jeudi 10 janvier 2013

62 La logique de l'écureuil

Nous voyons agir les maîtres du monde, les riches, les puissants, les dominateurs. Mais quelle logique suivent-ils pour prendre leurs décisions ? Ils suivent la logique de l'écureuil.

Prenez un écureuil, mettez-le dans une roue, il la fait tourner le plus vite possible. Pourquoi ? Parce que la logique de l'écureuil est ici de faire exactement ce qui suit l'acte précédent, sans se poser de question. Il est dans la roue. Quel est le geste qui suit logiquement ? Tourner la roue. Même s'il s'épuise et que ça ne sert à rien d'utile pour lui.

En Macédoine antique régnait un roi nommé Philippe. Il était très guerrier. Au cours d'un combat il perdit même un œil. Son fils Alexandre lui succéda. Il continua à faire la guerre, comme son père. Et comme il disposait de combattants armés de lances longues de trois mètres, il écrasa tous ses adversaires qui employaient des lances plus courtes. Il vainquit tant de rois et empereurs qu'arrivé très loin de chez lui, Alexandra paraît-il pleura, désespéré de ne plus avoir de nouvelles terres à conquérir. Alexandre n'a pas réfléchit. Comme l'écureuil, il a tourné bêtement sa roue. Et avec un tel succès qu'on l'a baptisé Mégalexandros, ce qui signifie en grec : Alexandre le Grand. Grand comment ? Grand comme un stupide écureuil.

Plus proche de nous : Einstein écrivit un jour au président des États-Unis pour lui dire qu'il fallait mettre au point la bombe atomique avant que l'Allemagne nazie ne le fasse. Un prodigieux ensemble de savants  et travailleurs dirigé par le Communiste américain Robert Oppenheimer et le général Leslie Groves travailla furieusement au sein du projet Manhattan. Le projet n'avait pas abouti que l'Allemagne nazie a capitulé. Il ne restait plus aucune raison de s'acharner à mettre au point la bombe atomique. Pourtant alors les scientifiques redoublèrent d'efforts. Comme des écureuils dans leur roue. Et grâce à ces stupides écureuils, la bombe atomique enfin au point fut jetée sur les Japonais, auxquels au départ elle n'était pas destinée.

Durant les décennies de la Guerre Froide, les agents secrets américains luttèrent contre le Communisme avec l'énergie de l'écureuil dans sa roue. Ils s'évertuèrent même à exagérer le péril rouge afin d'obtenir des crédits plus généreux que ceux prévus. Au total les États-Unis déboursèrent pour vaincre le Communisme 11 000 milliards de dollars !

Quand une responsable patronale demande le droit pour les patrons français de pouvoir baisser les salaires, elle n'est ni folle, ni stupide, ni méchante. Une fois dans sa roue, elle la fait tourner. Avec pour résultat, par exemple, de demander l'autorisation de baisser les salaires des salariés.

Quand on expulse de sa maison de retraite une nonagénaire pour impayés, quand on ferme les magasins Virgin ou qu'on liquide les derniers hauts fourneaux de Lorraine à Florange, ceux qui décident de le faire ne réfléchissent pas. Ils suivent leur mini-conscience d'écureuil et tournent la roue, peu importe les conséquences.

Et des gouvernants font de même à la tête de l'état, quand ils ne savent que chercher à durer. Ce sont encore des écureuils.

Mais quel but ont-ils ? Aucun, en fait. Tourner leur roue et c'est tout. Il faut reposer la question du but de la société, de nos vies. Pour moi, ce sont les caresses, l'art, l'amour et la convivialité. Et nous pouvons d'ores et déjà parvenir à en faire vivre et prospérer certains éléments. Pourvu que nous ne perdions pas de vue que la vie se vit au présent et ici. Et pas en s'investissant dans la tourne inlassable de notre roue d'écureuil au milieu d'une armée d'autres écureuils stupides et sans but.

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 janvier 2013

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