samedi 15 août 2020

1381 Un jardinier et son chien dans la Résistance

A la fin des années trente

Du siècle dernier

Vivait à Paris un jardinier

Qui assurait l'entretien d'un jardin

Joliment fleuri, situé près de Paris.

Il était employé par une dame.

Cette dame avait un chien

Vieux, qu'elle adorait.

Arrive juin quarante

Et l'occupation allemande.

Elle dure depuis plusieurs années

Quand le canidé idolâtré de la dame

Décide sans crier gare, ni aboyer

D'aller gambader au paradis des toutous

Dans les plaines du Grand Manitou.

Le Grand Manitou manie tout

Y compris le destin

Des chiens parisiens !

Pour la propriétaire du défunt

C'est un cruel chagrin,

Qui oblige à donner dare dare

Une dernière demeure au clébard.

La dame souhaite offrir alors

Au regretté et fidèle Médor

Une sépulture et une mise en terre

Digne du prestigieux cimetière

Des chiens d'Asnières.

Pour arriver à ce but rêvé

Elle téléphone à son jardinier.

Pourriez-vous venir chercher

Mon défunt chien

Pour l'enterrer

Dans mon jardin ?

Le jardinier acquiesce,

Prend une valise

Et va chercher

La dépouille mortelle du cador.

Puis il prend le train.

Chemin faisant il croise

Un groupe bruyant de soldats allemands.

Il l'a même comme voisin dans le train.

Arrivé à destination, le voyage prend fin

Et le jardinier creuse la tombe

Du fidèle animal dans le jardin,

Ouvre l'improvisé cercueil canin,

Et oh surprise !

Le toutou refroidi s'est transformé

En un précieux et élégant manteau de fourrure

Soigneusement plié et un superbe chandelier

En argent à sept branches !

Sans le réaliser, les Allemands du train

Et le jardinier

Ont échangé leurs bagages !

L'homme, voyant des biens juifs dérobés,

S'est dit : soyons prudents,

Ces objets volés, il vaut mieux les enterrer.

Ce qu'il a fait, la nécropole canine,

La Cité des Morts de Médor

Vide de son occupant désigné,

A reçu fourrure et chandelier.

Ce qui me fait bien rigoler

C'est d'imaginer la tête des occupants

Quand ils ont ouvert en chantant

Leur malle au trésor dérobé !

Ce jour-là, à cette heure

L'étourderie des voyageurs

A fait entrer Médor mort et le jardinier parisien

Amoureux des jardins

Et de la France dans la Résistance !


Basile philosophe naïf

Paris, le 15 août 2020

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