vendredi 11 décembre 2015

488 Étrange pseudo-transfert de responsabilités

L'homme a inventé nombre de choses qui jouent un rôle important dans l'organisation de sa vie, par exemple : la propriété, l'État, la loi, la Démocratie, la Morale, ou les morales, l'argent, la République ou la Royauté, les traités internationaux, par exemple européens, la promesse ou le serment.

Ces choses ne se trouvent pas dans la Nature. Il n'existe pas, par exemple, d'arbre sur lequel on cueille la Démocratie, de plante où fleurit la loi, d'algue du pouvoir d'État, d'oiseau de la Morale, de rat de l'argent, d'araignée de la République ou de kangourou de la Royauté. Toutes ces choses sont le fait de l'invention de l'homme. Or, on s'aperçoit, fait des plus étranges et troublants, que l'homme ayant inventé ces choses fait mine d'y obéir ! Comment, de quelle façon l'homme pourrait-il obéir à une chose qu'il a créé ? Le gendarme dit au délinquant : « obéissance à la loi. » Le politique répond à l'électeur mécontent : « ce que vous me demandez n'est pas réalisable, car il n'y a pas d'argent. » Le moraliste s'exclame : « ne faites pas ça, la Morale l'interdit ! » On déclare se soumettre à la Démocratie, chose complexe et d'invention ancienne. Qui a évolué au cours des siècles.

Les Romains disaient : « la Loi est dure, mais c'est la Loi ». La « Déclaration universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen » proclame que « la propriété est inviolable et sacrée ». Diable ! On passe d'un droit à une limitation de droits au nom des Droits. Je ne peux pas toucher à la propriété de mon voisin. J'ai le droit de n'avoir pas le droit. Voilà qui commence à défier le raisonnement.

Il y a peu de temps, pour invoquer l'obligation pour les Grecs de se priver de nourriture au bénéfice de leurs créanciers, on a vu Juncker invoquer la primauté des traités européens sur les décisions démocratiques et électorales. Ici, une fois encore, on voit l'homme sommé d'obéir à une chose qu'il a créé. Qu'est-ce qu'un traité ? Une liasse de morceaux de papier avec des traces d'encre dessus. Même le plus beau des traités, celui qui met par la paix le terme a un conflit, est un paquet de feuilles avec des traces d'encre dessus. Alors, l'homme obéit-il à toutes ces choses qu'il a créé, ou la vérité est-elle ailleurs ? Je serai tenté de dire que l'homme fait semblant d'accorder le pouvoir sur lui à des choses. Schéma que seuls des naïfs incorrigibles peuvent croire correspondre à la réalité.

Une chose qui brille par son inexistence est la promesse ou le serment. Combien de fois ai-je promis et « suivi ma promesse » ? Pourtant, je ne suivais rien du tout. J'abdiquais mon indépendance face à celui ou celle auquel j'avais « promis ». Je « respectais ma promesse » ? Non, je me méprisais. Telle était la réalité de ma conduite.

On me dira que sans lois, promesses tenues, etc. le monde ne tournerait pas rond. Il n'a pas l'air de trop bien se porter tel qu'il est aujourd'hui. Il serait peut-être temps que l'homme cesse de prétendre obéir à des choses créés par lui, et s'en réfère à la seule valeur effective existante : l'amour.

Combien d'éléments du monde que nous croyons voir correspondent en fait à des illusions, des mirages sophistiqués ? Une question qui dérange à ce propos est la suivante : « depuis des siècles l'homme est horrifié par certains crimes abominables. Et les punit très sévèrement. Or, parmi ces crimes, certains qui le furent jadis ne sont plus rien aujourd'hui. Par exemple, en France : le crime de lèse-majesté ou le fait de manger du lard en carême. Alors, n'y aurait-il pas d'autres actes, qui aujourd'hui nous horrifient et sont très sévèrement punis, qui subiront un jour le même sort ? » Je ne me hasarderais pas à avancer ici des hypothèses en réponse à cette question. Mais la simple rigueur intellectuelle m'obligeait à évoquer cette question. Reste que le but de notre société pourrait être qu'un jour l'homme ne paraisse plus obéir ou faire semblant d'obéir à des choses qu'il a créé. Mais n'obéisse plus qu'à l'amour. Valeur qui porte en elle la tendresse, la justice et la fraternité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 décembre 2015

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