Dans notre culture on
rencontre des prohibitions sexuelles, quelle en est l'origine ?
Pour une série d'entre elles elle m'apparaît d'évidence. Cette
série comprend la prohibition de la contraception, de la
masturbation masculine, de l'avortement, de la sexualité concernée
comme « précoce » ou « trop tardive », de
l'adultère. Et la prétendue et imaginaire culpabilité des femmes
victimes de viol.
Les hommes durant de
nombreux milliers d'années et jusque vers 1845 ont tous ignoré la
réalité de l'ovulation. Ils ont cru de bonne foi et stupidement
qu'ils étaient l'élément actif de la reproduction. Pour eux le
ventre des femmes était comme de la terre et leur sperme était « la
semence ». « Sperme » signifie « semence ».
Il a fallut que deux médecins français : Félix-Archimède
Pouchet et Charles Negrier expliquent le phénomène de l'ovulation
pour que cette situation perde sa raison d'être. Mais elle influence
toujours les mentalités.
Les femmes et les jeunes
filles non fécondées et en âge de procréer avortent naturellement
toutes les 28 jours. Les très jeunes gens connaissent le phénomène
d'éjaculation spontanée dite « pollutions nocturnes ».
Les hommes en âge de féconder produisent en permanence des
spermatozoïdes qui sont en cas d'absence d’éjaculations éliminés
avec la miction. Les spermatozoïdes sont produits en quantités très
grandes en regard de leur utilité effective.
En dépit de ces
phénomènes et leur explication et description aujourd'hui connues,
la vieille morale d'antan n'a pas disparue. Elle repose sur le schéma
suivant : le sperme c'est la semence, le ventre de la femme
c'est de la terre. Partant de cette explication périmée, ignorante
et stupide, il en est déduit que tous les actes conduisant au
« gaspillage de la semence humaine » sont
catastrophiques, révoltants, honteux, horribles et criminels.
La contraception
stérilise la semence masculine : horreur ! La masturbation
masculine « gaspille la semence masculine » :
horreur ! Et ainsi de suite, sont condamnés sans appel pour
crime contre la semence masculine l'avortement, la sexualité
concernée comme « précoce » ou « trop tardive ».
L'adultère est considéré
comme un crime majeur. Car alors « la terre » féminine
risque d'être fécondée par un voisin ! Et si cela arrive,
quand bien-même la femme-terre a été forcée, c'est de sa faute.
De là est déduit l'absurde et révoltante prétendue culpabilité
des femmes victimes de viol.
À
chaque fois derrière ces interdits se profile le mythe de la semence
masculine à ne pas gaspiller. Un aspect de ce mythe conduit
également à l'extrême violence contre les hommes qui oseraient
gaspiller cette dite semence en copulant entre eux.
Sans penser à cette
référence au mythe sexuel de l'homme semeur et de la femme terre on
ne saurait comprendre beaucoup d'aspects de la morale sexuelle
actuelle. Peut-être même la plupart d'entre eux.
L'interdiction des
rapports sexuels durant les règles est certainement aussi le produit
de l'idée qu'il y a là « gaspillage de semence ». Il y
a aussi diverses situations où il y a prétendument obligation
d'utiliser la semence qui sinon à la longue serait perdue. D'où le
harcèlement sexuel et la menace de viol que connaissent en
permanence nombre de femmes et jeunes filles.
Les explications données
à quantité de règles et interdits sexuels ne tiennent pas la
route. Il faut en revenir encore et toujours aux dizaines de
millénaires passés durant lesquels l'homme a cru au mythe de la
rencontre de la semence masculine avec la terre féminine.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 22 février 2018
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