mardi 26 juillet 2016

600 La peur de l'originalité, du changement et de la réussite

Comme nous l'avons vu dans le texte précédent, la mésentente homme-femme conduit à la permanence de la peur entre les sexes. Cette peur omniprésente débouche sur une peur sourde générale et diffuse. Elle va se greffer en différents endroits variés. Ainsi elle pourra prendre la forme de la peur de l'originalité. Relevant de cette peur on remarquera le comportement extrêmement répandu dans la jeunesse de rechercher l'uniformisation. Par exemple en s'habillant et se coiffant tous pareils. En utilisant un langage particulier commun. En écoutant tous les mêmes musiques.

Une autre forme que prendra cette peur sourde générale sera la peur du changement quel qu'il soit, y compris en mieux. Je connais l'exemple illustratif suivant : investissant un nouveau logement, un homme passe des mois à le remettre en état. Essentiellement question peinture des murs et du plafond. Quand se libère un autre logement sur le même palier, à peine plus cher, nettement plus grand et confortable. Il est des plus faciles alors de déménager ! Pourtant l'homme s'y refusera. Pourquoi cette décision intellectuellement absurde ? Parce qu'à force de vivre de longs mois dans le premier logement plus petit et moins confortable l'homme s'y est habitué. Le quitter serait alors un changement. Et au changement s'attache la peur sourde générale.

Le même homme ayant commencé à faire de la culture physique se trouvera un moment mal à l'aise en constatant que sa manière de se tenir s'étant amélioré il se tient nettement plus droit. Là encore le changement fait peur. Et il peut faire peur quand il s'agit y compris de réussite.

Combien de parents se désolent de voir leurs enfants mâles « adolescents » tout à fait capable de connaître des bons résultats scolaires, s'obstiner à rester des cancres ? Plus ces enfants seront critiqués, plus ils s'obstineront dans leur manière de faire. Pourquoi ? Parce qu'ils se diront quelque part : « je suis celui qu'on critique ». Et s'ils changeaient en bien, ça n'irait pas. Pourquoi ? Parce qu'il s'agirait d'un changement. Et la peur sourde, générale, diffuse et omniprésente règne et dit : « pas de changements ! Même en mieux. »

Le plus surprenant est quand cette peur vient vous convaincre de ne connaître que des échecs avec le sexe opposé. Un jour, j'ai entendu un homme me dire textuellement : « les filles bien ne sont pas pour moi. Il ne me reste que les autres. » Et quand cet homme par la suite rencontrait des filles plaisantes pour lui, il s'empressait de déclarer : « oui, mais elles ont déjà quelqu'un. » En fait cet homme avait adopté l'idée qu'il faisait partie de « ceux qui ne connaissent que des déceptions avec les filles. » Et il avait une peur panique... du changement. C'est-à-dire d'une amélioration de son sort. Rester fidèle à sa peur lui était plus précieux que rencontrer une belle.

La peur sourde, diffuse et omniprésente va aussi s'opposer à la créativité artistique. Car créer quelque chose d'apparemment nouveau, c'est faire preuve d'originalité, de changement. Les artistes passent beaucoup de temps et fournissent énormément d'efforts pour s'arracher aux limites qu'ils se sont posés. Peignant moi-même j'ai pu constater qu'à une époque je refusais d'employer des couleurs vives. Soi-disant parce que les couleurs rabattues étaient plus jolies. Puis j'ai changé. Ce changement a correspondu à une modification générale de mes conditions de vie. Je refusais aussi depuis toujours d'employer la couleur noir. Soi-disant parce qu'elle faisait « comme un trou » dans le tableau. Puis, un jour j'ai visité une exposition de peintures où le noir était largement et joliment utilisé. J'ai changé encore une fois et accepté d'employer la couleur noir. À chaque fois il s'est agit de me libérer de chaînes invisibles qui limitaient ma liberté d'expression. Ces chaînes étant l'expression de cette peur sourde, générale, diffuse et omniprésente. Que de choses petites ou grandes pour cette raison avons-nous peur d'entreprendre ? Se libérer de cette peur fondamentale est une grande œuvre qu'il appartient à chacun de nous de réaliser !

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 juillet 2016

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