vendredi 23 février 2018

901 La révolution carnavalesque, révolution par la fête et la goguette

Certains publicistes, souhaitant donner un nom à la déconsidération présente de la politique partidaire parlent de : « carnavalisation de la politique » ou bien encore traitent les politiques de « clowns ». J'ai entendu la politique être traitée de « cirque ». Rossel voulant critiquer le manque de sérieux qu'il reprochait au pouvoir de la Commune de Paris en 1871 le comparaît à une « goguette ». Tous ces qualificatifs sont faux.

Le Carnaval rassemble et unit dans la joie tous les humains festifs, c'est-à-dire la plupart d'entre eux. Clown est un des plus beaux métiers qui soi. Un clown est un médecin de l'âme. Il rend heureux et fraternel. Le cirque est une fabuleuse entreprise, qui n'est pas exempte de critiques comme toutes les entreprises humaines. Quant à la goguette, c'est la cellule de base classique de la fête.

J'ai fait un rêve : révolutionner le monde avec la fête. On a essayé par la violence d'améliorer le monde. Le moins qu'on puisse dire est que le résultat n'est pas très convaincant. Les Bolchéviks ont, par exemple, détruit l'état autocratique impérial russe. Ils ont même massacré le tsar et toute sa famille, son domestique et son médecin privé. Et qu'ont fait ensuite les Bolchéviks ? Ils se sont empressés de construire un nouvel état, aussi féroce sinon plus que celui qu'ils venaient de détruire. Les Jacobins de leur côté ont tué le roi, la reine, leur fils héritier de la couronne et vingt mille nobles ou ecclésiastiques. Et ensuite ? Ils ont construit un nouvel état, rebaptisant la monarchie de noms divers et variés : « République », « Empire », puis ensuite « Monarchie », mais monarchie respectant les nouveaux privilégiés enrichis par la spéculation durant la période révolutionnaire, etc. La Révolution française dont on a commémoré le bicentenaire en France en 1989 n'a pas été fêtée à cette occasion à Lyon. Si vous voulez savoir pourquoi, renseignez-vous.

Donc, on a essayé la violence pour améliorer la société. Et si on essayait la fête ? Plein de fêtes partout petites ou grandes, d'échanges et d'organisations festives ? Est-ce que cela ne pourrait pas concourir à améliorer notre société ? Qui est bien triste car dominée par l'argent et la fringale obsessionnelle et très masculine du pouvoir.

S'amuser ensemble, cela ne pourrait-il pas aider les humains à s'entendre et arrêter de se battre entre eux ? Parlant des très festifs orphéons, rassemblements de milliers de choristes en France au dix-neuvième siècle, le grand chansonnier français oublié Béranger disait :

Les cœurs sont bien près de s'entendre
Quand les voix ont fraternisé.

La chanson qui réunit les goguettes est aussi un moyen d'améliorer la société. De rendre à l'être humain son Humanité ou renforcer celle-ci. Esher, un dessinateur hollandais fameux qui parcourait avec quelques amis l'Italie campagnarde profonde des années 1920 racontait une anecdote. Il ne s'agissait pas ici de chant mais de cymbalum. Un soir avec ses amis ils arrivent dans une auberge modeste remplie de gens du lieu. Tous des hommes résolument hostiles à ces étrangers. Qui ne parlaient pas un mot d'Italien ou de dialetto local. Un des Hollandais a une idée. Il va chercher son cymbalum et se met à en jouer. L'atmosphère tendue se détend soudain. Les regards se font amicaux. Le public italien est conquit. La fête est revenue.

Cette histoire a une morale. Ce n'est pas contre les hommes qu'on fait la paix mais avec eux. Comment ? Pas forcément avec des discours. Les langues ne sont pas toujours communes. Mais on fat la paix avec de la musique et un cymbalum. Il faut comprendre le fond de ce récit.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 février 2018

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire