mardi 5 juillet 2016

583 La quadrature du cercle féminin

L'enfance prolongée agit comme un conditionnement. Il est différent selon qu'on est une fille ou un garçon. Aux petites filles dès l'âge le plus tendre, pour peu qu'elles soient belles selon les critères esthétiques à la mode, on n'arrête pas de faire des compliments à propos de leur beauté. Le leitmotiv tant entendu est : « qu'est-ce que tu es belle ! » C'est un véritable lavage de cerveau. Aux filles on assigne le devoir de plaire avec leur apparence physique. Plus tard elles auront acquis ainsi un conditionnement qui valorise et privilégie la coquetterie. Pour continuer à plaire en fait inconsciemment à leurs père et mère et surtout père, les jeunes filles chercheront systématiquement à se « mettre en valeur ». L'industrie des « produits de beauté » est d'ampleur colossale. Quand on voit tout l'arsenal de produits divers sensés valoriser la beauté et la prolonger dans le temps, on est étonné.

Le problème auquel les jeunes filles vont vite se heurter est qu'en cherchant à plaire elle exciteront l'appétit des endorphinomanes, c'est-à-dire des drogués aux endorphines. Plus elles ressembleront aux canons de beauté en vigueur, plus elles se feront pourchasser et emmerder par les endorphinomanes.

Ce qui créera une contradiction : chercher à plaire oui, cela est plaisant, mais ça attire aussi des ennuis. D'où la gêne visible dont témoignent bien souvent des jolies filles habillées et maquillées « sexy ». Elles se seront faites les plus belles et séduisantes possible, en fait sans en être conscientes pour plaire à leurs papa et maman. Et ce faisant elles se feront emmerder par des ahuris.

Comment se sentir bien dans ce cas ? C'est une véritable quadrature du cercle féminin à laquelle les jeunes filles et les femmes vont se heurter.

Certaines vont réagir en niant toute séduction ou féminité de leur part. Elles s'habilleront moche, « baggy », c'est-à-dire « sac » en anglais.

En fait, en France et à Paris les femmes et les jeunes filles ne sont pas libres de s'habiller comme elles veulent. Surtout quand elles sortent seules dans la rue ou dans des lieux publics.

Commentant cette situation, on entend dire parfois de ces jeunes filles : « il y en a qui exagèrent ! » Voire on entendra s'élever des propos prétendant justifier des agressions sexuelles si « on s'habille trop sexy. » Mais quand une fille légèrement vêtue se fait agresser par un endorphinomane, la responsabilité relève de son agresseur, pas de la victime ! Si je vois une fille court vêtue, je ne la viole pas. Et le ferais-je, je mériterais d'être sévèrement condamné, sans que les vêtements courts de ma victime représentent une quelconque « circonstance atténuante ».

Ce qui est extraordinaire c'est le véritable black out qui entoure cette situation. Les femmes et les jeunes filles ont peur en permanence de se faire agresser sexuellement. Et leur peur est malheureusement beaucoup trop souvent justifiée. Mais il est de bon ton de se taire. Ne pas en parler. On peut parler de tout, de politique, de cuisine, de littérature, de médecine, de bandes dessinées... Mais on ne parlera pas de harcèlement sexuel, agressions, viols. Et combien de femmes et jeunes filles agressées se culpabilisent à tort en se considérant au moins un peu « responsable » de leur agression ? Ont honte d'en parler ? Si on vous vole votre portefeuille, si on vole votre voiture, on peut en parler. Si on vous viole on ne doit pas en parler, pourquoi donc ? Et ainsi en se taisant, on contribue à ce que les règles injustes de la société perdurent et continuent à empêcher de vivre. Mais quand enfin laissera-t-on les femmes et les jeunes filles séduire en paix ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 5 juillet 2016

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