samedi 7 décembre 2013

182 Pourquoi fuir ou s'en aller ?

Prendre le temps de découvrir, se découvrir à soi, laisser le temps au temps, laisser venir les événements, sans analyser et programmer d'avance, projeter, prévoir, imaginer ce qui va arriver, catégoriser, classer, espérer, craindre, désespérer...

Quand on garde l'esprit frais, on avance en se demandant ce qu'on ressent, ce qu'on a envie. Et ce que l'autre, si nous le rencontrons, a envie de faire. En se respectant et respectant l'autre, on laisse naître des moments nouveaux, on s'enrichit la vie.

Quand on commence à classer dès le départ. Et se dire ce qui doit arriver et comment, on ne perçoit plus la réalité. On ne s'intègre plus dans le processus vivant des gens et des choses.

On commence par identifier et ranger les rencontres. Au lieu de chercher simplement à voir et suivre le chemin qui se découvre petit à petit.

On ne devrait jamais se dire « je veux rencontrer la femme de ma vie » mais : « je veux rencontrer la vie ». Qui pourra prendre la forme d'un homme, une femme, un enfant, un animal, une musique, un paysage, une spécialité culinaire, un bel objet, un chaton, un parfum, le vol d'un papillon autour d'une fleur. On s'efforcera d'apprécier pleinement ces différentes facettes de la vie. Et sentir ce qu'elles apportent. Et quelle est la plus juste conduite qu'elle amène à avoir.

Conduite qui peut ne pas être du tout logique et prévisible. Si c'est, par exemple, un chat qu'on rencontre, il n'est pas du tout dit qu'on va forcément le caresser. Il existe des chats qui n'aiment pas les caresses.

Les années passant, il est fréquent qu'on devient circonspect et exigeant, suite aux déboires et déceptions rencontrés. Alors qu'en fait chaque jour est le premier. Et il suffit d'écouter très attentivement. Regarder et suivre exactement le chemin étroit qui se découvre au fur et à mesure devant nous. Pour éviter de retomber dans les ornières rencontrées déjà dans le passé.

Quand on rencontre un être vivant, que ce soit un hamster, un corbeau ou un humain, évitons de le juger. Considérons-le pour ce qu'il est au moment où il se présente à nous : il est unique. Et la rencontre qui commence est unique également.

La prudence est possible. Mais il n'y a plus de peur à partir du moment où on regarde exactement où on met les pieds. Et, certains jours, un hamster peut vous apporter plus qu'un corbeau et un corbeau plus qu'un humain.

Regardez et écoutez le spectacle du monde. Vous ne serez jamais seul et jamais triste. Ce qui plonge dans la solitude et la tristesse, c'est le bruit du monde. Ignorez ce bruit. Écoutez plutôt le chant des oiseaux ou la douceur du silence.

Vous êtes seul ? C'est merveilleux ! Vous êtes accompagné ? C'est merveilleux aussi. Tout est merveilleux, à condition de savoir en gouter la douceur et la profondeur. Le malheur vient souvent de ce qu'on regrette de ne pas avoir. Mais nous n'avons rien. Même notre ombre ne nous appartient pas. La seule chose que nous pouvons apprécier, c'est l'instant présent. Où peut se glisser le chatoiement d'une libellule traversant un rayon de soleil au printemps. Une fleur blanche se balançant doucement dans la brise au milieu d'une prairie ensoleillée. Une grenouille solitaire posée sur une feuille de nénuphar, plongeant dans l'eau d'un étang dans la tiédeur du soir.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 décembre 2013

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