mercredi 30 décembre 2015

500 Il faut mettre un terme à la Grande Confusion

Notre société, notre culture, nos traditions, théories, idéologies et habitudes exaltent, soutiennent, justifient et confortent, voire officialisent et donnent force de loi juridique ou naturelle à un très bizarre phénomène : la Grande Confusion. En quoi consiste ce phénomène ? Il consiste à confondre et associer impérativement ensemble l'état naturel, baptisé « nudité », la tendresse, l'érection et l'acte sexuel. L'un n'irait pas sans l'autre. On nous apprend dès l'enfance à nous méfier de la nudité, la nôtre et celle des autres. Il n'y a guère que quelques décennies on allait encore plus loin. Dans les pensionnats religieux on devait se laver habillé ! Ainsi, dans les pensionnats de jeunes filles elles devaient prendre leur bain avec une longue chemise pour ne pas, oh horreur ! Se voir nues !

On nous met également en garde dès l'enfance contre le fait de toucher ou laisser toucher nos parties génitales. Jadis on faisait mieux encore : on invitait à ne jamais les laver pour ne pas nous auto-suggérer des pensées lascives et coupables... C'est ce qui est rapporté par un médecin italien lors de sa visite de pensionnats de jeunes filles aisées d'Italie vers 1840-1850. La crasse pour défendre la vertu. Il fallait l'inventer !

La tendresse est condamnée sans appel ou réduite au rôle de « préliminaires » de l'acte sexuel. Dès que l'érection arrive, le mâle est invité de se mettre au travail, qu'il ait envie de baiser ou pas. Ce n'est plus sa tête mais son zizi qui doit commander !

Baiser, ce sont soi-disant « les choses sérieuses ». Une petite amie me refusait ses bisous un jour, au motif que « elle n'avait plus quinze ans ». Il fallait donc penser à autre chose. Que j'en ai envie ou non. Cette petite amie est partie par la suite vers d'autres horizons. C'est bien mieux ainsi, en tous cas pour moi.

Notre société a fait jadis de la virginité des jeunes filles un trésor à garder intact pour le jour du mariage. Elle en a fait aujourd'hui une formalité à remplir en la perdant. Une très jeune fille m'expliquait récemment qu'elle s'interrogeait pour savoir avec quel jeune homme elle allait passer cette sorte d'examen d'entrée dans je suppose ce qu'elle croit plus ou moins être l'âge adulte. Je comprend que ce qui lui apparaît inconnu puisse l'intéresser et qu'elle se pose des questions.

Comme elle s'inquiétait de savoir si cet acte donnait nécessairement un plaisir inoubliable et extraordinaire, je lui ai répondu que non. Ce qui est la stricte vérité. Vouloir savoir si l'acte sexuel est beaucoup ou peu jouissif, c'est comme vouloir savoir si manger est peu ou beaucoup jouissif. Ça dépend.

Ce qui manque le plus dans notre société, ce n'est pas le sexe, ni même la tendresse, c'est la vie débarrassée de la Grande Confusion, enfin libérée des préjugés et comportements qu'elle entraine. Cette Grande Confusion qui rend les rapports humains rigoureusement impigeables ou presque. Qui transforme la vie en concours ou sauts d'obstacles. Qui fait de la beauté et la jeunesse un piège doré.

J'ose espérer qu'y voir plus clair permet de vraiment bien mieux vivre. Mais combien plutôt que chercher la vérité des sentiments cherchent à trouver la justification de leur vérité ? Celle qu'ils ont décidés être la vérité et dont ils ne cherchent que la confirmation et rien d'autre ? Ça n'est pas en agissant ainsi qu'il risque d'avancer et faire avancer les autres !

Ce qui est certain, c'est que plus on comprend bien les choses, moins les ennuis ont de prises sur nous. Et plus on préserve ainsi ce trésor que représentent la liberté et la tranquillité. Les autres s'agitent stupidement ? Laissons-les s'agiter !

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 décembre 2015

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