mardi 19 mai 2020

1293 Amis un jour, amis pour toujours

Quand jadis les fantassins avançaient
Rangée par rangée
Baïonnette au canon
Et que l'un d'eux tombait
Touché par une balle
Ou un boulet de canon,
L'adjudant sur le côté criait :
« Serrez les rangs !!! »
Aujourd'hui, quand un deuil cruel
Touche l'un d'entre nous,
Le même cri doit retentir :
« Serrez les rangs !!! »
Nous sommes unis par l'amitié
Pour l'éternité,
Et avançons
Dans la paix
Et l'unité.

Basile
Paris, le 19 mai 2020


1292 Liberté ?

Vous serez un vrai poète ou une vraie poétesse
Quand vous réaliserez
Que vous savez des choses
Belles, profondes, intenses,
Intimes, originales, merveilleuses,
Qui vous aidnt à vivre
Vous réconcilient
Avec le vent, la tempête,
Les explosions d'étoiles
Et la vibration des comètes,
Et qui vous rendent l'incompréhensible compréhensible,
L'illogique logique,
L'impossible possible,
Et tout l'or et l'argent du monde
Moins utile et précieux
Que la garniture
De la litière du chat.
Et vous réaliserez aussi
Que par beaucoup
Vous serez pris pour un original,
Et n'essayez pas
De vous expliquer, ils ne vous comprendront pas,
Vous ne feriez
Qu'éveiller leur méfiance.
Vous risquer de passer
Du statut de rêveur inoffensif
À celui d'irrécupérable hors-la-loi.
La lanterne de la vérité n'éclaire que celui qui l'a trouvé.
Regardez dans l'Histoire
Comment de temps en temps
Un doux rêveur
Qui n'avait rien fait,
Rien que pour avoir
Trop dit la vérité a fini sur un bûcher.
La vérité n'est pas toujours déclamable,
Plutôt que chercher à expliquer
Comment que la vie est,
Contentez-vous
De raconter
La vie des petits oiseaux
Dans les cages
Des éléphants du zoo.
Et gardez la vérité
Au fond de votre cœur
Bien cachée.

Basile Paris, le 18 mai 2020

lundi 18 mai 2020

1291 L'inspiration du poète

Transmuter le plomb des souvenirs
De notre vie
En or de notre imaginaire.
Faire des épisodes de cette vie
Un roman extraordinaire.
Badigeonner nos malheurs
Avec de la crème de sourires.
Faire du banal
Un merveilleux cheminement
Qui nous mène au Paradis des Poètes
Et des amants de l'amour.
Faire de l'ordinaire de nos vies
L'extraordinaire de nos pensées,
Et dans un brouillard unique,
Resplendissant et hallucinant
Convoquer les astres et les étoiles,
Les planètes et les comètes
Dans les caves et les égouts
Où d'ordinaire
Il ne se passe rien du tout.
Imaginer que la vieillesse
Est un triomphe
Et la fatigue des ans
Une avalanche de fruits,
De chocolat
Et de poésie.
Appeler la prison du bocal
Du poisson rouge
« La liberté enfin retrouvée. »
Faire de la poussière du cheminement
L'entrée triomphale
De trois empereurs
Sous le soleil d'Austerlitz.
Oublier la maladie
Et les soucis.
Et déclarer que les lapins
Sont des gens très bien.
Et puis ajouter
Des précisions, du vécu
De ces quarante-trois
Dernières années passées,
Souvenirs, souvenirs
De ma rue adorée.
Je me souviens
De Marcel
Et sa poignée de mains extraordinaire,
Je me souviens
De Monsieur Paillet
Toujours énervé
Après les propriétaires des chiens
Venant crotter rue des Thermopyles.
Je me souviens
De la dame aux rats
Aux yeux de jeune fille.
Je me souviens
De l'atmosphère
Des années soixante-dix.
Je me souviens aussi
Et très bien
De Monsieur Dupuis
Qui a planté
La première glycine
De la rue des Thermopyles
Que certains voulaient arracher.
Et je me souviens
De sa femme blonde
Qui l'a précédé
Dans la tombe.
La vie continue
Et passe aujourd'hui
Parfois dans la rue
Une déesse noire et son amoureux,
Une chanteuse de jazz
À la carrière internationale.
Raconter la vie d'avant
Et la vie d'après.
La vie réelle
Et la vie rêvée.
Faire de l'espérance trahie
Une belle romance,
Et de la déchéance
Une ascension
Vers le firmament.
Raconter tout
Et ne raconter rien.
Rien du tout,
Des grandes choses
Et des petits riens.
Et que même
Les âmes des chiens errants
Soient recouvertes
De diamants.
Tel est le prodige
De l'imagination
Et l'inspiration
Du poète
Qui dort en vous
Et qui, chez moi
Est réveillé.
J'allais finir ce poème
Quand une délégation de chats
De la rue des Thermopyles
Est venue me signaler
Que j'avais oublié
De les mentionner.
Cet oubli à présent est réparé.

Basile
Paris, le 18 mai 2020

dimanche 17 mai 2020

1290 Dieu qu'il est beau le bateau où je suis matelot !

Le monde est comme un grand bateau,
Dieu est le capitaine
Jésus le premier lieutenant
Et la Sainte Vierge la responsable du fonctionnement du bateau
Et la gestionnaire du personnel.
Nous sommes des matelots.
Dieu vient nous voir de temps en temps,
Il arrive qu'on aille le voir.
La Sainte Vierge est la plus facile à rencontrer.
Elle est toujours disponible,
Et son modeste bureau est toujours prêt à vous accueillir.
Quant à Jésus,
Il est tellement occupé
Qu'on ne le trouve jamais dans son bureau,
On le croise parfois dans le bateau.
Les officiers et officières sont les saints et les saintes,
Leur allure est très pittoresque
Car ils sont habillés comme ils l'étaient
Lors de leur passage sur Terre.
Le bateau,
Conduit d'une main de maître
Par Dieu seul maître à bord
Étant Dieu,
Avance paisiblement
Au milieu des nuages,
Évitant
De temps en temps
Les récifs que les diables
Mettent sur son chemin.

Basile
Paris, le 12 mai 2020



1289 L'Écuriade, délire poétique assumé

Les écureuils se sont armés
Ils occupent la forêt,
Ils ont de fusils et des canons en papier,
Des chars tirés par des araignées.
Prenez gaaaaaaaaaaarde à vous !!
Prenez gaaaaaaaaaaarde à vous !!
C'est ce que disait mardi dernier
Le Tamanoir au Fourmilier.
Les écureuils sont prêts à faire une épopée
Où à la fin il n'y aura plus rien à manger
Excepté du flan patissier.
Ce sera l'Écuriade,
Une épopée qui surpassera
en brillants exploits
L'Illiade, l'Odyssée
Et la course de lavabos attelés
De ratons-laveurs
Sur le ratonlaveurodrome
De Champignac-en-Oisans,
Loire-Inférieure.
Mais pourquoi Ulysse
Rentrant de Troie
A massacré les prétendants
Et pas appelé la police ?
Ulysse tu es un vaurien !
T'es le dernier des amphibiens !
Je préfère à toi
Les lézards préhistériques.
Oulala ! Oulala ! Oulala !
Les écureuils sont là !
Oulala ! Oulala ! Oulala !
La sincérité reviendra,
Et les crapauds danseront la rumba.
Rumbaba ! Rumbaba ! Rumbaba !
On peut s'arrêter là
Ou bien continuer,
Faire une psychothérapie.
Pourquoi une psychothérapie ?
Je ne sais pas.
Continuons ici à présent
Ce délirium très épais.
Et treize épées ça fait beaucoup
Dans le cou.
On met tout-à-fait l'emonctoire
De la poignée de mains de Montoire,
Ils étaient pas confinés,
Ces deux-là.
J'écris comme ça,
Et tant pis si ça vaut rien
De Brazza, quoi ?
C'est moi l'hauteur
Je peux mettre tout ça, quoi ?
Et zût pour qui le lira !
Au rhum, donnes du rhum à Narbonne,
L'été reviendra, tralala !
Olé !
L'éternité
À manger du flan patissier
Et des esquimaux au chocolat
Avec de la confiture.
Zût alors,
Les écureuils sont encore là,
Ils ont tout mangé
Excepté le flan patissier,
Et je n'aime pas
Le flan patissier.
Je préfère les calissons
Caressant d'Aix
Caressons, caressons
Les calissons
Son du canon
Des écureuils déjantés
Et désargentés
En papier
Toilette.
Et puis quoi encore ?
C'est quoi
Ce délire-là !
Oulala ! Oulala ! Oulala !
Les écureuils sont encore là !
Fin du premier épisode.
À vous l'antenne !
Écrivez la suite
Et récitez-là
Aux écureuils, tralala !
Ecétéra
Dégoût
Tan ! Tan ! Tan !
Labyrinthe
Très étroit,
Beaucoup trop étroit pour moi
J'arrête là
Et me fait du café
Féérique société, féérique société
Thébine
Thébone
Thé au chocolat
Tralala ! Tralala !
Les écureuils sont là !!!
Répétez ce texte trois fois
Et prenez ensuite
Un cachet d'aspirine
Et trois carrés de chocolat
À la paraffine
Champagne ! Un pagne ?
C'est très léger pour s'habiller.

Basile, à jeun, pruneau, Paris les 12 et 17 mai 2020

1288 L'essentiel

Quand un roi meurt
Et s'en va,
Il laisse son sceptre
Et son royaume.
Quand un général meurt,
Il laisse son revolver
Et son armée.
Quand un cuisinier meurt,
Il laisse ses marmites
Et ses fourneaux.
Quand un potier meurt,
Il laisse son tour
Et sa terre.
Quand un écrivain meurt,
Il laisse son porte-plumes
Et son ordinateur.
Quand un riche meurt,
Il laisse ses lingots.
Quand un pauvre meurt,
Il laisse sa misère.
La mort égalitaire
Remet les pendules à l'heure.
Pourtant on dit souvent
Que ce qui est important
Pour un roi,
C'est d'avoir un royaume
Sur lequel il tègnera.
On dit souvent
Que ce qui est essentiel
Est matériel.
Pourtant on ne l'emmène pas
Dans la tombe.
En fait seul importe
L'amour qu'on donne
Et reçoit de son vivant.

Basile Paris, le 17 mai 2020

1287 Serment d'infidélité

Ma Chérie, mon Amour,
Vous êtes pour moi
Plus précieuse que ma liberté.
C'est pourquoi je vous jure
De vous être toujours
De la plus parfaite infidélité.
Et de vous tromper
à chaque fois
Que la possibilité de trébucher
Se présentera.
Les maitresses je collectionnerais.
En dormant avec elles,
Je penserais à vous,
Comme je pense à elles
Quand je suis avec vous.
Trompez-moi
Avec vos amants
Non par dépit
Mais par envie,
Et profitez de la vie !
Nous serons ainsi
Un couple très uni.
Pourquoi donc souscrire
À ce mythe de Sisyphe
De l'amour exclusif ?
Aimons-nous
À en perdre la raison
Et ignorons
Ceux qui nous font la leçon.
Qui a dit
Que l'Amour est réservé
Aux gens sages ?
Allons, cette idée
Est bonne au jeune âge !
Les oiseaux ne volent pas
Dans des cages !
Il faut que la liberté
S'échappe du marécage.
L'Amour a ses déraisons
Que la déraison habituelle
Ignore en se baptisant raison.
Il n'y a pas
Deux feuilles d'arbres identiques,
Pourquoi l'Amour devrait suivre toujours
La même musique ?
Écoutons nos cœurs,
L'Amour est un oiseau moqueur.
Le Paradis est ici,
Pour le trouver
Il suffit de retourner un galet
Sur la plage de la vie retrouvée.

Basile, Paris le 13 mai 2020