lundi 13 octobre 2014

291 A propos de la « pompe à endorphine »

Tomber amoureux serait le sentiment consécutif à un emballement de la pompe à endorphine. Il entraine un état euphorique semblable à la prise d'une drogue. Car les endorphines sont des drogues.

Le rêve de « l'amour réciproque » reviendrait au souhait de voir s'opérer deux emballements interdépendants de leur pompe à endo chez deux individus. Une sorte de soulerie endorphinique collective. Ça arrive. Mais remarquons-le, un tel phénomène ne garantit en aucune façon « le bonheur » ni « la durée ». On peut, y compris, être réciproquement saoul et extrêmement malheureux. Cette soulerie est parfois traduite par l'expression : « les amoureux sont seuls au monde ». Effectivement, quand deux individus sont ivres morts à coups de doses massives auto-administrées d'endorphines il est difficile de les voir communiquer avec leur entourage. Non, ils cuvent leur alcool amoureux. En attendant de dessaouler de manière plus ou moins confortable.

Je me souviens avoir été amoureux d'une Dijonnaise. Le jour où elle devait venir à Paris, je m'allonge sur mon lit, pense à elle et me sens plongé dans une grande et profonde euphorie. C'était une sorte d'état d'ébriété endorphinique. Je ne me sentais pas capable de me motiver pour bouger. Je restais hébété. J'étais saoul de Marie-Christine ! C'était bien agréable. Mais, est-ce que se noircir la gueule est le but de la vie ?

Cette ébriété conduit également à un état de stupidité, dépendance. Elle fait naître le curieux phénomène de la toutouisation : on devient littéralement le touton de son ou sa bien-aimé. Il ou elle peut faire de vous ce qu'il ou elle veut. On perd tout son sens critique. On a l'impression que rien de mal ne peut vous arriver. Qu'on est en quelque sorte « protégé » par son ou sa partenaire, ses sentiments pour lui ou pour elle. Et on commet des imprudences. Ce sentiment de sécurité imaginaire peut être éprouvé vis-à-vis de ses parents. Croire « qu'en famille » rien de mal ne peut vous arriver. Il est arrivé qu'une famille étant en danger refuse de laisser se mettre à l'abri l'un de ses membres qui aurait du pour cela s'éloigner du groupe. Groupe qui a ensuite très mal fini.

J'ai moi-même été toutouisé par des demoiselles. Ainsi, un jour, une très jolie dame mariée m'avait séduit. Par précaution et ruse elle avait prétendu être en cours de séparation d'avec son mari. Voilà qu'elle m'invite dans l'appartement qu'elle partage avec lui. Qu'elle est censée quitter incessamment sous peu. Et je suis surpris de la voir, avec enthousiasme, élaborer des projets de décorations futures de ce lieu. Je pense alors : « ça n'est pas possible qu'elle s'en va, quand elle a de tels projets, ça signifie qu'elle va rester ici ! » Et aussitôt je refuse de continuer à y réfléchir... Tirer les conclusions évidentes impliquait de conclure qu'elle ne se séparait pas de son mari. Et penser ça impliquait de stopper la pompe à endo en action grâce au fantasme d'origine mensongère concernant la dame et mon amour pour elle. J'ai refusé de considérer la réalité pour garder ma dose d'endo. Les endo rendent idiot, affaiblissent nos capacités de perception et raisonnement, comme... toutes les drogues.

Quand on est abêti par les endorphines, l'intellect déconne. Alors, par exemple, on se berce avec une idée fixe à propos du cul de l'être aimé. On a l'impression que si on arrivera à y fourrer sa queue, c'est un homme qui parle, on parviendra au sommet du bonheur. Ou que si on passera avec sa Dulcinée devant Monsieur le Maire le bonheur sera assuré. Tout ceci alors qu'on sait déjà pertinemment que fourrer sa queue dans une demoiselle n'assure rien du tout. Et qu'un couple marié sur deux à Paris divorce.

Il est courant quand un couple fonctionne mal que tout l'entourage le voit, que c'est une évidence. Et qu'un des conjoints concernés ne voit rien. Il est amoureux, c'est-à-dire qu'il est abêti, abruti intellectuellement par ses endo. Autre exemple : un conjoint terriblement jaloux est largué par sa compagne. Il l'implore alors de revenir. Lui accordant le droit de « faire ce qu'elle veut ». Y compris le tromper allégrement. Plutôt qu'être en manque de sa drogue, le jaloux est prêt à renoncer à sa jalousie. Seule la drogue et ses conséquences expliquent cette incohérence.

Un mari trompé et largué me disait, parlant de sa femme qui avait fuit le domicile conjugal : « je ne lui demande rien, juste de revenir vivre avec moi ». Quelle estimation stupide de l'ampleur de cette revendication ! Elle avait pour source le désir d'être à tous prix assuré de pouvoir poursuivre la « toxicomanie amoureuse ».

Un autre homme, apparemment intelligent et raisonnable, me disait un jour qu'il ne comprenait pas du tout pourquoi une femme pouvait refuser de se donner sexuellement à lui. Cette vision ultra-naïve des femmes s'apparente à celle d'un enfant qui demande pourquoi on le prive de bonbons. Souvent, les endorphines rendent tellement bête qu'on a l'impression que, s'il s'agit d'amour, on n'a plus affaire à la même personne que celle qu'on voit à l'œuvre dans d'autres activités.

Le populaire l'a bien compris, qui déclare que : « l'amour rend aveugle ». Non, il ne rend pas « aveugle », il rend surtout très con, béat, idiot, abruti, naïf et benêt au delà de toutes expressions. Les femmes manipulatrices et les hommes manipulateurs en savent quelque chose ! Quand ces individus ont réussi à prendre quelqu'un dans leur filet, il le font danser, jusqu'à épuisement de.... son porte-monnaies. Et aussi en profitant de plein d'autres choses. Combien de bricoleurs sont réduits en esclavage par de jolies créatures qui leur font aménager gratis leur appartement ! J'en sais quelque chose ! Comme « petit con » chargé de couper la moquette, décoller le papier peint ou repeindre la cuisine de la demoiselle de mes rêves, je l'ai vécu et bien vécu. Et n'ai pas eu droit à son cul ! Il me pendait au nez comme la carotte de l'âne au bout de sa ficelle et me faisait avancer.

Les endo provoquent également des états très semblables à ceux entraînés par la prise de drogues classiques et d'autres qui sont plus étranges. Je décrirais ici quelques-uns de ces états.

Je me souviens avoir passé deux bonnes heures a échanger des caresses avec une très longue et maigre Anglaise. Sa qualité nationale est importante pour apprécier la fin de mon récit.

A ces caresses ne vint pas s'ajouter le « jeu du petit train ». Quand Liz voulut absolument m'en offrir un succédanée avec la main, je lui dit de cesser aussitôt, car elle me faisait mal au zizi. Et je ne cherchais pas ici à rencontrer la bonne et généreuse veuve... pas la guillotine, la Veuve Poignet...

Donc, après deux heures de bisous et caresses, nous arrêtons la séance et nous rhabillons. Liz met de la musique et nous prépare du thé. Là, j'écoute la musique, c'était du classique, un morceau habituel du très habituel Jean-Sébastien Bach. Et je ressens que je n'ai jamais trouvé aussi belle cette musique, que j'ai déjà écouté un million de fois. Liz, de son côté, commence à boire son habituel breuvage national. Et me déclare qu'elle n'a jamais trouvé un thé aussi bon.

Et voilà. Nous étions tout simplement drogué aux endorphines de notre échange de caresses.

Faire ainsi apprécier le thé à une Anglaise !!! Fallait le faire ! J'ai été fort, tout de même ! Cocorico ! Vive la France !! Et Liz a été forte aussi ! God save the Queen !

En 1986, j'ai vu et apprécié une conséquence très étrange sans doute des endo. C'était à l'occasion d'un stage de massage.

Celui-ci est organisé par une dame qui nous explique que durant les séances de massage, il arrive qu'une personne massée s'anime soudain. Et, par exemple, dans une sorte d'état semi conscient, commence à incarner l'éclosion d'une fleur, avec des mouvements très harmonieux. Ou mime d'autres genres de choses ou êtres animés... je cru qu'elle nous mystifiait.

Et puis voilà, à poil tout le monde ! Et allons-y qu'on se masse les-uns les autres, tout partout, excepté le zizi... La dame, à un moment, massée par quatre ou cinq paires de mains, les yeux fermés, commence, en respirant fort, à mimer une personne qui rame.

Moi, toujours sceptique, en déduit que, pour mieux nous mystifier, elle fait semblant d'être animée de la façon bizarre dont elle nous a fait part. Comme elle se fait payer le stage qu'elle anime, j'en déduis qu'elle mime ce soi-disant état pour mieux nous tenir comme clients. Nous convaincre de revenir et repayer pour participer.

Mais voilà, j'ai connut une expérience ensuite qui m'a radicalement fait changer d'avis et convaincu de la bonne foi et sincérité de cette dame concernant ce bizarre phénomène d'animation.

Vers la fin du stage, qui durait je crois le temps d'un weekend, j'étais allongé sur le dos et massé par une jeune fille au niveau de ma poitrine. Elle était en tête de la table de massage. J'avais les bras allongés le long du corps. Quand j'ai senti l'un de mes bras faire un grand mouvement majestueux en décrivant une courbe vers le haut, sans que je lui ai rien commandé. C'était comme s'il s'animait tout seul, indépendamment de moi. La masseuse remis le bras à sa place de départ. Il refit le même mouvement l'instant d'après. Même réaction de la masseuse. La troisième fois, elle le coinça sous son bras et continua le massage. Le phénomène s'est stoppé à partir du moment où elle a bloqué mon bras. J'ignore quelle animation j'avais ainsi amorcé. Donc, cette histoire d'animation était vraie. J'en avais ressenti le début !

J'ai connut un autre phénomène à deux reprises. C'était dans le cadre d'un échange à caractère « sexuel ». Je faisais un massage à la personne avec laquelle j'étais. Et ma main à un moment-donné est allée toute seule, sans que je la commande, droit à un endroit donné.

L'autre exemple est aussi curieux. La personne avec qui je suis est allongée sur le lit. Il y a une chose que je veux faire. Pour laquelle il faut que je m'agenouille près du lit. Et je me retrouve agenouillé, sans me souvenir m'être agenouillé, ni l'avoir décidé.

Quelquefois ce sont les paroles qui paraissent échapper à la volonté. Je me souviens un jour sur une plage en 1992. A un moment-donné l'amie avec laquelle je me trouve me dit que je lui ai crié je ne sais plus quoi. Or, je ne me souvenais pas lui avoir dit quelque chose à ce moment-là. Ou le souvenir s'était effacé subitement. Ou alors il s'agissait de télépathie perçue exactement comme si j'avais dit quelque chose. Je fais partie des gens qui sont convaincus qu'il arrive des transmissions de pensées. Plusieurs fois, quand j'ai pensé très fort à quelque chose, en marchant dans la rue, il m'est arrivé de voir quelqu'un qui marchait devant moi se retourner. Exactement comme si je m'étais exprimé à voix haute. Or, j'avais la certitude à ce moment-là d'être resté silencieux.

Ce genre de choses arriverait à quantité de gens. Qui en ont conscience ou non. Une fois, il y a au moins douze ans, j'étais dans une boulangerie de mon quartier. J'annonce à la boulangère que je me propose de lui acheter un gâteau. Je choisis en pensée mon gâteau, une religieuse au café. Et, suis surpris, que la dame auquel je n'ai pas indiqué mon choix, m'annonce : « alors, c'est donc la religieuse au café ! » Je la regarde et l'interroge : « mais comment le savez-vous ? » Elle a subitement pris un air très ennuyé. En fait, elle avait un don et était ennuyée si on le remarquait.

Ces mouvements décidés pas par nous, ces pensées télépathiques relèvent certainement de tout un tas de phénomènes que nous connaissons mal, ou pas du tout. Les endorphines faisant partie probablement de cet ensemble méconnu. Les réactions varient d'un individu à l'autre. Mais ce sont en tous les cas des drogues puissantes avec lesquelles il faut faire bien attention.

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 octobre 2014

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