jeudi 12 décembre 2019

1226 Promouvoir des ligues de câlins

Peut-on affirmer que la disette de câlins où nous vivons dans notre société qui se prétend humaine et fraternelle soit un sujet frivole et personnel ?

Le manque de câlins est la principale cause de nombre de fléaux, dont la toxicomanie alcoolique et tabagique qui tuent chaque année des millions de gens de par le monde.

Via l'insatisfaction de vivre, il conduit des millions de gens au suicide ou à des conduites à risques.

Il conduit à des pathologies et des violences innombrables. Manquant de câlins quantité d'humains deviennent apathiques, méchants, égoïstes, cupides, indifférents.

Une société anorexique en câlins comme la nôtre ne peut être ni belle, ni harmonieuse, ni pacifique.

Tout cela est évident, mais comment y remédier ? Je propose de créer des ligues de câlins.

Mais pour mettre en œuvre ce projet, il faut tout d'abord observer pourquoi les câlins sont si fréquemment un secteur sinistré des activités humaines.

C'est dans le comportement humain que naît ce très grand problème.

Notre culture a ravalé les câlins entre adultes au rang d'antichambre de l'acte sexuel et de gestes annexes a celui-ci.

Ce sont singulièrement les hommes et moins souvent les femmes qui ont souscrit à cette fable dévastatrice et imbécile.

Résultat , dès qu'il y a câlins entre adultes, une lanterne rouge s'allume pour signifier que « c'est sexuel », et que si on ne fuit pas on va passer très bientôt aux « choses sérieuses ».

Les femmes, surtout si elles sont jeunes et jolies, passent leur temps à être sur la défensive. Résultat : le plus souvent il n'y a ni « sexe » ni câlins.

Les hommes ne cherchent pas à se corriger, mais décrètent le sexe féminin « incompréhensible ». Parce qu'il ne pense pas comme eux.

Les hommes croient naïvement que s''ils connaissent une érection ça signifie désir, actualité de l'acte sexuel. Ce n'est le plus souvent pas le cas. Les hommes théâtralisent, intellectualisent leur sexualité. « S'il y a ça je fais ça ». La femme plus authentique va se dérober, refuser, fuir. La peur et le dégoût s'installeront et les câlins diparaitront.

Notre société a hypertrophié la sexualité. Elle voit du sexe partout, y compris là où il n'y en a pas. On a même connu un célèbre médecin de Vienne qui voyait dans le plaisir du bébé qui tête un plaisir sexuel.

Il faudra inventer un nouveau langage. Au Cameroun dans les années 1970 nombre d'enfants abordaient les touristes en leur disant : « t'as pas cadeau ? » Ils demandaient ainsi de l'argent.

Dans un contexte différent et pour d'autres motifs, le ligueur en câlins pourra aborder un tiers en lui demandant : « t'as pas câlin ? » Et la personne abordée pourra répondre affirmativement « j'ai » ou « j'ai câlin » ou esquisser le geste. Ou répondre « j'ai pas câlin » ou « plus tard » ou « plus tard j'aurai câlin ». « Plus tard » ne signifiant pas que ce sera avec la personne à qui on répond. Ni que ça indique un délai précis. Ça peut-être l'instant d'après comme ça peut être beaucoup plus tardivement. Les ligueurs en câlins restent libres de leur réponse. Pour un ligueur en câlins, pour partager un câlin, il n'existe pas d'« engagements », d'obligations impératives comme il en existe dans d'autres types de relations. Et on ne donne ou demande aucun justificatifs de ses choix, demandes, acceptations ou refus de câlins. Le câlin est toujours donné et reçu librement. Ou alors ce n'est pas un vrai câlin, mais au mieux une apparence de câlin.

Le but à atteindre, libérer les câlins, n'est peut-être pas si difficile et compliqué à atteindre. L'avenir nous le dira. Ce qui est en tous cas certain, c'est que si nous ne tentons rien, nous n'aurons rien.

Basile philosophe naïf, Paris le 11 décembre 2019.

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