Dans la pensée dominante
de notre actuelle société française et parisienne règne le
consumérisme sexuel. Il est souvent affublé du masque de
« l'épanouissement sexuel ». Il faut absolument, on doit
à tous prix trouver la cheville à mettre dans la mortaise ou la
mortaise où enfoncer la cheville, sous peine d'être disqualifié
socialement. D'avoir « raté sa vie sexuelle », voire sa
vie tout court. Le but suprême de l'existence se résumerait à
quelques secondes d'émission de liquides dans les réservoirs
naturels ad hoc. Cette pitrerie étant avalisée par des masses
d'écrits pseudo-scientifiques et le vocabulaire même. Le liquide de
Cowper émis par le pénis en excitation n'est-il pas baptisé
« liquide pré-coïtal », sous-entendu que son émission
commande l'arrivée de l'acte qui suit ? De graves politiciens
au détour d'une interview se sentent obligés de préciser « qu'ils
y arrivent encore ». Et le moindre couillon peut s'intituler
« sexologue » ou « sexothérapeute » sans
risquer la moindre ire de la Justice pour contrefaçon. L'usage de
ces mots n'étant pas réglementé.
Pour conforter le
discours qui prétend la baise obligatoire et régulièrement pour tous,
qu'on en ait envie ou non, des légendes sont là, et des modes
d'emploi à suivre sont énoncés. En gros, il faut trouver
« chaussure à son pied » et ensuite faire et
réciproquement les putes exclusives et bénévoles. La preuve qu'on
s'aime c'est qu'on met le machin dans le trou. Et jamais dans un trou
d'une autre personne. Si on cherche un machin ou un trou, le premier
acte de la recherche consiste à « faire le test » afin
de pouvoir être prêt à l'ouvrage sans communiquer ou recevoir la
maladie nommée SIDA.
Le résultat de cette
« mécanisation de l'amour » est l'omniprésence du
mensonge, de la ruse, la manipulation, la dissimulation. Quand le
gars aborde la fille il se demande : « comment vais-je y
arriver ? » La fille se dit : « il veut y
arriver, qu'est-ce que je fais ? » Et l'échange des
mensonges et hypocrisies commence. Le chat est devant l'assiette de poisson et déclare : « mais non, je n'aime pas ce
poisson-là », voire : « je suis pratiquement
végétarien ». La fille répond : « ce poisson n'est pas
pour toi, j'ai déjà un copain ». Et la comédie débute et
dure. Pas question d'être sincère, ce serait grossier. Le mensonge
est là , partout, tout le temps, en permanence. De temps en
temps le garçon fini par mettre le machin dans le trou et constate
que ce n'est pas génial. Il est déçu. Alors, au lieu de se
remettre en question... il cherche un trou chez une autre personne.
Quand on échappe à ce
flot de stupidités, en se disant qu'on peut vivre sans elle, on se
retrouve comme « auto-marginalisé. On rencontre la pression du
mimétisme sexuel. « Comment ça ? Tu ne cherche pas un
trou ? Mais tout le monde le fait ! Tu dois être malade ou
pédé ! » Ou : « tu n'as pas encore rencontré
la bonne personne. » Rester tranquille est assimilé par les
autres à une déficience.
Je disais dernièrement à
une sympathique dame que j'avais abandonné la course au trou. Elle
m'a répondu : « ne dis surtout jamais ça à une femme,
elle sera horriblement vexée ». Et voilà le conseil que je
reçois à Paris en 2017. Si vous ne cherchez pas le trou, ne le
dites surtout pas. Et quand on cherche le trou, à vous baffes et
râteaux.
Je ne cherche pas
l'amour, les câlins, les caresses, le sexe... Je ne débite pas la
vie en tranches comme s'il s'agissait d'un saucisson. Je vis tout
simplement et n'attend rien. Me raccorde à l'amour universel qui se
décline entre humains comme l'amour du prochain. Cet amour prend ou
ne prend pas une forme ou une autre. Forme toujours changeante, comme
les nuages dans le ciel. Je suis heureux d'avoir dit adieu à la
principale angoisse de mes contemporains : la quête inlassable
et affolée de « l'amour », mot tiroir rempli d'une masse
de contradictions et idées incohérentes, rutilantes et
imaginaires. Je vis tout simplement, sans chercher à faire rentrer
mes relations dans le cadre d'équations imaginaires. Sensées
m'assurer le bonheur standard, sur mesures, permanent et égal pour
tous. Cette « recherche de l'amour » équivalant souvent
à un voyage en Absurdie.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 8 septembre 2017
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