lundi 28 décembre 2015

498 Trouver ou retrouver la confiance et l'amour, libre, sans peurs et sans souffrances

A partir d'un certain âge, quantité de gens voient qu'en cherchant l'amour ils ont récolté ou récoltent le plus souvent de la souffrance. Que leurs mauvaises expériences les amènent à avoir des peurs dès qu'il pense s'agir d'amour. Qu'ils craignent de ne pas rester libre. En résumé : ils ont perdu la confiance en eux. Et il leur manque l'amour. Mais celui-ci leur apparaît piégé. Ils pensent à la responsabilité de cette calamiteuse situation. C'est, au choix : le manque de chance, le poids de l'éducation, la faute à l'autre, à l'autre sexe, à la bêtise humaine, etc. Toutes ces explications ne donnant pas pour autant une clé pour améliorer la situation, mais enfonçant plutôt le moral.

Les mots eux-mêmes sont piégés. Ainsi prétendre vivre l'amour librement a pour sens de se vautrer dans l'orgie. Dès qu'on remet en cause des règles existantes, on entend souvent le cri du cœur : « je ne fais pas n'importe quoi ! » Sous-entendu qu'on n'aurait le choix qu'entre le conformisme étroit et le délire le plus complet. Et avec ça, le mensonge et la manipulation règnent.

Échapper au désastre général exige de se remettre en question. Et pour cela d'identifier les pièges sur le chemin de « l'amour », ou tout au moins de sa recherche.

Il me semble qu'il y en a cinq principaux : l'ivresse sentimentale, l'ivresse tactile, l'ivresse sexuelle, l'amour isolé et l'amour enfermé. Je vais à présent les détailler ici.

On parle souvent de l'ivresse alcoolique, de la toxicomanie en général. Du plaisir qu'on en retire et des inconvénients qu'elle entraîne. L'homme peut s'auto-souler avec une substance qu'il produit lui-même : ses endorphines. L'ivresse endorphinique peut avoir les conséquences les plus dramatiques. Quand on se gargarise avec un amour passionnel, on est drogué. Les effets ressemblent à ceux obtenus avec des drogues artificielles. On perd son sens critique, on exagère les qualités de l'autre, on se croit indispensable à lui ou à elle, alors qu'en fait on en est devenu dépendant. Quand j'ai vécu ce genre de dérèglement, l'objet de mes illusions, la source de mes shoots d'endorphines m'apparaissait comme quelqu'un de formidable, alors qu'elle était tout à fait ordinaire. Sa beauté je l'imaginais et la voyais, alors qu'à un moment-donné elle était devenue obèse. La sagesse populaire a résumé ce genre de déformation de la vision : « l'amour rend aveugle ». Je m'imaginais ne pas pouvoir vivre sans la source de mon auto-droguage. Je me souviens dans un restaurant comment je me délectais de sa vue cependant qu'une petite voix intérieure me rappelait à l'ordre : « arrêtes de la regarder comme ça ! »

J'étais ivre. C'est bien agréable. Mais se bourrer la gueule, est-ce que c'est un but dans la vie ? Et, attention aux lendemains de cuite, aux atterrissages ! Le sevrage brusque causé par la rupture conduit chaque année des dizaines de millions d'hommes et de femmes au suicide. De pas grand chose on fait une montagne. Et le jour où on le perd, on n'est plus rien, on perd le goût de vivre. Il vaut mieux éviter de se saouler.

L'ivresse sentimentale n'est pas la seule. Il existe également deux autres ivresses au moins. L'ivresse tactile est causée à l'occasion par des caresses. J'ai connu par deux fois ce genre d'état déficient. Une fois j'étais allongé sur mon lit, l'objet de mes rêves s'était allongée sur moi. Nous étions habillés. Je lui ai un peu caressé un sein, et voilà que « je ne me suis jamais aussi bien senti ». En fait j'avais un coup dans le nez ! L'autre fois, c'était au lit avec ma copine de l'époque qui m'a caressé le dos et je ne n'ai jamais senti une caresse plus agréable. Au point d'en brosser des théories par la suite ! J'avais vidé une bouteille d'endorphines... Il m'a fallu vingt-sept années pour laisser tomber cette dangereuse illusion. Non, il n'existe pas une terre promise des câlins. Les câlins ne sont pas si importants que ça. On peut parfaitement s'en passer.

La troisième ivresse que je passerais ici en revue est l'ivresse sexuelle. Il peut arriver que subitement un acte sexuel quelconque dégage une surcharge d'endorphines et une brève ivresse intense. N'identifiant pas la nature du phénomène - on s'est incidemment « bourré la gueule » aux endorphines, - on cherchera à « retrouver » cet instant délicieux et fulgurant. Et plus on le cherchera, moins on le trouvera. J'ai connu ainsi un homme qui recherchait depuis des dizaines d'années ce qu'il avait ressenti avec sa petite copine quand il avait dix-huit ans. Il était bien sûr systématiquement insatisfait. Car rechercher par le raisonnement de parvenir à un état de soulerie est un non sens. Mais si ces ivresses sentimentale, tactile ou sexuelle sont des plus agréables sur le coup, que de dégâts elles occasionnent ensuite dans la vie ! Si on n'a pas la prétention de réduire notre vie à l'alcoolisme, il faut raisonnablement se détourner de l'ébriété endorphinique, après l'avoir identifié pour ce à quoi elle se résume : un surcroit d'endorphines provoqué par des circonstances données.

L'amour isolé et l'amour enfermé sont deux autres obstacles à l'épanouissement humain. Comme on se sent dramatiquement en manque d'amour, de caresses, de sexe, le jour où on pense avoir rencontré la bonne personne, on tend à s'isoler avec. On voit moins les amis, on s'enferme avec l'autre dans des activités à deux, un logement commun... et on arrête de vivre pour se gargariser.

L'étape qui suit cet auto-isolement est l'auto-enfermement. On s'organise des motifs pour croire qu'il est impossible de sortir de cet isolement. Certains chercheront à avoir des enfants pour verrouiller leur union. Pauvres enfants réduits au rôle de « ciment » de « l'union » des parents ! Qui peuvent aussi se croire enfermés dans leur isolement par « l'officialisation » de leur concubinage !

Le jour où le rideau des illusions se déchire, ça peut faire très mal ! Et pourtant, si on sait reconnaître les obstacles, les pièges, il est facile de les éviter ! Si vous commencez à délirer à propos de quelqu'un, arrêtez de boire !

Évitez de vous isoler si quelqu'un vous plaît et de vous enfermer avec. C'est tout à fait possible à condition d'avoir conscience des pièges qui existent. Et alors on retrouve la confiance. Non pas la confiance aveugle et suicidaire dans « l'autre », mais la seule vraie confiance : la confiance en soi-même et dans la vie.

« Donner sa confiance » : mais il n'y a rien à donner ! Il suffit d'être. Et clairement tracer les limites aux autres. Ce n'est pas si difficile si on sait ce qu'on veut et on annonce clairement aux autres ces limites fixées par nous. On amènera les autres à s'incliner ou passer leur chemin. Et c'est tant mieux.

Comme je goute aujourd'hui ma belle solitude et mes lendemains prometteurs. A condition de savoir où mettre les pieds, le chemin est toujours fleuri et verdoyant ! Certes, on me fera remarquer qu'il est dur de renoncer à de belles choses, fussent elles de beaux pièges ou de belles illusions. C'est vrai, c'est difficile. De même que renoncer à boire est difficile à l'ivrogne. Et continuer à boire paraît plus facile. Chacun ses choix, certains ne renoncent pas. D'autres renoncent. Mais renoncer à des illusions, c'est prendre le risque de l'authenticité. N'est-elle pas infiniment préférable à l'illusion ?

Les illusions ne sont pas le seul obstacle sur le chemin de la confiance. Mais c'est le plus perfide. Car il nous désarme, nous livre, nous déstabilise. La remise en question des illusions est le premier pas vers la confiance retrouvée. Condition nécessaire pour trouver enfin l'expression d'un amour équilibré et non d'un sentiment déstabilisant. Certains croient que la peur, la souffrance, la fuite, la déception, le désespoir, voire la folie et le suicide, sont inhérents à l'amour. En fait, ils sont plus ou moins inhérents à ce que nous croyons à tort être la recherche de l'amour. Et qui n'est qu'une traître et triste caricature. Si l'amour vous fait peur, déçoit, fait souffrir, désespère, rend fou, donne envie d'en finir, ce n'est pas l'amour. C'est autre chose. Qu'il importe absolument de rejeter pour avancer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 décembre 2015

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