vendredi 2 février 2018

889 L'origine du machisme et de l'homophobie

Durant des dizaines de milliers d'années les hommes ont cru de bonne foi être supérieurs aux femmes. Ce n'est pas leur force physique, mais la génération qui les amenait à croire à leur supériorité. Ils croyaient être les seuls à perpétuer la vie de l'espèce humaine.

Ils ignoraient tout du mécanisme de l'ovulation chez les mammifères femelles, notamment chez les êtres humains de sexe féminin. Ils croyaient avoir un rôle unique et primordial de semeur de la semence humaine dans ce qu'il croyait être la terre passive du ventre des femmes.

« Sperme » signifie « semence ». L'homme a cru à une sexualité infirme et caricatural où l'homme agit et doit agir et le ventre des femmes lui appartient et doit se soumettre à lui. L'enfant soi disant n'étant pas de la femme mais de l'homme. Ne dit-on pas traditionnellement d'une femme qu’elle donne un fils à son mari ? Les enfants prenant le nom de famille du mari.

La femme existant tellement peu par et pour elle-même, qu'en cas de décès du mari elle devient « Madame veuve untel » ! Ce qui n'est pas le cas du veuf qui ne sera jamais « Monsieur veuf unetelle ». Il n'y a pas si longtemps les femmes ne conservaient même pas à l'usage leur prénom en cas de mariage. Françoise X épouse André Y. Elle devient alors Madame André Y. Telle était la manière de faire en France il y a peu de décennies, et encore au moins dans les années 1970-1980.

L'ignorance du mécanisme de l'ovulation n'empêchait pas les jeunes filles et les femmes d'avoir leurs règles. Cette perte de sang régulière, inexplicable et incompréhensible faisait peur aux hommes et honte aux femmes. On disait naguère d'une femme qui avait ses règles qu'elle faisait tourner le lait et empêchait de réussir la maturation des jambons.

Dans divers cultes religieux elle devait se tenir à distance. Un ami qui avait visité l'Inde m'a dit avoir lu à l'entrée d'un temple une grande inscription interdisant l'entrée aux femmes réglées.

Qui connaît en France Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier ? Bien peu de gens même cultivés les connaissent. Pourtant ces deux médecins français furent vers 1845 les premiers à expliquer le mécanisme de l'ovulation chez les mammifères et notamment les femmes. Ils ont reconnu aux femmes leur rôle dans la génération. Fait significatif, dans notre pays dont nous sommes plutôt fiers, on ne parle guère de ce progrès essentiel de la Science et de la Civilisation.

C'est que quand l'ovulation a été décrite, l'homme est dégringolé de son piédestal. Il n'est plus le seul acteur de la reproduction humaine. La femme a aussi son rôle à jouer. Et elle le joue.

Reste à l'homme de s'accrocher au mythe de la jouissance automatique en cas d’éjaculation, à fortiori réalisée dans un orifice naturel féminin. C'est un des plus gros bobards qui existe dans notre société. Très souvent l'homme en éjaculant ne jouit pas, ou très peu, voire a mal en éjaculant.

Le mythe de l'homme semeur actif et de la femme terre passive est également à l'origine de l'homophobie. On reproche au gay de s'abaisser au rôle dévolu à la femme. Or, on l'a vu, la femme n'est en rien une terre passive recevant le sperme actif. Elle joue pleinement son rôle dans la reproduction avec son ovule. Et la gestation relève de son travail gestationnel. La parturition étant aussi un travail qu'elle effectue elle. Elle n'est pas une terre soumise et passive subordonnée au mâle qui serait dominant et actif.

Depuis les années 1840 notre société n'a toujours pas digéré la découverte de l'ovulation.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 février 2018

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