Quand on évoque le
rapport entre l'amour et l'amitié, on rencontre plusieurs façons de
voir la chose. Ou bien l'amour est comme l'amitié. Ou bien l'amour
est comme l'amitié mais en plus fort. Ou bien encore l'amour serait
de l'amitié plus certains ingrédients, en particulier la sexualité.
C'est-à-dire la recherche frénétique et permanente de l'acte
sexuel et le paiement mutualisé des factures de gaz et
d'électricité, autrement dit : « être ensemble »,
« sortir ensemble », etc. Le « sexe » serait
la clé magique. L'amitié se situerait au dessus de la ceinture,
l'amour en dessous. Ce genre de bricolage a le mérite d'exploser tôt
ou tard, laissant les protagonistes seuls, hébétés, malheureux et
groggys.
En fait la chose est
simple : l'amour n'est pas l'amitié. En dépit des
confusions sémantiques il s'agit de deux sentiments proches mais
fondamentalement différents. Voyons un peu ces différences.
Quand on est simplement
amis, penser à un ou une amie est agréable. Quand on est amoureux,
il suffit de penser à l'autre pour être très simplement heureux.
Quand on est amis et même
très bons amis on peut rester plusieurs mois sans problèmes sans se
voir. Quand on est amoureux on a besoin de voir l'autre. C'est comme
la faim ou la soif ou l'envie de dormir, qui sont aussi des besoins.
L'apparition de ce besoin inhabituel peut effrayer.
Quand on est amis, on
aime ou peut aimer quantité de personnes. Quand on est amoureux,
celui ou celle qu'on aime est fondamentalement différent des autres.
On le sent spontanément. On se dit en contemplant plusieurs femmes
réunies au nombre desquelles celle que l'on aime : « telle
femme est belle, gentille, sympathique, mais ce n'est pas elle. Elle,
celle qu'on aime, est différente des autres. Pourquoi ? Parce
que c'est elle. » Il existe un débat autour du thème :
« peut-on être amoureux de plus d'une personne à la fois ? »
Je ne me hasarderais pas à y répondre. Pourquoi ? Parce que
pour ma part, tout en reconnaissant aux autres le droit de faire de
leur vie ce qu'ils veulent, je n'ai jamais été amoureux autrement
que d'une personne à la fois, pas deux, trois ou plus.
Il existe aussi un
sentiment propre à l'amour que j’appellerai « le sentiment
du sacrifice romantique ». On pense à celui ou celle dont on
est amoureux et on se dit : « je donnerais sans problème
ma vie pour sauver la sienne ». En fait la question ne se pose
pas. Cette pensée signifie simplement : « je ne conçois
pas de pouvoir vivre sans la personne dont je suis amoureux. »
Les pensées suscitées
par l'amour, quand il vient en nous, bousculent nos manières
habituelles de penser. Ainsi, commençant à être amoureux de
quelqu'un je me disais : « pour la première fois depuis
des années j'ai envie de faire confiance à quelqu'un. » Il
faut inverser le raisonnement. En fait la vraie pensée est la
suivante : « pour la première fois depuis des années
j'ai confiance en moi et accepte l'échange amoureux avec cette
personne. » Ce n'est pas en l'autre, mais en moi que j'ai
confiance. Et de ce fait j'accepte l'amour et cesse de l'éviter.
Pourquoi aime-t-on
d'amour ? Parce que l'attraction des contraires est universelle.
Le masculin attire le féminin et réciproquement. L'homme et la
femme sont symétriques, dynamiques, opposés et complémentaires,
l'homme comptant une part de féminité et la femme comptant une part
de masculinité. Ils sont Yin et Yang. Malheureusement l'amour
véritable est ô combien rare. Il ne fleurit guère car on ne
l'arrose pas avec le respect et la patience. Il vaut mieux attendre
cinquante ans l'amour vraie plutôt qu'accepter de faire de
chimériques bricolages qui abaissent l'amour au rang d'amitié
truquée.
Avant d'aimer l'autre
d'amour, il faut aimer et respecter l'amour et s'aimer vraiment
soi-même.
Basile philosophe naïf,
Paris le 15 mars 2018
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