jeudi 22 février 2018

899 L'origine de diverses prohibitions sexuelles

Dans notre culture on rencontre des prohibitions sexuelles, quelle en est l'origine ? Pour une série d'entre elles elle m'apparaît d'évidence. Cette série comprend la prohibition de la contraception, de la masturbation masculine, de l'avortement, de la sexualité concernée comme « précoce » ou « trop tardive », de l'adultère. Et la prétendue et imaginaire culpabilité des femmes victimes de viol.

Les hommes durant de nombreux milliers d'années et jusque vers 1845 ont tous ignoré la réalité de l'ovulation. Ils ont cru de bonne foi et stupidement qu'ils étaient l'élément actif de la reproduction. Pour eux le ventre des femmes était comme de la terre et leur sperme était « la semence ». « Sperme » signifie « semence ». Il a fallut que deux médecins français : Félix-Archimède Pouchet et Charles Negrier expliquent le phénomène de l'ovulation pour que cette situation perde sa raison d'être. Mais elle influence toujours les mentalités.

Les femmes et les jeunes filles non fécondées et en âge de procréer avortent naturellement toutes les 28 jours. Les très jeunes gens connaissent le phénomène d'éjaculation spontanée dite « pollutions nocturnes ». Les hommes en âge de féconder produisent en permanence des spermatozoïdes qui sont en cas d'absence d’éjaculations éliminés avec la miction. Les spermatozoïdes sont produits en quantités très grandes en regard de leur utilité effective.

En dépit de ces phénomènes et leur explication et description aujourd'hui connues, la vieille morale d'antan n'a pas disparue. Elle repose sur le schéma suivant : le sperme c'est la semence, le ventre de la femme c'est de la terre. Partant de cette explication périmée, ignorante et stupide, il en est déduit que tous les actes conduisant au « gaspillage de la semence humaine » sont catastrophiques, révoltants, honteux, horribles et criminels.

La contraception stérilise la semence masculine : horreur ! La masturbation masculine « gaspille la semence masculine » : horreur ! Et ainsi de suite, sont condamnés sans appel pour crime contre la semence masculine l'avortement, la sexualité concernée comme « précoce » ou « trop tardive ».

L'adultère est considéré comme un crime majeur. Car alors « la terre » féminine risque d'être fécondée par un voisin ! Et si cela arrive, quand bien-même la femme-terre a été forcée, c'est de sa faute. De là est déduit l'absurde et révoltante prétendue culpabilité des femmes victimes de viol.

À chaque fois derrière ces interdits se profile le mythe de la semence masculine à ne pas gaspiller. Un aspect de ce mythe conduit également à l'extrême violence contre les hommes qui oseraient gaspiller cette dite semence en copulant entre eux.

Sans penser à cette référence au mythe sexuel de l'homme semeur et de la femme terre on ne saurait comprendre beaucoup d'aspects de la morale sexuelle actuelle. Peut-être même la plupart d'entre eux.

L'interdiction des rapports sexuels durant les règles est certainement aussi le produit de l'idée qu'il y a là « gaspillage de semence ». Il y a aussi diverses situations où il y a prétendument obligation d'utiliser la semence qui sinon à la longue serait perdue. D'où le harcèlement sexuel et la menace de viol que connaissent en permanence nombre de femmes et jeunes filles.

Les explications données à quantité de règles et interdits sexuels ne tiennent pas la route. Il faut en revenir encore et toujours aux dizaines de millénaires passés durant lesquels l'homme a cru au mythe de la rencontre de la semence masculine avec la terre féminine.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 février 2018

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