dimanche 28 janvier 2018

886 Origine matérielle de la « morale sexuelle »

Au commencement, l'homme est un singe parmi d'autres singes. Il n'a aucune morale, aucune règles hormis l'instinct qu'il suit. S'il vole ou viole, il n'en a pas conscience. Il trouve bonne fortune, c'est tout. Certains fabulistes ont brossé le portrait du « bon sauvage » qui passe sa vie à manger, dormir et « faire l'amour ». Jolis fantasmes qui ne correspondent guère à la réalité de la Nature libre qui est toujours extrêmement violente. Si un homme d'aujourd'hui se retrouvait dans la condition du singe primitif ancestral, il est probable qu'il ne survivrait pas et périrait au bout de cinq à six jours.

Quel motif amène l'homme à édicter des règles pour régir sa conduite sexuelle ? Au départ rien ne l'y incite. Puis arrive une nouveauté dans sa vie. Il parvient à produire plus qu'il ne consomme. Ce surplus, cette « richesse » il va s'évertuer à la « posséder ». Mais comme il meurt forcément un jour, il souhaitera la « léguer ». La léguer à qui ? A ses proches. Mais qui sont-ils ? Comment le déterminer ? Pour cela il faudra établir des règles concernant la reproduction. La morale sexuelle a pour origine l'héritage.

Telle est l'hypothèse que j'avance.

Avec les millénaires cette morale s'est complexifiée, accompagnée de lois, fables, légendes, mythes, traditions, habitudes, règles diverses et discours révoltés ou justificateurs.

Sans manquer de se retrouver remplie de contradictions et souvent inappliquée dans les faits car inapplicable en réalité. Mais sur cette aspect de la question il est très mal vu d'insister. Il faut faire comme si de rien n'était. Très souvent on proclame à voix haute suivre la morale... et on chuchote l'instant d'après qu'on la suit parfois de très loin.

Un homme que j'ai connu affichait des convictions traditionnelles dans le domaine de la morale sexuelle. Il ne manquait pas de critiquer les jeunes qui font « n'importe quoi » et prennent des risques « avec le SIDA ». Un jour, pris d'un accès de sincérité, il m'avoua entre quatre yeux ne pas s'être gêné ni se gêner de tromper sa femme avec « des aventurières ». Bref ; faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais. Ou plutôt, faites comme je fais, mais tout en restant discret.

Au début des années 1970 j'étais étudiant à l’École des Beaux-Arts de Paris. C'est seulement des dizaines d'années après qu'un de mes anciens camarades d'école m'a appris que des étudiants de mon atelier allaient voir les prostituées vers les Grands Boulevards. Comme ils venaient à des heures creuses pour elles, les dames leur faisaient des prix réduits, des prix étudiants ! Et moi je n'avais rien vu ni entendu.

Sauf un jour où un responsable de mon syndicat étudiant m'avait proposé de le suivre dans un bordel, où « on mange très bien après. » J'avais décliné son offre qui se voulait amical et libérateur. Il devait me trouver timide avec les filles.

J'avais aidé une très jolie fille lycéenne à entrer aux Beaux-Arts. Tous les garçons lui faisaient la cour, excepté moi. Elle n'a pas dû bien comprendre mes motivations. Je voulais l'aider, tout simplement, j’étais désintéressé.

Dans un atelier de l'école il y avait Raphaëlle, une élève d'une très grande beauté. Les étudiants politisés que je connaissais n'ont jamais réussi à lui parler politique, tellement ils étaient polarisés sur l'idée de la draguer. Mes propos paraissent ici peut-être éloignés de la description du singe humain. Ils sont en fait en plein dedans. Nous sommes toujours des singes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 janvier 2018

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