lundi 29 janvier 2018

887 Qu'est-ce que « l'Anarchristisme » ?

Cette pratique politique combine l'anarchisme « doux », entendez par là non violent, et l'amour du prochain. Elle ne prétend pas répondre à tout et donner la réponse à tous les problèmes. Elle se contente plus modestement de traiter les problèmes de la vie quotidienne sans attendre pour autant un quelconque « Grand Soir » qui résoudrait tout. Et prétendrait le faire en détruisant un tas de choses et d'individus.

Le partisan de l'anarchristisme ne prétend pas pour autant s'opposer forcément aux rêveurs qui ont à cœur de rêver à ce « Grand Soir » qui résoudrait tout. Mais il est là comme un paisible piéton se déplaçant en rollers auquel on vante le mérite de conduire un bolide de Formule 1. On peut gagner une course avec, ce qui n'a pas forcément d'intérêt. On peut aussi se tuer avec. L'anarchristique préfère les rollers et laisse à d'autres l'ambition de piloter un bolide de Formule 1.

Que pense l'anarchristique des divers militants politiques ? « Ils sont parfois bien sympathiques, mais ils n'ont en général pas spécialement l'amour comme base d'action idéologique. Normal, ils ne sont pas anarchristiques. C'est leur droit. » Et l'anarchristique a le droit d'être anarchristique.

Faire le bien dans la douceur est l'ambition anarchristique. Prenons un exemple : une dame retraitée que je ne connais pas, m'appelle tout à l'heure pour connaître l'adresse d'une batucada. Je passerais presque un quart d'heure à lui vanter l'intérêt du Carnaval de Paris, l'inviter à y participer, aussi à créer des goguettes et lui donnerais l'adresse demandée. Un être humain appelle. Il est très important. Un groupe le suit, il est très important également. Et c'est ainsi qu'une petite association de retraités d'une ville de la lointaine banlieue de Paris va peut-être se retrouver au Carnaval. Le but ici recherché par moi : faire le bien, rendre heureux. Un but tout à fait anarchristique.

Aucun retour n'est demandé. Le but de faire ou essayer de faire le bien est de se dire qu'on a fait ou essayé de faire le bien. Et si on n'y arrive pas, au moins on a essayé et c'est l'essentiel.

L'amour est une arme bien plus grande que toutes les armes de destruction massive, et il ne fait que le bien et jamais le mal. L'amour vrai, bien entendu. Pas un échantillon de ce musée des horreurs se prétendant incarner l'amour et n'en étant qu'une caricature grimaçante et disgracieuse. Si on veut vraiment aimer son prochain ça nécessite des efforts pour comprendre de quoi il s'agit et comment agir en ce sens.

Ce n'est pas toujours facile. Par exemple, il ne faut jamais haïr. Or il arrive que spontanément nous haïssions quelqu'un. Il faut alors éviter d'agir dans ce sens, s'arrêter, analyser, réfléchir et vider cette haine de son contenu.

Faire le bien implique aussi d'éviter au maximum de mentir. Le mensonge détruit la confiance et annihile la relation entre les êtres humains. C'est une très grande maladie de l'Humanité.

Il faut aussi éviter d'intellectualiser le sexe. C'est-à-dire de prétendre parvenir à la copulation suite à un raisonnement intellectuel et pas suite à un désir véritable, authentique et réciproque. L'intellectualisation du sexe est un très grand fléau de l'Humanité. Le sexe sans vrai désir corrode et anéanti à terme la relation entre ceux et celles qui le pratiquent.

L'anarchristisme est joyeux car il préconise la fête, la chanson et la joie partagée. Sa pratique change notre vie ici et maintenant sans attendre le « Grand Soir » ou les prochaines élections. Son mot d'ordre n'est pas « demain on rase gratis », mais dès aujourd'hui on fait le bien qui nous plaît.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 janvier 2018

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