C'était
au début des années mil neuf cent soixante,
Mon
amie Charlotte, une jolie jeune fille
Que
je ne connaissais pas encore
Était
desserveuse à « La Source »,
Un
grand restaurant self service
Du
quartier latin parisien.
Elle gagnait sa liberté toute nouvelle
Elle gagnait sa liberté toute nouvelle
En
ramassant en salle, pour quelques sous
La
vaisselle utilisée, petites cuillères et tasses de cafés.
Carafes et verres des étudiants assoiffés.
Carafes et verres des étudiants assoiffés.
Tous
ces galopins venant boire l'après-midi
Une
tasse de café avec un verre d'eau ou une bière
Connaissaient
et idolâtraient la jolie Charlotte.
Ils
aimaient bien plaisanter avec la belle desserveuse.
Parmi ces étudiants souvent entreprenants,
Parmi ces étudiants souvent entreprenants,
La
merveilleuse jeune fille avait remarqué
L'originalité
d'un grand et bel Allemand blond,
Aux
yeux bleus comme un ciel d'été,
Toujours
élégant et bien habillé,
Avec une jolie veste, une chemise repassée,
Avec une jolie veste, une chemise repassée,
Mais
des chaussures éculées.
Le bel Helmuth n'était pas riche.
Il préparait avec dévotion une thèse de musique.
Et invita Charlotte, que sa passion devait ravir
Le bel Helmuth n'était pas riche.
Il préparait avec dévotion une thèse de musique.
Et invita Charlotte, que sa passion devait ravir
A
passer une inoubliable soirée à l'Opéra Comique
Où
était donnée une opérette : « Le pays du
sourire ».
Après s'être régalé de musique et de chant lyrique
Après s'être régalé de musique et de chant lyrique
Charlotte
et son nouvel ami passèrent la nuit
A
se promener dans Paris endormi.
Les
voilà, les yeux un peu fatigués, errants le matin
Dans
le joli et verdoyant square du Vert Galant,
A
la pointe de l'Île de la Cité,
Vers
là où péri brûlé sur un bûcher
Trahi,
sali et assassiné Jacques de Molay
Dernier
Grand Maître des Templiers.
Souvenirs anciens, durs et révoltants !
Souvenirs anciens, durs et révoltants !
Mais
infiniment plus doux
Est
le souvenir
De
la balade matinale
De
notre Charlotte et de son cher Helmuth,
Les
deux presque amoureux !
C'est
à peine s'ils se tenaient la main
Du
bout des doigts en racontant leur vie.
Vous les voyez ?
Ce grand et beau,
Vous les voyez ?
Ce grand et beau,
Intelligent
et sensible
Allemand
élégant
Et
la petite brunette niçoise
Montée
à Paris
Pour
s'émanciper de sa famille autoritaire
Et
sortir de sous la cloche
Où
elle était élevée ?
Le parfum de Charlotte
Le parfum de Charlotte
Flotte
toujours
Dans
le square du Vert Galant,
Et
si vous regardez bien
Vous
remarquerez en haut des escaliers
Que
la statue de Henri IV sourit
En
regardant un ou deux cheveux blonds
Restés
pris comme un hommage
Dans
le troisième grand anneau à droite
Auquel
on accroche les bateaux fluviaux.
Helmuth,
tu as dit en partant :
« Zouzouki,
le Rhin t'attends. »
Charlotte
t'a entendu
Puis
perdu de vue.
Aujourd'hui mère et grand mère
Aujourd'hui mère et grand mère
Veuve
depuis vingt ans d'un mari adoré
Elle
se souvient de toi.
Loin du bois de Boulogne, dans la ville de Cologne,
Loin du bois de Boulogne, dans la ville de Cologne,
Fameuse
pour sa cathédrale et son Carnaval,
Si
tu te souviens de Charlotte,
Dis-toi
qu'elle t'attends.
Et si tu es parti
Et si tu es parti
Au
Paradis, jouer du gamelan, de la vielle à chenilles,
Du
tambour, du balafon et de l'accordéon,
Dis-toi
Qu'elle
pense toujours à toi.
Basile
Paris,
le 26 juin 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire