Quand on lit des discours qui prétendent nous expliquer la politique, on y voit affirmer que, pour telle ou telle cause, telle ou telle personne s'est mobilisée. Le raccourci est totalement dépourvu d'objectivité. En effet, personne n'est obligé de faire de la politique. On peut très bien avoir une vie honnête, active et bien remplie sans avoir aucune activité politique. Il existe donc des motivations particulières qui amènent certaines personnes – et pas d'autres – à faire de la politique.
Ces motivations sont un
sujet tabou. J'ai entendu des fois en parler. Par un militant
politique qui s'étonnait qu'un bon camarade à lui, très actif, ai
tout arrêté le jour où il a trouvé un travail passionnant dans sa
branche artistique. Un autre militant politique s'étonnait devant
moi d'un comportement similaire précipité par un mariage. J'ai
aussi entendu un groupe de militants d'une organisation politique
étudiante, s'esclaffant au sujet des nombreux militants d'une
organisation adverse qui arrêtaient la politique dès la fin de
leurs études universitaires. J'ai pensé alors : « mais, dans
leur organisation, ça doit arriver aussi et ils n'en parlent jamais
! »
Les motivations qui
amènent à faire de la politique ne sont pas en premier les idées,
mais la recherche du plaisir causé par l'auto-administration
d'endorphines. Cette auto-administration qu'on retrouve comme
motivation dans tous les domaines : arts, amour, plaisirs
intellectuels, gastronomiques, familiaux, amicaux, festifs,
sportifs, etc. ne relève pas des idées mais de causes
psychologiques. En politique nous allons voir quelles peuvent-elles
être. On peut se mettre à faire de la politique pour se défendre
d'une agression. Cette démarche n'est pas la plus répandue. Elle
nécessite des conditions très particulières. Plus fréquemment,
l'ambition commande. Le plaisir d'acquérir un pouvoir de
commandement sur les autres, les tromper, les manipuler, profiter
d'eux, les exploiter, se faire admirer d'eux tout en les roulant...
On peut aussi faire de la politique comme un passe-temps : on choisit
la cause des X contre les Y. Salauds d'Y !!! Si, par contre,
quelqu'un fait remarquer que les X ne sont guère plus fréquentables
que les Y, il va se faire incendier par ceux dont le passe-temps
favori est de défendre « la noble cause des X ». « Mais
alors, diront-ils, si on t'écoute, il ne faut rien faire ?! »
Car, il s'agit à tous prix de « faire » quelque chose...
s'occuper à « faire de la politique », comme d'autres
s'occupent à jouer du piano ou faire du jardinage...
Une motivation très
puissante pour faire de la politique est la peur existentielle. Les
empereurs d'Assyrie qui commirent une somme invraisemblable de crimes
et meurtres divers s'attachaient fanatiquement à l'idée de
« laisser une trace » de leur passage sur terre. Un
imbécile nommé Assourbanipal fit inclure dans le moule des briques
de construction de toute une cité l'inscription ainsi répétée
plusieurs millions de fois : « Moi, Assourbanipal, Roi des Rois
régnant sur les Rois, fils d'Assournazirpal, Roi des Rois régnant
sur les Rois, ai fait bâtir cette cité ». Je cite de mémoire.
Moralité : aujourd'hui, tout le monde s'en fout du guignol
sanguinaire Assourba-quelque chose, fils du guignol tragique
Assour-machin-truc ! La frayeur existentielle comme motivation pour
faire de la politique conduit à des comportements mesquins,
dévastateurs et aberrants. Comme, par exemple, liquider
progressivement l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, fondé en l'an
651. Et décider de fermer le meilleur hôpital de Paris et de France
: l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. La mort a horreur des
hôpitaux. C'est elle qui fini par se retrouver aux commandes. Une
autre motivation très puissante pour faire de la politique est la
possibilité d'accéder à la liberté de débauche extrême que
peuvent pratiquer certains politiques. Je ne citerai personnes. Il y
a des exemples suffisamment connus.
Enfin, sixième et
dernière catégorie de motivations citées ici pour faire de la
politique : être utile à la collectivité. Cette motivation englobe
des démarches qui ne sont pas considérées directement comme
« politiques », comme, par exemple : faire avancer la
science ou la médecine. Ainsi, Lao-Tseu, Galilé, Parmentier,
Semmelweis ou Jacques Benveniste sont des grands et nobles
politiques.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 19 octobre 2014
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