vendredi 16 mars 2018

914 Le béribéri tactile

Les carences nutritionnelles sont la cause de pathologies qui peuvent avoir des conséquences très graves sur l'être humain. Ainsi le manque de vitamine B1 est à l'origine du béribéri qui a tué et tue encore. Cette même carence peut être la source d'autres pathologies comme l’encéphalopathie de Wernicke. La carence en vitamine A peut amener les enfants à souffrir de kératomalacie, maladie qui en rend aveugles un grand nombre dans certains pays souffrant de la faim.

Il est à relever que durant des siècles le béribéri a été considéré comme une maladie d'origine mystérieuse. C'est en observant des poules ou des humains ayant des régimes alimentaires différents que la vérité est apparue.

Il en est de même aujourd'hui avec des pathologies qu'on croit être des maladies d'origine mal connue ou inconnue et qui sont le résultat de la carence tactile. C'est-à-dire du manque de toucher affectueux. Le monde entier souffre en permanence aujourd'hui d'une sorte de béribéri tactile.

Quand un humain ainsi carencé subit une agression sexuelle, cette pathologie peut prendre une forme plus aiguë, voire psychiatrique. Et aboutir y compris au suicide ou à l'hospitalisation. Observons quatre cas de viols que j'ai pu connaître, il s'agit ici de trois femmes et d'un homme.

La première femme a été violée à l'âge de sept ans par son frère aîné. Elle apparaît dans la vie courante comme tout à fait sociabilisée. Elle ne m'a raconté sa mésaventure que de nombreuses années après notre première rencontre. Elle en parlait comme d'un très mauvais souvenir, sans plus. Il avait causé selon elle juste un rancœur certain contre son frère aîné, que par ailleurs elle aimait beaucoup.

La seconde femme a été agressée sexuellement à l'âge de six ans et violée à l'adolescence ou peu après, par l'amant de sa mère. Cette victime se plaint de ces agressions y compris à des personnes qu'elle vient tout juste de rencontrer, et en parle à voix forte à la cantonade. Elle souffre toujours très visiblement. Et a une recherche exacerbée de contacts en câlins.

La troisième femme a subit un viol en réunion à l'âge de dix-sept ans. Aussitôt après elle a développé une maladie bipolaire qui l'a invalidé. Après son viol et durant au moins plus de dix ans elle parlait d'emblée de cette agression aux nouvelles personnes qu'elle rencontrait.

L'homme enfin, cas que je connais bien puisqu'il s'agit de moi. Agressé sexuellement à l'âge de sept ans par une jeune fille, j'ai développé une peur de tout qui a très longtemps handicapé toutes mes activités. Cette peur a été tempérée par mon amour du prochain et ma recherche philosophique pour tenter de comprendre les rapports humains. J'ai bien sûr toujours eu peur des femmes. Au bout d'une soixantaine d'années cette peur a été plus ou moins vaincue. Ne reste qu'une timidité très ordinaire et pas nécessairement liée à mon agression mais à l’état général des rapports humains.

Tous les troubles passés ici en revue sont le produit de la carence tactile accentuée par le dévoiement du toucher que représente l'agression sexuelle subie. Ces troubles perdurent longtemps pour la très simple raison qu'ils ne sont pas soignés. C'est-à-dire qu'on ne remédie pas au manque tactile. Il faut procéder à un traitement de cette carence. J'ai traité ce sujet par ailleurs dans ce blog. La maladie bipolaire représenterait un dérèglement aiguë de la perception affectueuse des autres. Le centre réglant l 'humeur, dont j'ai avancé en 2012 l'hypothèse de l'existence en le baptisant « humeurostat », aurait besoin de soins tactiles pour retrouver son équilibre. Qui est parfois spontanément retrouvé.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 mars 2018

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire