mardi 1 janvier 2013

43 Encore à propos de la mythologie française contemporaine


Un mythe extrêmement dangereux, et souvent très séduisant au moins pour certains, s'est propagé de la France au monde entier : la « révolution ». C'est la croyance dans le remède de cheval sociétal, le salutaire coup de pied dans la fourmilière humaine, qui met un terme à toutes les injustices, punit les méchants, récompense les gentils et remet les pendules à l'heure. Cette effroyable absurdité a causé des souffrances innombrables. Au nom de ce mot magique en dix lettres on parviendrait à arranger tout ce qu'en des dizaines d'années, des siècles, voire des millénaires on ne serait pas arrivé à arranger. Le mythe de la révolution repose sur l'idéalisation forcenée d'une des plus noires périodes de l'histoire humaine : les atrocités, destructions, massacres, meurtres et pillages qui ont accompagné en France la fin du règne de Louis XVI. On a fait de ces moments baptisés « la Révolution française » une icône du bonheur où le chœur des anges révolutionnaires accompagne le doux murmure de la guillotine. Soi-disant, toute cette casse, ces vandalismes, ces crimes étaient justifiés, indispensables et, grâce à eux, il fait aujourd'hui bon vivre en France. Divers pays où on ne vit pas plus mal que chez nous se sont très bien passés du luxe d'un tel délire « révolutionnaire ». Mais il faut à tous prix justifier l'injustifiable, pour éviter tout bilan critique et aussi rester dans l'illusion que chez nous on est les meilleurs, et on fait toujours mieux qu'ailleurs.

La « Révolution française » s'accompagne d'un ensemble de contes et légendes, au nombre desquels se trouve la prise de la Bastille. La prise de cette vieille forteresse en 1789 aurait été le symbole de la fin de l'absolutisme royal. Mais alors, pourquoi sa démolition était-elle déjà décidée auparavant par le régime dont elle aurait été le symbole ? On sent ici à plein nez la réécriture de l'Histoire.

Les preneurs de la Bastille n'envisageaient au départ ni de s'en emparer, ni de la démolir, mais d'y chercher des munitions, pour aller où ensuite ?

La persécution de l'église catholique en France, au moment de la période dite « de la Révolution française » a donné des fruits empoisonnés qui perdurent encore et nuisent. En particulier il a stimulé le matérialisme philosophique avec des conséquences dramatiques. Comme pour se débarrasser de l'église, piller et détruire les lieux de culte, persécuter et assassiner les religieux ne suffisait pas, on a développé la religion du désespoir. Elle offre une absence de perspective, le néant, en lieu et place de l'au-delà, la croyance en la non-existence de Dieu et la vie comme une triste parenthèse qui se referme à la mort. La religion du désespoir, camouflée avec des oripeaux scientifiques, a amené diverses recherches dans l'impasse plus ou moins complet.

Ainsi, le matérialisme philosophique a enfermé une large part de la recherche médicale dans une conception  de l'homme considéré comme se résumant à une machine, un échafaudage chimique sur lequel on n'intervient efficacement qu'avec des produits chimiques modificateurs. Un des résultats de cette manière de limiter la pensée est que la psychiatrie est encore aujourd'hui balbutiante. Elle emploie la camisole chimique et ne sait pas soigner et guérir les troubles du comportement qu'elle a rangé aux rangs de « maladies ». A cette conception de l'homme applaudissent les fabricants de produits pharmaceutiques qui en sont largement bénéficiaires.

En astronomie, les recherches cosmologiques orientées autrement que sur la recherche de la soi-disant naissance de la « matière » ne sont pas subventionnées.

La mythologie française contemporaine comprend un chapitre impressionnant : la misère du peuple, l'insécurité, l'injustice, l'arbitraire et la barbarie régnants sous « l'Ancien Régime ». Comme si tout avait subitement changé. Dès la période de la merveilleuse « Révolution française » on serait passé de l'ombre à la lumière, du passé au présent.

Un jeune thuriféraire de ce progrès soudain me disait, il y a quelques années : « sous la monarchie, tu pouvais toujours chercher à faire part d'un de tes projets au roi. C'était impossible de le rencontrer. » Je l'ai fait taire et bien vexé en lui répliquant : « et tu crois qu'aujourd'hui tu peux comme ça rencontrer le président de la République et l'entretenir de tes projets ? »

On dit que sous les rois de France, jadis, l'insécurité était terrifiante et générale. Ce qui me turlupine, c'est qu'on sait aussi qu'à l'époque on pratiquait l'hospitalité. Un grand escogriffe inconnu frappait à votre porte le soir. Vous lui ouvriez la porte, lui offrez le couvert et le gîte pour la nuit. C'était une pratique courante. Alors, où elle était, cette fameuse « insécurité » ? Essayez maintenant de demander l'hospitalité, dans une maison où on ne vous connaît pas, en banlieue ou à la campagne. Avant d'avoir pu sonner à la porte, vous aurez déjà été bouffé par le chien.

Autre aspect de la mythologie française contemporaine : elle nous dit que notre époque est tout à fait coupée, différente de l'Ancien Régime. Ancien... quel beau concept ! Cela sous-entend : périmé.

Tous nos merveilleux livres d'histoire à l'école nous parlent des « lettres de cachet ». La volonté d'un puissant suffisait à vous faire mettre en prison. Aujourd'hui, si vous êtes un inconnu suspecté d'un délit, le juge peut vous enfermer en détention provisoire durant plusieurs années, jusqu'au procès qui pourra, y compris, vous innocenter. Dans ce cas, on pourra vous dédommager en vous donnant des sous. Comme si cela pouvait compenser le tort et l'injustice que vous aurez subi.

Ces chers bouquins d'école qui nous enseignent une pseudo-histoire, rétroactive, franco-centrée et justificative. Qui nous racontent que la guerre devait forcément éclater en 1914 entre la France et ses alliés contre les Empires centraux. Affirmation simpliste, prétentieuse et stupide : jusqu'à ce qu'un conflit éclate, il n'est pas mécaniquement destiné à éclater. Et si un conflit a eu lieu, à n'importe quelle époque, il n'est jamais beau, mais parfaitement horrible. Nos chers bouquins d'école nous bassinent avec l'« épopée napoléonienne »... quelle « épopée » ? Elle fit au moins plus de trois millions de morts et nous mis tous les pays d'Europe à dos ! Faire ainsi l'apologie de guerres sanglantes et interminables est tout simplement honteux. Il est beau, le soleil d'Austerlitz ? Et un coup de sabre reçu à Austerlitz, c'est beau aussi ? Ça va ensemble, c'est indissociable.

Jadis, par exemple au XVIIème-XVIIIème siècles, les fantassins avançaient en ligne, sous les tirs adverses, baïonnette au canon. Sur les côtés les adjudants serre-lignes donnaient des coups de crosse sur les soldats en braillant : « serrez les rangs ! » pour resserrer les rangs suite à ceux qui étaient tombés. Dans l'armée de terre, les tambours, jeunes gens âgés de 13 à 15 ans, et dans la marine de guerre, et aussi la marine civile, les mousses, des mêmes âges, servaient à satisfaire les besoins sexuels des militaires quand les prostituées et les viols n'y suffisait pas. Et savez-vous ce que c'était que « la poursuite » ? Quand, après une bataille perdue, les soldats vaincus fuyaient à pied. On les pourchassait en groupes et à cheval en en tuant le plus possible. Comme c'est beau, la guerre !

La mythologie française contemporaine est truffée de légendes secondaires : la fin du Vengeur, Saint-Just sorte de saint, etc.

Au nombre des produits marqués par la mythologie française on trouve les œuvres de Marx et Freud. Tous deux, ils ont parfaitement épousé le matérialisme philosophique que, pour des raisons politiques de lutte pour le pouvoir, les profiteurs de la « Révolution française » ont favorisé.

On a été pour justifier le matérialisme philosophique jusqu'à propager le mythe de l'existence de « la pensée positive », « scientifique ». Une sorte de forme de pensée nouvelle et supérieure à tout ce qui l'avait précédé. Certains savants s'en sont fait les nouveaux prêtres et se sont auto-proclamés dépositaires de la sagesse multiséculaire des humains. Se conférant ainsi une fierté toute lucrative.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er janvier 2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire