samedi 5 décembre 2015

479 Blocage des câlins : la situation classique de Dah et Duh

Dah a moins de vingt ans. Duh en a plus de soixante. Ils manquent tous les deux de câlins, sont voisins et s'estiment bien. Pourtant, entre eux, il ne se passera rien.

Duh voudrait bien échanger des caresses avec Dah, dormir avec elle et s'en tenir là. Mais exprimer rien que ce souhait est déjà impossible dans notre société. S'il le fait, il paraîtra fou, vicieux et sournois, dragueur, inquiétant. Dah voudrait bien des câlins en général. Mais pour elle, ils sont forcément « sexuels », impliquent le coït. Avec de l'amour, amour qui est au sexe ce que la crème Chantilly est au café liégeois : la garniture adoucissante. Mais voilà, Dah fréquente un milieu où les jeunes gens gavés de pornographie rêvent de baise et d'aventures. Éventuellement avec Dah, comme second choix. Dans son milieu elle n'est pas le top modèle. D'autres culs sont bien plus courus. Alors, elle temporise, rêvant de rencontrer « le tout en un », la pizza complète : le « Grand Amour », parfaite foutaise après laquelle courent des millions de gens.

Duh, de son côté se satisfait de la situation. Car il la comprend. Et sait qu'il n'en est pas responsable. De plus, par expérience, il n'ignore pas les problèmes liés aux endorphines. En cas de manque de câlins, le jour où des câlins arrivent de la part de quelqu'un, il y a risque de surcharge d'endorphines. On grimpe sur son petit nuage, béat on perd son sens critique... et combien d'autres alors en profitent ! On appelle cet état de béatitude stupide : « être amoureux ». Le réveil est difficile.

On peut aussi rêver de rencontrer amour et câlins. Alors on commence à délirer à propos d'une personne, généralement qu'on connaît peu. Et on imagine vivre le nirvana avec elle. Souvent, en le cherchant, on arrive droit dans le mur. L'état de carence endorphinien peut également conduire à des situations de manque. On est triste sans raison. Ou, subitement, par exemple le matin seul dans son lit, on commence à enrager après un homme politique en place, qu'on n'aime pas. Ou après quelqu'un qui vous a énervé, collègue de travail, connaissance de proximité, ou autre. Ou encore on passe en revue telle ou telle grande cause et on se dit : « mais que pourrais-je faire pour que ça aille mieux ? Rien ! » Et on se désespère. Il ne s'agit là en rien de raisonnements, mais simplement du manque d'endorphines qui tourmente vos pensées. Ces pensées sont ici d'origine parasite.

La principale cause de malheur chez les humains, ce sont des souffrances intérieures qui sont d'origine humaine. Avec des conséquences d'ampleur variable, qui vont jusqu'au meurtre ou au suicide, qui est le meurtre de soi-même. Il faut cultiver notre bonne humeur comme on cultive amoureusement son potager.

Ça ne sert à rien de s'énerver après l'incapacité fréquente des humains à faire leur bonheur, alors qu'ils disposent de tout pour y arriver. Donnons simplement l'exemple. Ceux ou celles qui nous suivront : tant mieux. Ceux ou celles qui n'y arriveront pas : tant pis. La vie continue ! Vivons !

Soyons généreux avec les autres : occupons-nous de nous-mêmes. Montrons aux autres que le bonheur est d'ores et déjà possible. Sans construire des empires ou rencontrer des demis-dieux. Nous pouvons déjà faire beaucoup. À commencer par comprendre ce qui nous arrive. Et, dans la mesure du possible, choisir notre chemin. Quitter la tranchée obscure et commune du troupeau et aller vers le soleil.

Par exemple : si au lieu de persister dans la quête douloureuse et stérile d'une créature de rêve, vous vous investissiez dans la création d'une goguette ? Petit groupe chantant de moins de vingt membres se rassemblant ponctuellement pour passer un bon moment ensemble. C'est gratuit, simple, demande juste du doigté et de la persévérance. Et c'est du bonheur garanti à chacune des réunions !

Basile, philosophe naïf, Paris le 5 décembre 2015

7 commentaires:

  1. Comment on fait pour parler avec toi/vous ? J'entends par là autrement que via ton/votre blog. Enfin si tu veux/vous voulez
    (j'ai dû me créer un compte google juste pour commenter cet article)

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    1. Merci pour votre commentaire. Qu'est-ce qui vous a intéressé ou frappé particulièrement dans cet article ? Cordialement. Basile

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    2. Ce n'est pas cet article en particulier, c'est le blog globalement (tutoyez moi j'ai 22 ans !) vous êtes insolite et vous semblez méprisez le reste du monde. Je suis tombée sur votre blog par hasard tout à l'heure je m'ennuyais et j'ai ressenti l'envie de vous parler

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    3. (et certains articles (que j'ai trouvé dérangeants) m'ont poussé à m'interroger. Et c'est justement parce que j'ai trouvé vos opinions dérangeantes, particulières mais "cohérentes dans leur logique interne" que j'ai eu envie de vous parler voilà)

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    4. Je ne méprise pas les gens, au contraire. Si je vous donne cette impression, c'est probablement parce que je cherche dans des domaines où on nous dit qu'il n'y a rien ou guère à trouver. En particulier dans le domaine des relations humaines qui sont très souvent la source de très grandes souffrances. Quand nous sommes petits, nous apprenons beaucoup de choses : à manger avec une cuillère ou une fourchette, à boire au verre, à marcher, à utiliser les toilettes... Mais, apprenons-nous à aimer ? Il semble qu'il y a une très grande lacune de ce côté-là dans notre éducation. Soit que très petits nous savions aimer naturellement et instinctivement, et on nous l'a fait oublier. Soit qu'on nous a empêché de l'apprendre spontanément. Soit qu'on nous a égaré ou instruit de mauvaise façon. Toujours est-il qu'un très grand nombre d'humains qui souhaiteraient aimer, être aimés, souffrent grandement de se sentir à tort ou à raison seuls et rencontrent peines et déceptions. Je n'ai pas le sentiment qu'on nous donne des réponses à nos interrogations. Souvent on nous dit que chercher à aimer et rencontrer des déboires dans cette recherche représente une « affaire personnelle ». Mais une affaire personnelle qui touche des millions de gens, c'est l'expression au plan individuel d'une affaire général. Comme je ne veux pas me résigner avec les réponses du genre : « c'est la faute à pas de chance » ou : « c'est la faute à l'autre », je cherche des explications, car je pense qu'on pourrait grâce à elles améliorer notre sort. Déjà améliorer le mien, et peut-être aussi celui d'autres. C'est une des raisons d'être de mon blog. Quant à en parler de vive voix, pourquoi pas ? Avez-vous une idée comment procéder ?

      Post scriptum : Ne vous formalisez pas si je vous vouvoie, c'est sans doute une mauvaise habitude de ma part, mais quand je rencontre quelqu'un c'est comme ça que je fais le plus souvent. Le tutoiement arrive après, tout à fait naturellement.

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    5. Réponse au post scriptum : aucun problème :)
      Quand je disais parler, ça ne voulait pas dire de vive voix. Mais bon, si vous voulez/pouvez pourquoi pas ! Non, j'entendais plutôt par un moyen virtuel genre yahoo messenger, outlook

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    6. Correspondre et se parler de vive voix ne sont pas deux choses incompatibles. Pour ce qui est d'utiliser Yahoo messenger ou Outlook, j'avoue que je n'ai jamais fait appel à eux, mais je peux apprendre. Car j'ai commencé à écrire à l'époque des plumes sergent-major et des encriers Waterman, et à présent je rédige depuis plusieurs années un blog sur Internet.

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