mardi 5 juillet 2016

582 Nous sommes tous des enfants prolongés

La rencontre de l'histoire et de la physiologie humaine fait qu'à notre naissance l'instinct naturel va se confronter au désordre culturel régnant. Désordre ou ordre, ce jugement qualitatif et subjectif ne retire en rien le fait que pour l'instinct originel il s'agit d'un désordre. Ainsi, par exemple, devoir se laver intégralement tous les jours à l'eau et au savon ne correspond pas à l'instinct naturel. Le petit enfant qui hurle sa protestation face à cette exigence exprimée par exemple par sa maman, ne fait qu'exprimer la Nature en lui. Dire alors que son instinct se heurte au désordre culturel ne signifie pas pour autant que je prône la crasse corporelle...

Le temps nécessaire à la transmission du savoir, juste ou erroné, fait naître le désordre majeur de l'enfance prolongée. Alors qu'un petit humain dès qu'il sait se nourrir seul est autonome, ce qui arrive vers l'âge de quatre ans environ, il sera maintenu bien plus longtemps dans une enfance prolongée. Ce qui aura des conséquences multiples et pas toujours positives. Ainsi, il pourra vouloir plaire à ses parents.

Ce qui fait que durant des années il va faire des efforts en ce sens, créant par là un conditionnement durable. Celui-ci ne sera pas nécessairement conscient ou visible.

Prenons quelques exemples. Quand j'étais étudiant à l'École des Beaux-Arts je me suis évertué à passer le diplôme de fin d'études en peinture. L'unique raison ou presque de mes efforts, qui furent couronnés de succès, était de... plaire à ma mère, qui voulait voir ses enfants diplômés.

Là, la démarche était consciente. Prenons un autre exemple : j'ai un ami très idéaliste qui milite politiquement pour l'idéal qu'il a choisi. Il est persuadé de le faire car ses idées sont à ses yeux justes et généreuses. A mon avis, tout à fait en dehors de ces idées se situe sa motivation. Son père a été un très grand idéaliste. Il a fait de la politique par idéalisme. Et son fils suit son chemin non par idéologie, mais par admiration de son père, qu'il cherche inconsciemment à imiter. D'une certaine façon il cherche encore aujourd'hui à plaire à son père... décédé depuis bientôt trente années.

On voit là la puissance du conditionnement. Dans notre société, ce phénomène est omniprésent. Pourquoi, par exemple, des personnes qui disposent des meilleures conditions de vie possible vont ruiner leur tranquillité par ambition ? Par exemple, chercher à devenir un chef, ou à posséder une quantité d'argent qui ne leur servira à rien ? Parce qu'elles veulent plaire à leur papa ou leur maman, y compris quand ceux-ci ne leur demandent rien. D'autant plus quand ils ne sont plus de ce monde depuis des années. Ce délire lié au conditionnement peut avoir des conséquences tragiques.

Alexandre de Macédoine était un souverain qui vivait il y a très longtemps. Il était le fils de Philippe II dont il a hérité du royaume de Macédoine. Alexandre a passé sa vie a ruiner par la guerre des régions entières pour arriver au résultat absurde, imbécile et artificiel de les « posséder ». Qu'est-ce à dire que « posséder » ? Ce crétin de très grande envergure aurait même pleuré à l'idée qu'il n'existait plus de terres à conquérir ! Et tout ça pourquoi ? En fait, personne ne l'a peut-être dit avant moi, mais j'en doute : pour... imiter son père, lui plaire, alors qu'il était déjà mort. Derrière le « grand conquérant » on voit paraître le très petit garçon qui veut... plaire à son papa... Et avec quelles conséquences catastrophiques ! Les « historiens » donneront, bien sûr, généralement d'autres explications. Ils parleront de conflits d'intérêts, ambitions, etc. Tout ça pour expliquer à postériori que ça devait forcément et nécessairement arriver. Pour illustrer ma pensée, j'ai pris ici un exemple ancien, celui d'Alexandre. Si vous regardez l'actualité, vous pourrez par vous mêmes trouver quantité d'exemples de petits garçons attardés qui nous emmerdent pour plaire à leur papa. Car ce sont le plus souvent des hommes plutôt que des femmes qui nous empêchent de vivre en paix.

Basile, philosophe naïf, Paris le 5 juillet 2016

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