué de constater qu'il y avait dans le jardin certains hommes qui en faisaient le tour et abordaient et importunaient systématiquement toutes les jeunes femmes seules.

Ce qui rejoint le propos d'une voisine de ma rue et d'une dame de mon entourage qui m'ont dit renoncer à aller lire seule dans un grand jardin parisien, car elles se faisaient systématiquement aborder par des abrutis de sexe masculin.

Le machisme est bien présent à Paris et les dernières campagnes médiatiques contre les agressions sexuelles font comme s'il s'agissait d'une minorité d'hommes qui se conduisent mal, alors qu'il s'agit d'un climat relationnel général complètement pourri et habituel. Dont les femmes finissent même par ne plus se plaindre, tant il est omniprésent. La peur du viol n'en est qu'un aspect. Il existe une peur de l'autre qui est imprégnée dans l'ensemble des relations homme-femme, y compris entre des personnes de sexes opposés proches et réciproquement bienveillantes.

Une partie au moins de l'attitude des femmes à l'égard des hommes ressort de la crainte générale régnant dans les relations inter-sexuelles à Paris. Il ne s'agit pas de la peur de l'autre, mais de la peur de se laisser aller vers l'autre, qui attire mais aussi fait peur. Je sais de quoi je parle. J'ai connu durant de très nombreuses années et connaîtrais peut-être encore la peur des femmes, surtout celles qui me paraissent proches.

J'observais récemment une amie quittant une soirée dansante à Paris. Elle a salué affectueusement trois hommes, dont moi, qu'elle connaît. Et ignoré un quatrième, que pourtant elle connaît aussi. Motif visible : celui-ci, au moment de la quitter à un changement de cavalière l'a ce soir-là, d'autorité, pris dans ses bras pour lui faire une sorte de câlin. Mais si en théorie ça devrait être un câlin, dans le climat délétère et machiste régnant ça revient au fait de tâter la viande avant consommation. Je me garderais bien d'agir ainsi avec une femme que j'apprécie et qui ne me connaît pas encore très bien. De même je ne lui donnerais pas à lire les poèmes que j'écris sur elle, si beaux soit-il. Et je réfléchirais à deux et même trois fois avant de lui offrir des fleurs.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 mars 2018


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