Durant des dizaines de
milliers d'années les hommes ont cru de bonne foi être supérieurs
aux femmes. Ce n'est pas leur force physique, mais la génération
qui les amenait à croire à leur supériorité. Ils croyaient être
les seuls à perpétuer la vie de l'espèce humaine.
Ils ignoraient tout du
mécanisme de l'ovulation chez les mammifères femelles, notamment
chez les êtres humains de sexe féminin. Ils croyaient avoir un rôle
unique et primordial de semeur de la semence humaine dans ce qu'il
croyait être la terre passive du ventre des femmes.
« Sperme »
signifie « semence ». L'homme a cru à une sexualité
infirme et caricatural où l'homme agit et doit agir et le ventre des
femmes lui appartient et doit se soumettre à lui. L'enfant soi
disant n'étant pas de la femme mais de l'homme. Ne dit-on pas
traditionnellement d'une femme qu’elle donne un fils à son
mari ? Les enfants prenant le nom de famille du mari.
La femme existant
tellement peu par et pour elle-même, qu'en cas de décès du mari
elle devient « Madame veuve untel » ! Ce qui n'est
pas le cas du veuf qui ne sera jamais « Monsieur veuf
unetelle ». Il n'y a pas si longtemps les femmes ne
conservaient même pas à l'usage leur prénom en cas de mariage. Françoise X
épouse André Y. Elle devient alors Madame André Y. Telle était la
manière de faire en France il y a peu de décennies, et encore au
moins dans les années 1970-1980.
L'ignorance du mécanisme
de l'ovulation n'empêchait pas les jeunes filles et les femmes
d'avoir leurs règles. Cette perte de sang régulière, inexplicable
et incompréhensible faisait peur aux hommes et honte aux femmes. On
disait naguère d'une femme qui avait ses règles qu'elle faisait
tourner le lait et empêchait de réussir la maturation des jambons.
Dans divers cultes
religieux elle devait se tenir à distance. Un ami qui avait visité
l'Inde m'a dit avoir lu à l'entrée d'un temple une grande
inscription interdisant l'entrée aux femmes réglées.
Qui connaît en France
Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier ? Bien peu de gens
même cultivés les connaissent. Pourtant ces deux médecins français
furent vers 1845 les premiers à expliquer le mécanisme de
l'ovulation chez les mammifères et notamment les femmes. Ils ont
reconnu aux femmes leur rôle dans la génération. Fait
significatif, dans notre pays dont nous sommes plutôt fiers, on ne
parle guère de ce progrès essentiel de la Science et de la
Civilisation.
C'est que quand
l'ovulation a été décrite, l'homme est dégringolé de son
piédestal. Il n'est plus le seul acteur de la reproduction humaine. La femme a aussi son rôle à jouer. Et elle le joue.
Reste à l'homme de
s'accrocher au mythe de la jouissance automatique en cas
d’éjaculation, à fortiori réalisée dans un orifice naturel
féminin. C'est un des plus gros bobards qui existe dans notre
société. Très souvent l'homme en éjaculant ne jouit pas, ou très
peu, voire a mal en éjaculant.
Le mythe de l'homme
semeur actif et de la femme terre passive est également à l'origine
de l'homophobie. On reproche au gay de s'abaisser au rôle dévolu à
la femme. Or, on l'a vu, la femme n'est en rien une terre passive
recevant le sperme actif. Elle joue pleinement son rôle dans la
reproduction avec son ovule. Et la gestation relève de son travail
gestationnel. La parturition étant aussi un travail qu'elle effectue
elle. Elle n'est pas une terre soumise et passive subordonnée au
mâle qui serait dominant et actif.
Depuis les années 1840
notre société n'a toujours pas digéré la découverte de
l'ovulation.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 février 2018
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