samedi 3 février 2018

890 L'origine du discours machiste

Durant des dizaines de milliers d'années, ignorant l'ovulation, les hommes se sont attribués le rôle actif et dominateur dans la reproduction humaine. Ce faisant ils ont entrepris de nier à la femme la dignité d'être humain à part entière. C'était juste de la terre où l'homme jetait sa semence. Ce mépris de la femme marque toujours aujourd'hui notre société. Par exemple, en France, le salaire moyen d'une femme est inférieur de 26 % à celui d'un homme pour le même travail. Seules 5 % des rues en France portent le nom d'une femme. Au premier tour des dernières élections présidentielles il y avait en tout neuf candidats hommes et deux candidates femmes. Personne ne s'en est étonné.

La femme depuis de très nombreux siècles est considérée par la majorité des hommes comme n'étant pas humaine mais sous-humaine, comme de la terre. Alors elle devient incompréhensible, injuste, imprévisible, mystérieuse et dangereuse. L'homme la voit comme sa propriété rétive et désobéissante ou plus exactement comme appartenant à un homme donné : époux, frère, père ou grand père. Elle sera opprimée, battue, terrorisée. On l'accusera d'être mauvaise et tentatrice. Si elle est infidèle, on la tue. Si un homme tue une femme on tâchera de trouver des excuses à l'assassin.

Mon père m'a dit que en France jusque dans les années 1920 il était courant qu'un homme coupable d'un crime dit « passionnel » soit acquitté aux applaudissements du public. L'argument employé par son avocat pour justifier et absoudre son geste meurtrier était : « il l'aimait trop ! » Et puis un beau jour le public d'un procès pour crime dit « passionnel », prêt à applaudir l'acquittement, a été très surpris et déçu de voir l'accusé condamné à trois ans de prison.

Il y a quinze ans un artiste connu a tué sa compagne à coups de poings. Il a passé ensuite en tout trois années en prison pour ce meurtre. Tandis qu'un gars que j'ai croisé un jour m'a dit avoir passé dix années derrière les barreaux pour avoir tué un homme lors d'une rixe dans un bar. Quand on compare le traitement de l'un et l'autre homme, on reste plutôt étonné.

Dans le droit romain antique tant vanté encore de nos jours, c'était beaucoup plus simple : le mari avait le droit de tuer sa femme.

On prétendra la femme plus sentimentale et exclusive que l'homme qui aurait « d’irrésistibles besoins ». On dit d'une femme qui a des aventures qu'elle est « légère », voire que c'est « une pute ». Un homme qui fait pareil n'est pas un homme « léger » ou « un putet ». C'est « un bon vivant »...

Derrière toutes ces bizarreries et ces discriminations sexuelles se profile toujours l'ombre du passé. Quand la femme a été prétendument réduite à de la terre passive et l'homme a été considéré comme semeur actif. La femme qui ainsi n'est rien et l'homme qui est tout.

La prétention masculine à contrôler le ventre des femmes s'exprime notamment dans le domaine des lois, décidées majoritairement par des hommes, et dans celui des règles morales, édictées également majoritairement par des hommes. La sexualisation à outrance de nombre de domaines ainsi prétendument dévolus au coït, conduit à des caricatures de sentiments, relations, discours, comportements. L'état de Nature est décrété sexuel et « la nudité » de ce fait proclamée être une forme d'appel au coït. Cette situation ridicule, odieuse et insupportable amène une bizarrerie. Les revues naturistes sont truffées de discours cherchant à justifier le vivre nu. Alors qu'il appartiendrait plutôt aux « textiles » de tenter de justifier leurs pratiques bizarres. Plus un « vêtement de bain » est microscopique, plus il souligne ce qu'il prétend dissimuler. La « pudeur » est un masque qu'adore prendre le machisme, qui prétend dominer les femmes pour les « protéger ». La pudeur sert souvent de protection à la vulgarité et au mépris des femmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 février 2018

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