dimanche 18 mars 2018

916 La pudeur, la parole, l'excitation et le mensonge

Dans la culture régnante aujourd'hui chez nous en France et à Paris est aussi en d'autres endroits existe le concept de « pudeur ». Concept dont l'usage est « à géométrie variable ». Ainsi, par exemple, on voit des individus douteux expliquer que si une femme dans sa façon de s'habiller ne respecte pas la pudeur, c'est de sa faute si elle se fait violer. Pourtant on n'entend jamais dire que si un riche se fait attaquer et détrousser c'est de sa faute parce qu'il était bien habillé ou avait une belle maison ou une belle voiture ! Pour ma part, j'ai passé des années à l’École des Beaux-Arts de Paris à fréquenter des ateliers ou posaient des femmes nues et des hommes nus. Il ne m'est jamais venu à l'idée d'en agresser un. Quand bien-même il se serait agit d'une jolie fille !

Ce concept de « pudeur » censé protéger la bonne marche de la société est en fait très dangereux dans la façon dont on l'emploie. Comme il interdit de parler à voix haute de notre vie sexuelle, il va impliquer également d'interdire la dénonciation des agressions sexuelles. Le fonctionnement de cette logique est simple : « si on est correct et bien élevé on ne raconte pas qu'on a eut une activité sexuelle et laquelle. Avoir été violé ou simplement agressé sexuellement fait partie de nos activités sexuelles, donc on n'en parle pas. » Et ainsi on laisse les agresseurs en paix. Ce n'est plus « la pudeur » qui protège la tranquillité mais la loi du silence qui protège les criminels. Ayant été agressé sexuellement je sais de quel problème je parle. Il m'arrive encore d'être gêné pour en parler. Alors que je n'ai rien demandé, dit ou fait pour être agressé et n'en suis absolument pas responsable.

Parler est selon de nombreuses personnes la manière de « se reconstruire » après une agression sexuelle. D'accord sans doute au moins partiellement, mais comme cette parole est souvent présentée et encadrée de façon bizarre. « Tu dois en parler à un spécialiste et sous le sceau du secret médical ». Et pourquoi donc ce récit devrait-il rester confidentiel ? Est-il honteux de dire ce qui vous est arrivé ? J'ai failli écrire « d'avouer ce qui vous est arrivé ». Certains conseilleurs ou conseilleuses ajoutent qu'il faut même faire des séances de paroles durant des mois d'affilée. Mais pourquoi donc, quel bizarre prétention ! Que si on en a envie on fouille dans les tréfonds de la psyché pour y trouver des constructions inattendues, soit, pourquoi pas. Mais une agression c'est simple, c'est une blessure, il faut la soigner. Et là on vous invite à en faire un roman. Il serait plus avisé de préconiser une thérapie manuelle. Chose dont j'ai eu l'occasion déjà de parler, notamment au numéro 912 de ce blog philosophique.

Un élément qui trouble souvent notre compréhension de notre sexualité et de celle des autres est la confusion entre excitation et désir. Ce n'est pas parce qu'un garçon bande que ça signifie qu'il éprouve un désir sexuel. C'est comme ça. Et croire systématiquement à l'existence d'un désir sexuel en cas d'érection conduit aux pires catastrophes. Car s'adonner au sport en chambre en dépit de l'absence de désir authentique et véritable conduit au désenchantement, à la déception et à la rupture. C'est là que la bêtise et l'ignorance aidant, si le jeune homme est beau, il se dit : « ça ne fait rien, je rencontrerai quelqu'un d'autre ! » Et rebelote et nouvelle déception plus tard et recommencement. Jusqu'à ce que l'âge venant ce désordre imbécile et odieux s'arrête.

La confusion entre excitation et désir conduit à d'autres aberrations et même à des horreurs. Il conduit notamment à la fréquentation des prostituées et aux viols.

Les Tibétains traditionnellement disent : « le mensonge est pire que le vol ». Je suit ce précepte depuis l'âge de quinze ans. Le mensonge est un fléau qui dévaste notre société. Mentir est le contraire de la sincérité et empêche hermétiquement l'arrivée de l'amour. Qui est un sentiment tout à fait particulier et différent de l'amitié. Tant que le mensonge régnera dans notre société l'amour aura les plus grandes difficultés pour vivre et s'imposer. Il faut le chasser de nos vies pour vivre enfin.

Basile philosophe naïf, Paris le 18 mars 2018

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire