Il y a quelques jours
seulement je croisais dans mon quartier une très jolie jeune fille
de type asiatique qui tenait en laisse un superbe et grand chien
blanc. J'ai été frappé par leur beauté à tous deux. J'ai été
tenté de dire à la jeune fille : « votre chien est
magnifique ! » J'ai eu aussi envie de lui dire :
« votre cul est magnifique ! » Il était en effet
admirable et bien moulé dans un legging qui laissait largement
deviner sa forme et sa fente. Je n'ai finalement rien dit. Mais me
suis posé cette question : « pourquoi peut-on dire sans
problème à une belle inconnue que son chien est beau, mais pas que
son cul est beau ? Il y a quelque chose qui cloche dans notre
société. Quelque chose de pas du tout normal auquel nous sommes
absolument habitués. »
Et pourquoi peut-on dire
sans problème à une jolie fille qu'on aimerait faire une balade,
aller au restaurant ou au cinéma avec elle, mais pas qu'on aimerait
dormir nu avec elle nue ? C'est une insulte alors que ça
devrait être un compliment. La parole n'est pas libre et on nous
vante la sincérité !
Même regarder n'est pas
libre. J'aime regarder les jolies filles. Une amie m'en a fait le
reproche. Mais quand un ami préfère la compagnie d'une femme à la
mienne je le comprend et ne lui en veut pas. Apparemment cette amie
n'est pas comme moi.
Des fois elle est triste.
J'aimerais bien pour la consoler la prendre dans mes bras mais ne le
fait pas, pourquoi ? Parce que pour elle ce geste est
« sexuel ». Pour cette raison elle pourrait le refuser.
Et si elle l'acceptait elle l'assortirait d'interprétations et
exigences sexuelles et aussi de jalousie.
Une jeune femme me disait
dernièrement : « il faut se réserver pour l'homme qu'on
aimera et ne pas aller avec n'importe qui . » Je rapporte
de mémoire le sens de ses paroles. Ainsi, pour se réserver pour
quelqu'un qu'elle ne connaît pas elle refuse quelques câlins que ce
soit avec les hommes qu'elle rencontre. Et croit ainsi favoriser
l'amour. Elle ne favorise rien mais se gargarise avec des rêves.
Une croyance fort
répandue est qu'une femme belle ou un homme beau connu de près,
c'est à dire dans un lit, est gage de bonheur. Pour cette raison
nombre d'hommes s'acharne à courir derrière les très jolies
filles. Quand ils finissent par en mettre une dans leur lit il est
des plus fréquents qu'ils soient déçus. Ils n'y comprennent rien.
Et cherchent une « solution ». Alors, il n'est pas rare
qu'ils larguent une créature de rêve pour tomber dans les bras d'un cageot.
À
force de se retenir de faire des câlins dans l'attente de sa moitié
d'orange on peut tomber dans un état plus ou moins délirant. On
décrété dans sa tête avoir rencontré sa moitié d'orange. C'est
lui ou elle, une personne qu'on connaît à peine. On
se persuade que le bonheur est là, à portée de main, pourvu que
l'autre soit d'accord. Cet état extrême amoureux dit aussi « amour
fou » conduit à bien des drames et des sottises. Cet état
dont on doit se défier est pourtant abondamment vanté par des tas
de gens ignorants et stupides.
L'amour existe mais n'a
pas grand chose à voir. Il faut le retrouver bien caché en nous. Ça
demande du temps, beaucoup de temps. J'ai l'impression que c'est
seulement aujourd'hui, alors que dans quelques semaines j'aurai
soixante-sept ans, que je commence à percevoir l'amour caché en
moi. J'observais il y a peu une grande et belle femme de dos, quand
j'ai subitement éprouvé le sentiment, le désir d'être contre ce
dos, mais sans plus. C'était une sensation très agréable. Il ne
s'est bien évidemment rien passé. Cette femme n'est même pas une
connaissance à moi. Mais j'ai éprouvé ce désir tranquille qui
n'était en rien axé sur la sexualité. J'ai ressenti le même envie
de contact il y a quelques heures. Un sentiment agréable, différent,
indéfinissable pour qui ne le connaît pas.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 4 février 2018
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