lundi 7 décembre 2020

1427 Le chat à qui les souris ne sourient pas

C’est un chat

A qui la vie

Bien peu sourit,

Car il vit

Au royaume des souris

Grises

Ou bleu pétrole,

Et ne le sait pas.

Son destin le brise,

Il se désole.

Que m’arrive-t-il ?

Ai-je tiré pile

Alors qu’il fallait

Hélas

Tirer face

A la Grande loterie ?

Je suis malheureux,

Point ne rit,

Et n’ai pas d’amis,

Est-ce parce que

Je n’ai pas

La queue nue,

Le museau pointu,

Et ne suis pas gris

Ou bleu pétrole,

Et ne suis pas uni,

Mais rayé,

Tacheté.

Ô ma douleur !

Me voilà

Rempli de couleurs

Aussi variées

Que le ciel étoilé

Compte d’étoiles

Sur la toile céleste

Des aurores boréales,

Le jour du faramineux bal

Des feuilles automnales.

Elles tournoient, virevoltent

Et chutent innombrable,

Recouvrant, adorable

Les bancs

Et le sable blanc

Resplendissant.

Le long des mille canaux,

Routes

Et chemins vicinaux.

Qui serpentent

Dans les bois,

Les forêts

Et les jardins

Du Grand Empire

Des chats à six lunes

Rouges et prunes,

Et trois halos

De cuivre et bouleau.

Tant que je suis ainsi

Et pas autrement,

Disait le chat

Qui ne sourit pas

Au royaume des souris

Grises

Ou bleu pétrole,

Ça n’ira pas.

Et voilà que soudain

Il rencontre au bord du Jourdain,

Fleuve qui irrigue le pays des souris

Grises ou bleu pétrole,

Un autre chat tout aussi solitaire

Et désolé que lui,

Car il n’a pas d’amis.

Et alors tout s’arrange

Pour nos deux lascars,

Qui ne sont plus las

Car, ils sont heureux.

A les voir passer

On croirait voir gambader

Deux anges poilus

Qui dansent la farandole

Du bal des hippopotames volants

A la fête du chat orange

Aux yeux bleus de cristal

Moucheté de rouge corail

Et de céladon incarnat.

Pour nos deux nouveaux amis chats

C’est la fin de leurs déboires,.

Ils s’en vont vivre

Sur les bords de la Loire

De joie exaltée ils sont ivres.

D’autres chats arrivent

Passant par Lyon, Lourdes et Brives,

D’abord un, puis deux, puis trois,

Puis quatre, mille, un million de chats

Qui vivaient depuis toujours

Solitaires, tristes et sans amour,

Au royaume des souris

Grises

Ou bleu pétrole,

Et ne le savaient pas.

Et voilà que par millions les chats

Jubilent, s’étreignent, ronronnent et dansent

La grande farandole des Trois hiboux masqués.

Et le Grand Carnaval Extraordinaire commence

Et ne finira jamais,

Car les chats ont enfin trouvé leur bonheur

Dans l’amour, la joie et la fraternité.

Tout ceci est une histoire vraie.

Les deux premiers chats,

C’est toi et moi,

Deux félins

Faits l’un

Pour l’autre,

Qui ne savaient pas

Qu’ils vivaient

Au royaume des souris,

Où les chats

Comme toi et moi

S’ennuient

Et se demandent pourquoi

Quand on se remplit la panse,

Malgré toutes ces dépenses,

Ces mets, ces gâteaux,

Ces jardinières en paletot,

Ces festins de Balthazar,

Ces pâtes de coing au homard,

Ces raviolis à baldaquins

Mijotés dans du dakin,

Ces crèmes brulées au lard,

Ces boissons, ces compotes,

Ces huitres à la bergamote,

Dégustés avec goinfrerie,

Point de la vie on rit.

Jusqu’au jour où,

Miracle de l’amour,

On réinvente l’aurore,

On tue la mort

Et l’ennui,

La vie infinie

Prend son envol,

Quitte son nid,

Et n’est plus faite

De triste grise poussière d’or,

Mais de nuages de pourpre,

Pluie d’étoiles multicolores,

Comètes d’argent

Et de platine,

Accompagnées

Par des rassurants accords.

C’est le fascinant quatuor

Et les chœurs sonores

De la caresse

Du vent du printemps

Qui traverse

Avec tendresse

Le feuillage tremblotant

Des acacias verdoyants

Et des bouquets d’amarante.

C’est également

Le doux bruissement du courant

Des rivières murmurantes,

Au fond de la vallée

Des scarabées

Et des sources claires

En pays d’harmonie

Un paisible soir d’été.

Cette musique féérique

Est admirée, on l’aime

Partout et même

Au fond des cuisines

De meringue, praline

Et massepain

Du pays lointain

Des nains pâtissiers

Enchantés et retrouvés.

Et alors enfin,

Miracle de l’amour,

A tous les chats valeureux

Qui étaient jadis malheureux,

Égarés au royaume des souris,

La vie sourit

Pour l’éternité.

Youpi !

Ici finit mon récit

Et commence

La vie.

 

Basile philosophe naïf

Paris, les 4, 5 et 6 décembre 2020

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