Certains publicistes,
souhaitant donner un nom à la déconsidération présente de la
politique partidaire parlent de : « carnavalisation de la
politique » ou bien encore traitent les politiques de
« clowns ». J'ai entendu la politique être traitée de
« cirque ». Rossel voulant critiquer le manque de sérieux
qu'il reprochait au pouvoir de la Commune de Paris en 1871 le
comparaît à une « goguette ». Tous ces qualificatifs
sont faux.
Le Carnaval rassemble et
unit dans la joie tous les humains festifs, c'est-à-dire la plupart
d'entre eux. Clown est un des plus beaux métiers qui soi. Un clown
est un médecin de l'âme. Il rend heureux et fraternel. Le cirque
est une fabuleuse entreprise, qui n'est pas exempte de critiques
comme toutes les entreprises humaines. Quant à la goguette, c'est la
cellule de base classique de la fête.
J'ai fait un rêve :
révolutionner le monde avec la fête. On a essayé par la violence
d'améliorer le monde. Le moins qu'on puisse dire est que le résultat
n'est pas très convaincant. Les Bolchéviks ont, par exemple,
détruit l'état autocratique impérial russe. Ils ont même massacré
le tsar et toute sa famille, son domestique et son médecin privé.
Et qu'ont fait ensuite les Bolchéviks ? Ils se sont empressés
de construire un nouvel état, aussi féroce sinon plus que celui
qu'ils venaient de détruire. Les Jacobins de leur côté ont tué le roi, la reine, leur fils héritier de la couronne et vingt
mille nobles ou ecclésiastiques. Et ensuite ? Ils ont construit
un nouvel état, rebaptisant la monarchie de noms divers et variés :
« République », « Empire », puis ensuite
« Monarchie », mais monarchie respectant les nouveaux
privilégiés enrichis par la spéculation durant la période
révolutionnaire, etc. La Révolution française dont on a commémoré
le bicentenaire en France en 1989 n'a pas été fêtée à cette
occasion à Lyon. Si vous voulez savoir pourquoi, renseignez-vous.
Donc, on a essayé la
violence pour améliorer la société. Et si on essayait la fête ?
Plein de fêtes partout petites ou grandes, d'échanges et
d'organisations festives ? Est-ce que cela ne pourrait pas
concourir à améliorer notre société ? Qui est bien triste
car dominée par l'argent et la fringale obsessionnelle et très
masculine du pouvoir.
S'amuser ensemble, cela
ne pourrait-il pas aider les humains à s'entendre et arrêter de se
battre entre eux ? Parlant des très festifs orphéons,
rassemblements de milliers de choristes en France au dix-neuvième
siècle, le grand chansonnier français oublié Béranger disait :
Les
cœurs sont bien près de s'entendre
Quand
les voix ont fraternisé.
La chanson qui réunit
les goguettes est aussi un moyen d'améliorer la société. De rendre
à l'être humain son Humanité ou renforcer celle-ci. Esher, un
dessinateur hollandais fameux qui parcourait avec quelques amis
l'Italie campagnarde profonde des années 1920 racontait une
anecdote. Il ne s'agissait pas ici de chant mais de cymbalum. Un soir
avec ses amis ils arrivent dans une auberge modeste remplie de gens
du lieu. Tous des hommes résolument hostiles à ces étrangers. Qui
ne parlaient pas un mot d'Italien ou de dialetto local. Un
des Hollandais a une idée. Il va chercher son cymbalum et se met à
en jouer. L'atmosphère tendue se détend soudain. Les regards se
font amicaux. Le public italien est conquit. La fête est revenue.
Cette histoire a une
morale. Ce n'est pas contre les hommes qu'on fait la paix mais avec eux. Comment ? Pas forcément avec des
discours. Les langues ne sont pas toujours communes. Mais on fat la
paix avec de la musique et un cymbalum. Il faut comprendre le fond de
ce récit.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 23 février 2018
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