samedi 6 avril 2013

93 La morale tranquille : rompre avec la morale sexuelle traditionnelle

Au début des années 1970, le milieu étudiant parisien d'extrême gauche vivait ce qu'on a appelé « la Révolution sexuelle ». Elle existait aussi ailleurs. C'était censé être la liberté enfin trouvée dans les relations entre jeunes gens et jeunes filles, et humains en général. Cette liberté n'en était pas une.

Qu'appelait-on « amour libre » ?

C'était très simplement l'obligation de baiser.

Si un jeune homme avait le cran de proposer directement l'acte sexuel, la fille devait dire oui.

Au bout de quelques années, les femmes se sont révoltées contre cette nouvelle forme de soumission aux obsessions éjaculatoires masculines. Une étudiante iranienne d'extrême gauche de Paris m'a raconté que, dans une grande université américaine, des filles se sont réunies. Et ont rédigé et diffusé un tract. Celui-ci a fait une impression horrible à la communauté machiste local et a très vite disparu. Il comparait et évaluait les « performances » sexuelles minables de nos coqs locaux. Que ces filles avaient subi. Et qui avaient eu l'idée de rédiger et diffuser le tract.

Dans les années qui ont suivi, j'ai lu que pour résister au harcèlement sexuel, les filles se sont organisé. Au point qu'il existait dans les universités, ou certaines universités des États-Unis, des bureaux où aller se plaindre de ce harcèlement.

Puis, vers la fin des années 1970, le SIDA est arrivé, amenant panique et confusion dans le domaine de la sexualité.

Il est temps pour moi de rompre publiquement avec la morale sexuelle traditionnelle et son allié symétrique : le soi-disant « amour libre ».

J'ai étudié la pornographie en visionnant une quantité de clips vidéos et quelques films sur Internet. La conclusion à laquelle je suis arrivé est ahurissante : la morale sexuelle la plus rigoriste et la pornographie la plus délirante se rejoignent exactement, et de quelle façon ?

Tout simplement en ignorant les désirs vrais des gens et les remplaçant par des obligations de baiser.

Pour la morale traditionnelle, l'homme et la femme, mariés, doivent baiser pour avoir des enfants.

Pour la pornographie, les amants doivent baiser pour trouver leur plaisir.

Ils doivent. S'ils sont mariés ou tout nus... mais, de quoi ont-ils envie au juste ?

En fait, j'avance qu'au fond, la plupart des gens la plupart du temps n'ont pas envie de « faire l'amour ». Tout au moins un très grand nombre de gens sont ainsi. Et j'en fais partie.

Et on nous bourre le crâne. On nous dresse et abruti. Pour nous faire croire à l'obligation de baiser.

Si on s'aime, on se fait des bisous, des câlins. On se dit des mots doux. On dort ensemble. On se fait des caresses, des cadeaux. Mais, on ne baise pas du tout forcément. C'est : la morale tranquille. On suit ses désirs. On aime vraiment. Et pas en suivant des schémas prédéterminés. On existe. Et on vit.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 avril 2013

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