dimanche 19 octobre 2014

292 La mort assassine l'hôpital militaire du Val-de-Grâce

Quand on lit des discours qui prétendent nous expliquer la politique, on y voit affirmer que, pour telle ou telle cause, telle ou telle personne s'est mobilisée. Le raccourci est totalement dépourvu d'objectivité. En effet, personne n'est obligé de faire de la politique. On peut très bien avoir une vie honnête, active et bien remplie sans avoir aucune activité politique. Il existe donc des motivations particulières qui amènent certaines personnes – et pas d'autres – à faire de la politique.
Ces motivations sont un sujet tabou. J'ai entendu des fois en parler. Par un militant politique qui s'étonnait qu'un bon camarade à lui, très actif, ai tout arrêté le jour où il a trouvé un travail passionnant dans sa branche artistique. Un autre militant politique s'étonnait devant moi d'un comportement similaire précipité par un mariage. J'ai aussi entendu un groupe de militants d'une organisation politique étudiante, s'esclaffant au sujet des nombreux militants d'une organisation adverse qui arrêtaient la politique dès la fin de leurs études universitaires. J'ai pensé alors : « mais, dans leur organisation, ça doit arriver aussi et ils n'en parlent jamais ! »
Les motivations qui amènent à faire de la politique ne sont pas en premier les idées, mais la recherche du plaisir causé par l'auto-administration d'endorphines. Cette auto-administration qu'on retrouve comme motivation dans tous les domaines : arts, amour, plaisirs intellectuels, gastronomiques, familiaux, amicaux, festifs, sportifs, etc. ne relève pas des idées mais de causes psychologiques. En politique nous allons voir quelles peuvent-elles être. On peut se mettre à faire de la politique pour se défendre d'une agression. Cette démarche n'est pas la plus répandue. Elle nécessite des conditions très particulières. Plus fréquemment, l'ambition commande. Le plaisir d'acquérir un pouvoir de commandement sur les autres, les tromper, les manipuler, profiter d'eux, les exploiter, se faire admirer d'eux tout en les roulant... On peut aussi faire de la politique comme un passe-temps : on choisit la cause des X contre les Y. Salauds d'Y !!! Si, par contre, quelqu'un fait remarquer que les X ne sont guère plus fréquentables que les Y, il va se faire incendier par ceux dont le passe-temps favori est de défendre « la noble cause des X ». « Mais alors, diront-ils, si on t'écoute, il ne faut rien faire ?! » Car, il s'agit à tous prix de « faire » quelque chose... s'occuper à « faire de la politique », comme d'autres s'occupent à jouer du piano ou faire du jardinage...
Une motivation très puissante pour faire de la politique est la peur existentielle. Les empereurs d'Assyrie qui commirent une somme invraisemblable de crimes et meurtres divers s'attachaient fanatiquement à l'idée de « laisser une trace » de leur passage sur terre. Un imbécile nommé Assourbanipal fit inclure dans le moule des briques de construction de toute une cité l'inscription ainsi répétée plusieurs millions de fois : « Moi, Assourbanipal, Roi des Rois régnant sur les Rois, fils d'Assournazirpal, Roi des Rois régnant sur les Rois, ai fait bâtir cette cité ». Je cite de mémoire. Moralité : aujourd'hui, tout le monde s'en fout du guignol sanguinaire Assourba-quelque chose, fils du guignol tragique Assour-machin-truc ! La frayeur existentielle comme motivation pour faire de la politique conduit à des comportements mesquins, dévastateurs et aberrants. Comme, par exemple, liquider progressivement l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, fondé en l'an 651. Et décider de fermer le meilleur hôpital de Paris et de France : l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. La mort a horreur des hôpitaux. C'est elle qui fini par se retrouver aux commandes. Une autre motivation très puissante pour faire de la politique est la possibilité d'accéder à la liberté de débauche extrême que peuvent pratiquer certains politiques. Je ne citerai personnes. Il y a des exemples suffisamment connus.
Enfin, sixième et dernière catégorie de motivations citées ici pour faire de la politique : être utile à la collectivité. Cette motivation englobe des démarches qui ne sont pas considérées directement comme « politiques », comme, par exemple : faire avancer la science ou la médecine. Ainsi, Lao-Tseu, Galilé, Parmentier, Semmelweis ou Jacques Benveniste sont des grands et nobles politiques.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 octobre 2014

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