dimanche 28 janvier 2018

885 A propos de la maltraitance sexuelle.

Maltraitance signifie mal traiter. Curieusement on ne relève comme actes de maltraitance sexuelle que les viols, agressions physiques ou verbales, gestes déplacés, qui sont effectivement des mauvais traitements. Mais pourquoi n'évoque-t-on jamais la maltraitance représentée par la démission parentale ? Mes parents m'ont enseigné beaucoup de choses dans beaucoup de domaines. Mais s'agissant de la sexualité ils ont été aux abonnés absents.

Quand j'ai eu mes premières érections, j'ai été surpris par ce phénomène étrange, bizarre, incompréhensible. J'ai pensé que j'étais malade. Malade d'une maladie honteuse, ce qui fait que je n'en ai parlé à personne. J'ai durant un certain temps eu honte de bander.

Par la suite, un jour, j'ai fini par comprendre que ce phénomène avait pour rôle de permettre la pénétration de l'organe sexuel féminin. On ne m'avait jamais parlé de l'acte sexuel. Pour moi, le sexe, masculin comme féminin avait pour unique utilité la miction. Les réunir ainsi revenait à mettre en contact intime deux organes destinés à pisser. C'était sale. Durant des années, je suis resté marqué par cette conviction de la saleté de l'acte.

Mes parents ne pouvaient pas ne pas savoir qu'un jour j'aurais des érections. Ils n'ignoraient pas non plus l'existence de l'acte sexuel. Ils ne m’ont parlé de rien. Ils m'ont caché ce qu'ils savaient. Agissant ainsi ils ont nui à ma vie sexuelle et ma vie en général. Il s'agit bel et bien d'actes de maltraitance sexuelle.

Quand j'ai eu vingt-et-un ans, je me souviens m'être posé la question : « que faut-il penser de l'acte sexuel ? » et comme réponse m'être dit : « il faudrait essayer ». Puis je n'y ai plus pensé. Quand j'ai eu vingt-deux ans, ma mère, ma famille et notre médecin de famille m'ont manipulé pour me jeter dans les bras d'une vague copine. Alors que je ne recherchais nullement l'acte sexuel on s'est chargé de me « déniaiser ».

Résultat de ces manœuvres, je suis devenu « comme tout le monde ». A la recherche de ma moitié d'orange, de ma « partenaire sexuelle attitrée ». Ce qui fait que durant plus de quarante ans j'ai été parasité par cette recherche insensée. Il n'y a pas lieu de chercher une partenaire sexuelle attitrée. Ou bien il arrive que deux individus se rapprochent sexuellement. Ou bien il n'y a pas lieu de s'inventer une attirance réciproque inexistante pour « faire comme tout le monde ». Depuis que je me suis débarrassé de cette pensée parasite qu'on m'avait mise dans le crâne, je me sens libre et tranquille. Je peux rencontrer toutes les plus jolies filles du monde sans me préoccuper de sexualité. Si je les trouve très jolies, je me dis : « elles sont très jolies » et ma pensée s'arrête là. Je ne commence pas à fantasmer et chercher à résoudre d'insolubles problèmes de séduction qui ne correspondent en rien à la réalité. Comme je ne suit pas le troupeau commun, je dois rendre perplexe certaines personnes autour de moi.

Que je ne cherche plus à tous prix l'acte sexuel, soit. Mais alors, me dira-t-on, pourquoi ne pas chercher la simple tendresse ? Tout simplement parce que la plupart des humains sont des analphabètes en câlins. Ils sont « analcâlins ». Ils savent caresser leur chat ou leur chien, mais pas un être humain. Ça ne vaut même pas la peine d'essayer quoi que ce soit de tendre avec eux. Ils sont empêtrés dans leur sexualité malade et confondent aussi l'amour avec la jalousie. Pour des êtres libres comme moi, leur compagnie trop proche est insupportable. J'aime les humains, j'adore les femmes... de loin. De près c'est une histoire souvent glauque. Je laisse cette histoire à d'autres. Qui dépriment et se sentent seuls. Mais ne parviennent pas à se remettre en question et abandonner leurs mirages et contes de fées amoureux. Ils ont peur de la réalité. Alors la réalité se venge d'eux.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 janvier 2018

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