Tout dernièrement je
visitais le site Internet d'un chirurgien français vantant son
talent pour faire des nympho-plasties. La nympho-plastie est une
folie esthétique consistant à rectifier chirurgicalement l'aspect
extérieur du sexe de la femme. Au nom d'un idéal esthétique
prônant l'absence de relief du sexe féminin la nympho-plastie
consiste à ôter les petites lèvres qui dépasseraient les grosses
lèvres. C'est une ânerie à la mode où la femme est, une fois de
plus, traitée en objet à normaliser.
A la fin de ce texte
publicitaire une phrase m'a frappée : « reprise de votre
activité sexuelle normale au bout de quinze jours. » Qu'est-ce
que ça signifie « activité sexuelle normale » ? Et
bien ça signifie : baiser régulièrement. Mais pourquoi
devrait-on baiser régulièrement ?
Si nous regardons il y a
plusieurs décennies, il était prôné exactement l'inverse. Baiser,
mais pas trop. Sinon c'était l'excès, l'usure, la fatigue, voire la
maladie. Une brochure éditée à Paris en 1845 expliquait que les
décolletés trop fréquents et trop généreux au moment du Carnaval
causaient le cancer du poumon. Donc, il valait mieux éviter les
excès de décolletés.
Dans les années 1970 ça
a commencé à changer à Paris et pas seulement à Paris. Je me
souviens d'un ouvrage de Jane Fonda que j'ai feuilleté au rayon
librairie du Bazar de l'Hôtel de Ville. À
un moment elle écrivait, je cite de mémoire : « baiser
est une activité hygiénique au même titre que se brosser les
dents. »
Vers le début des années
1970, un homme pas très beau mais qui mettait dans son lit quantité
de femmes avait dragué la belle Agathe. Le hasard a fait que je me
suis retrouvé près d'eux durant un voyage dans le métro. L'homme
proposait à Agathe le marché suivant : pouvoir se voir de
temps en temps pour baiser et rien d'autre. Agathe n'était pas
d'accord.
L'arrivée de la
contraception orale féminine diffusée librement et largement à
partir de 1974 en France a amené ceci : les dragueurs
classiques ont eu l'impression que l'ensemble des femmes devenait des
putains gratuites.
Le seul modèle de
conduite sexuelle étant masculin, le baiseur offrait à la femme le
choix de devenir la baisée. Si on réfléchit bien et on revient à
la citation de Jane Fonda on comprend ceci : la thèse
américaine a pour l'instant triomphé. La baise est devenue une
activité hygiénique exactement au même titre que se brosser les
dents.
D'où le propos du
chirurgien coupeur de sexes féminins cités plus haut :
« reprise de vos activités sexuelles normales au bout de
quinze jours. »
On nage toujours dans
cette ânerie : faire du sexe un produit de consommation
banalisé. On a galvaudé l'acte sexuel. Se faire une toile, un
resto, une baise. Les Romains antiques avaient poussés jusqu'au bout
les plaisirs gustatifs de la table. Allongés sur une sorte de divan
le riche Romain, la riche Romaine, se gavait de bonnes choses. Une
fois repu il ou elle se faisait vomir. Puis buvait du vinaigre pour
se redonner de l'appétit et remangeait. Et ainsi de suite il
recommençait. S'agissant du sexe, la masse des pauvres imbéciles
qui m'entoure fait « l'amour à la Romaine ». Faut-il
s'étonner si à terme le résultat n'est pas satisfaisant ?
Bien sûr que non, et tant que cette situation durera l'homme sera
insatisfait et fera souffrir la femme en la harcelant, la sidérant
et profitant d'elle, la violant, etc. Il faut pour progresser
remettre en question le modèle de conduite sexuelle des années 1970
toujours en vigueur à Paris. Chercher l'authenticité et ne plus
chercher à faire le contraire de ce qui se fait pour le plaisir de
faire le contraire de ce qui se fait
Basile, philosophe
naïf, Paris le 25 février 2018
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