dimanche 20 janvier 2013

72 La Goguette des Jardiniers

Qu'est-ce que vivre ? C'est appartenir à un groupe et partager avec lui de bons moments ensemble. Quel est le but de la vie ? C'est vivre. Les anciens connaissaient la recette du bonheur. La recette du bonheur c'était la goguette. Nous l'avons oublié. Il nous appartient de nous en ré-emparer.

Une goguette, qu'elle porte ou pas ce nom, était un petit groupe se réunissant ponctuellement pour boire, manger, chanter, rire, s'amuser, se déguiser, rejoindre en groupe fêtes et bals. Il existait des goguettes dans des milliers et milliers de quartiers, villes, villages, hameaux, entreprises, écoles.

Pour naître et prospérer elles devaient s'inscrire dans une tradition plus large. Ainsi à Dunkerque on se sent d'abord Dunkerquois avant d'être affilié à une goguette dunkerquoise. Cette identité est pacifique et ouverte sur le monde. Elle ne s'oppose pas à ceux qui se présenteraient venus d'ailleurs et se reconnaiteraient par exemple comme Toulousain, Chinois ou Landais.

Si nous voulons faire revivre la goguette à Paris, il importe de suivre les bonnes recettes du passé. Elles fonctionnaient en des temps où la vie était beaucoup plus dure qu'aujourd'hui à bien des points de vue : pas de retraite, congés maladies, congés payés, liberté d'expression, de parole, etc.

Notre goguette est une goguette d'Île-de-France. Donc, nous allons faire revivre les costumes et autres éléments franciliens oubliés depuis longtemps, comme les promenades. Celle des Grands Boulevards nous pourrons la refaire de temps en temps, en costumes et en chantant. Ce sera très amusant. Pas du tout une corvée passéiste bizarre mais un moment d'amusement à contempler le regard ahuri des franciliens anonymes habillés comme on peut l'être aussi bien à New York, Moscou ou Pékin. Et sur les espaces élargis des trottoirs, nous ferons la ronde au son du pipeau. N'ayons pas peur d'être nous-mêmes devant les malheureux qui s'ennuient et ne savent plus qui ils sont.

Franciliens nous serons et goguettiers aussi. Une goguette se compose de douze personnes maximum. On peut accueillir des visiteurs, sans dépasser dix-neuf.

Le but de notre goguette est de se réunir ponctuellement et pas trop souvent. On chantera des chansons. On en créera, sur des airs connus ou en en inventant. On fera aussi de la peinture et de la poésie. Sans être Léonard de Vinci, Picasso ou Victor Hugo, l'essentiel est qu'on se fera plaisir. On fera aussi la cuisine, on mangera et on boira, pas trop bien sûr. Contrairement à nombre de goguettiers d'antan on ne cherchera pas à se retrouver ivre. On conservera notre lucidité. On ne fumera pas dans nos réunions, ou alors à la fenêtre, pour ne pas déranger les non-fumeurs.

On portera des rubans et insignes de fantaisie durant nos réunions et sorties organisées. On inventera notre jargon, nos règles et nos jeux, notre géographie et nos sobriquets.

Les goguettiers sont invités à soutenir l'effort pour faire renaître la fête et le carnaval parisiens en cotisant aux Fumantes de Pantruche : 16 euros par an, 8 pour les gens fauchés, pour payer assurances, site Internet et tracts. Usant du site Internet Pantruche on propagera l'élan goguettier ailleurs pour que d'autres créent à leur tour leur goguette avec laquelle nous pourrons échanger.

La nôtre, créée en juin 2010, qui se réveille après un assoupissement de deux ans, porte le nom de « la Goguette des Jardiniers ». Équipée de bigophones elle forme la « Fanfare bigophonique c'est Caïman trop Marrant ! » Nous tacherons de susciter la naissance d'au moins deux autres goguettes proches, formant ainsi un ensemble de trois groupes de douze, soit trente-six goguettiers. Une goguette étudiante et une goguette tout-venant pourront par exemple s'ajouter à la nôtre.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 janvier 2013

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