On a beaucoup écrit et
parlé à propos de l'affaire Weinstein. Le dernier écrit que j'ai
lu à ce sujet disait que c'était regrettable et dommageable pour le
cinéma d'avoir importuné ainsi un grand réalisateur de films. En
résumé : il aurait été berger, balayeur ou mendiant, tant
pis pour lui ! Mais un producteur de cinéma doit être laissé
en paix, quel que soit les actes qu'on pourrait lui reprocher.
Cette affaire Weinstein et ses suites médiatiques peuvent néanmoins être considérées de façon critique, mais pour une toute autre raison. Qu’on libère la parole des victimes et dénonce les agresseurs est une excellente chose. Rien à redire, mais il y a un hic dans beaucoup d'écrits sur cette affaire. On fait comme si les agressions sexuelles se résumeraient à de mauvais écarts de conduites de certains hommes. Or il s'agit de bien autre chose que seulement cela.
Cette affaire Weinstein et ses suites médiatiques peuvent néanmoins être considérées de façon critique, mais pour une toute autre raison. Qu’on libère la parole des victimes et dénonce les agresseurs est une excellente chose. Rien à redire, mais il y a un hic dans beaucoup d'écrits sur cette affaire. On fait comme si les agressions sexuelles se résumeraient à de mauvais écarts de conduites de certains hommes. Or il s'agit de bien autre chose que seulement cela.
Il s'agit de l'expression
d'un très ancien conflit entre l'ensemble des hommes agressant
l'ensemble des femmes. Quelle est l'origine, la nature, l'ampleur et
l'intensité de ce conflit ?
Son origine est très
ancienne. Ce qui ne signifie pas qu'il durera forcément toujours.
L'homme a cru de bonne foi durant au moins vingt mille ans être le
seul intervenant actif dans la reproduction humaine. Il connaissait
certainement l'acte sexuel comme reproducteur et la durée de la
gestation, car il avait inventé l'élevage. Mais il ne savait rien
de l'ovulation. Juste des âneries proférées sur la femme qui a ses
règles et fait tourner le lait ou le jambon rien qu'en l'approchant.
Un ami m'a raconté avoir vu à l'entrée d'un temple en Inde une
immense pancarte prévenant que les femmes ayant leurs règles
étaient strictement interdites dans ce lieu.
L'ignorance de la réalité
de l'ovulation a duré au moins deux cent siècles. L'ovulation n'a
été décrite scientifiquement que vers 1845 par les deux médecins
français Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier. Fait
significatif, on ne voit guère qui que ce soit signaler cette
immense découverte qui nous concerne tous. Et les Français si fiers
d'ordinaire des découvertes faites par des Français ne s'en vantent
autant dire nulle part.
Le fait que l'homme a cru
que la femme n'était qu'une sorte de terre passive où il déposait
sa semence a conduit au mépris des femmes. Et à la prétention
incroyable que la femme appartient à l'homme. Le vocabulaire est
éloquent : l'homme « prend », « possède »
la femme quand il la baise. La femme alors « lui appartient ».
Comme elle n'est que de la terre son travail gestationnel, maternel
et domestique n'est ni reconnu, ni rémunéré et ne donne pas droit
à une retraite en or massif. Retraite qu'elle mériterait. Si la
femme travaille à l'extérieur de son foyer, le plus souvent on la
paye moins qu'un homme pour le même travail. Elle a aussi généralement droit à
moins de promotions que l'homme. Il y a peu encore la femme d'artisan qui
travaillait avec son mari en France n'avait simplement droit à rien
pour sa retraite. En résumé, aux yeux des lois, la courageuse et
très laborieuse femme d'artisan n'existait pas.
Pour justifier le fait de
ne pas donner l'égalité salariale et de carrières professionnelles aux femmes,
certains disent : « leur carrière est perturbée par les
grossesses et les enfants à s'occuper. » Oui, mais, pauvres
machos qui parlez ainsi, si les femmes ne font plus de gosses, où
trouverez-vous les futurs travailleurs ?
Une amie qui habite dans
un coin plutôt paisible du quatorzième arrondissement de Paris me
redit régulièrement ceci : « je fais de l'insomnie.
J'aimerais bien quand il est trois heures du matin sortir seule me
promener, prendre un peu l'air dans le quartier et puis me recoucher.
Mais je ne peux pas le faire parce que je suis une femme. » En
résumé : la peur de l'agression sexuelle et du viol impose à
nombre de femmes un couvre-feu de facto à Paris et dans d'autres
villes. Où est alors la Civilisation ? Notre société
prétendument évoluée et égalitaire ne l'est tout simplement pas.
Quand une jolie femme se
fait violer, il y a des imbéciles pour dire que sa tenue ou ses
manières représentaient une provocation. Qu'elle est donc coupable
de ce qui lui est arrivé. Mais quand un homme riche et bien habillé
se fait attaquer et dévaliser dit-on que c'est de sa faute ?
Devrait-il s'habiller préventivement en clochard ?
Si on vous vole votre
voiture de sport dit-on que c'est votre faute car vous auriez du vous
déplacer dans une vieille bagnole pas chère et pourrie ?
En vérité on cherche à
dédouaner les hommes violeurs en prétendant que les femmes sont
responsables de leurs actes criminels. J'ai passé environ deux
années à l’École des Beaux-Arts de Paris à dessiner du matin au
soir de jolies femmes nues à l'amphithéâtre de croquis dit « Cours
Yvon », qui n'existe plus depuis bien longtemps. Je n'ai jamais
manqué de respect à aucun modèle et n'ai jamais entendu parler de
quelque agression de femme ou d'homme posant nu dans cette école.
Durant vingt mille ans
l'homme s'est cru le principe actif reproducteur, d'où sa très
fréquente inconduite, y compris aujourd'hui, à l'égard de la
femme. Il se croit tout permis. La plupart des hommes hélas, y
compris intelligents et cultivés, sont très cons quand il s'agit de
leur compagne potentielle. Il serait très souhaitable, pour les
femmes et aussi pour les enfants et pour les hommes, que l'homme
cesse de mal se conduire. Il faut que l'homme devienne adulte et
cesse de jouer au commerce et à la guerre. Sinon, avec les moyens de
destruction et pollution dont il dispose il fera encore beaucoup de
tort à lui-même et à celle qu'il a le devoir d'aimer.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 31 mars 2018
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