dimanche 10 juillet 2016

592 Origine et rôles des mythes sexuels masculins

Dans la société française et parisienne, quand les jeunes hommes atteignent l'âge de 12, 13 ou 14 ans débute leur activité sexuelle quotidienne : la masturbation, qui les accompagnera tout le long de leur vie. Ils pourront la pratiquer y compris à plusieurs, par exemple en regardant une vidéo pornographique. De cette vie sexuelle on ne parlera guère dans les articles et ouvrages prétendument vulgarisateurs. Il faut dire que la masturbation masculine est un sujet tabou. Pratiquement tous les hommes la pratiquent. Très peu s'en vantent ou, simplement, en témoignent. Je n'ai jamais vu de statistiques brandies prétendant évaluer le nombre de fois où les hommes la pratiquent dans la semaine, l'année, la vie.

Avec l'activité en question se répétant jusqu'à vingt fois et plus par semaine, l'accoutumance s'installe. Le plaisir décroit. La prise régulière d'une drogue génère toujours ce type de phénomène. Mais l'imagination est toujours là et cherche des issues pour « ré-enchanter » la sexualité solitaire défaillante. C'est ainsi que vont se mettre à prospérer les mythes sexuels masculins.

Le « Grand Amour » en est un des plus fameux. Remarquons la pauvreté absolu du qualificatif : « Grand Amour ». Et pourquoi pas : « Amour de taille moyenne » ou « Amour de 2 mètres 30 » ? Ce terme ne veut rien dire, ou plutôt il signifie « Très grande illusion ». C'est la femme « idéale ». Mais un être humain peut-il être idéal ? Et qui le définit ainsi ici et selon quels critères ? Ce fantôme indigent va néanmoins réussir à faire rêver. Il ne corresponds à rien de réel, juste à un fantasme.

Le « Grand Amour » pousse le ridicule jusqu'à se définir comme « éternel ». A l'inverse, limité dans le temps apparaît « le bon coup ». C'est une femme qui ne pense à rien, ne veut rien, ne fait rien, excepté penser comme vous voulez qu'elle pense, vouloir ce que vous voulez, faire tout uniquement pour votre satisfaction. Difficile d'inventer un concept plus stupide et détaché de la réalité.

La « fille sérieuse » est un mythe d'origine caricaturale. L'homme qui se branle et court après tout ce qui bouge, un peu par image en négatif de ce qu'il est, imagine une fille qui va joindre le lavage de ses slips à des nuits d'amour torrides. L'égoïsme le plus absolu est reflété par l'attachement à ce mythe.

La « fille qui vous rend heureuse au lit ». Paradoxalement, si elle adore « faire l'amour » c'est uniquement avec vous. Et pourquoi avec vous ? Parce que ça vous arrange, pardi ! Bref, elle est « folle du cul », mais uniquement du vôtre. On ne voit pas pourquoi il devrait séduire plus qu'un autre. Mais, mis à part son aspect caricatural, ce mythe reflète bien la carence à son origine. L'adepte de ce mythe se masturbe depuis des mois, des années, des centaines de fois. Il n'arrive pas à se passer de cette activité. Mais elle le déçoit. Alors, il imagine que le fantôme qui s'agite sur l'écran de son ordinateur quand il regarde un porno, s'extrait de l'écran. Le voilà en chair et en os et il est parfaitement heureux ! Et cette créature est là uniquement pour sa satisfaction personnelle !

On édite des centaines d'ouvrages prétendant vous expliquer votre sexualité en détails. Des multitudes de sites Internet vous promettent monts et merveilles dans le domaine du sexe à condition de suivre leurs conseils « avisés ». Mais je n'ai jamais vu nulle part commencer par relever comment la vie sexuelle se passe en réalité. Et à quels rêves indigents vous poussent l'insatisfaction qui en résulte.

De plus on verra souvent vanter l'existence et le développement des « fantasmes » soi-disant « indispensables » pour « enrichir » notre « vie sexuelle » ! C'est là une prétention aussi ridicule que de prétendre enrichir un maigre repas avec des rêves de restaurants gastronomiques inaccessibles.

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 juillet 2016

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