jeudi 12 juillet 2018

1031 L'art de ne pas y arriver en amour

Dans notre société, dans le domaine sentimental les garçons vont très couramment fonctionner ainsi : ils rêveront de trouver une personne avec laquelle « faire l'amour ». Chose qu'ils pressentiront comme devant être « merveilleux ». Qu'ils en éprouvent le besoin. Que dans ce cas il faut trouver les gestes, les mots, les actes pour « conquérir », « séduire » l'autre partie pour qu'elle soit d'accord. Et pour laquelle être d'accord sera aussi logique, « normal », heureux.

Ce genre de pensées représente la meilleure et la plus efficace manière d'arriver à des échecs et déceptions répétées et incompréhensibles.

Pourquoi ? Tout d'abord parce que prétendre décider de faire l'amour ne conduit pas, en cas de réussite de ce projet, à faire l'amour, mais le plus fréquemment à une masturbation à l'intérieur de l'autre. Le résultat ressenti ne sera pas merveilleux, mais décevant. Contrairement aux mensonges bien rodés propagés dans notre société, l'éjaculation, si on y parvient, et la jouissance, ne sont pas toujours synonymes. Le mythe de la jouissance automatique des hommes est un mythe.

Le soi-disant besoin sexuel automatique des mâles est une pitoyable farce. L'être humain est un tout. Baver ne signifie pas forcément avoir faim. Dans d'innombrables cas l'érection, l'émission des glandes de Cowper, l'équivalent chez la femme de ces réactions masculines, n'expriment en rien le désir de faire l'amour. Si on ne s'abrutit pas dans sa tête en se chantant des chansons sur le thème classique : « je bande donc j'en ai envie », il est très facile de réaliser que l'excitation visible au niveau des parties génitales ne corresponds pas la plupart du temps à un désir sexuel effectif.

Mais pourquoi ne pas baiser quand même ? Parce que c'est là la meilleure façon de ruiner son accord avec l'autre et s'assurer un avenir de déception et de solitude.

Trouver les gestes, les mots, les actes pour faire que l'autre « passe à la casserole » est aussi un excellent moyen pour ruiner la relation. Si on se met à concocter des plans pour parvenir à mettre son membre dans l'autre, on ne se situe plus dans la réalité de l'instant présent, mais dans un futur rêvé. On est absent. Il y a de facto rupture de la relation.

Il faut se méfier du discours bien ancré dans notre société s'agissant de ce qui est à faire dans le domaine sexuel. Et ne pas oublier que règne une famine aiguë et omniprésente dans le domaine visuel (voir nu les autres), sentimental, tactile, sensuel. Et que le sexe est une petite chose, mais qui peut facilement gâcher une belle relation.

Quand la famine règne, il faut se réalimenter très progressivement. Donc éviter d'aller vite, même si on en éprouve l'envie. Le résultat si on va vite sera dans ce cas mauvais et perturbant.

Et aller ainsi où ? Pourquoi vouloir connaître d'avance ce qu'on sera très heureux de découvrir. À condition d'éviter les chemins battus qui ne mènent nul part sinon à la déception, l'échec répété, l’incompréhension, l'amertume, le découragement et parfois même le désespoir et la colère.

Et rappelons-nous toujours que la plus efficace manière de détruire une relation d'amour consiste à faire une déclaration d'amour. Et que le silence est parfois la meilleure façon d’exprimer ses sentiments. N'écoutez jamais les conseils de ceux ou celles qui, sans risques aucun, vous télécommandent pour réaliser leurs fantasmes amoureux et vous envoient directement dans le mur. « Wait and see » comme disent les Anglais. Attends et regarde,.Et ne rêve pas. La réalité réussie et vécue est infiniment plus belle et réelle que les plus incroyables et fantastiques fantasmes dorés.

Basile philosophe naïf, Paris le 12 juillet 2018

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