jeudi 15 mars 2018

911 L'amour n'est pas l'amitié

Quand on évoque le rapport entre l'amour et l'amitié, on rencontre plusieurs façons de voir la chose. Ou bien l'amour est comme l'amitié. Ou bien l'amour est comme l'amitié mais en plus fort. Ou bien encore l'amour serait de l'amitié plus certains ingrédients, en particulier la sexualité. C'est-à-dire la recherche frénétique et permanente de l'acte sexuel et le paiement mutualisé des factures de gaz et d'électricité, autrement dit : « être ensemble », « sortir ensemble », etc. Le « sexe » serait la clé magique. L'amitié se situerait au dessus de la ceinture, l'amour en dessous. Ce genre de bricolage a le mérite d'exploser tôt ou tard, laissant les protagonistes seuls, hébétés, malheureux et groggys.

En fait la chose est simple : l'amour n'est pas l'amitié. En dépit des confusions sémantiques il s'agit de deux sentiments proches mais fondamentalement différents. Voyons un peu ces différences.

Quand on est simplement amis, penser à un ou une amie est agréable. Quand on est amoureux, il suffit de penser à l'autre pour être très simplement heureux.

Quand on est amis et même très bons amis on peut rester plusieurs mois sans problèmes sans se voir. Quand on est amoureux on a besoin de voir l'autre. C'est comme la faim ou la soif ou l'envie de dormir, qui sont aussi des besoins. L'apparition de ce besoin inhabituel peut effrayer.

Quand on est amis, on aime ou peut aimer quantité de personnes. Quand on est amoureux, celui ou celle qu'on aime est fondamentalement différent des autres. On le sent spontanément. On se dit en contemplant plusieurs femmes réunies au nombre desquelles celle que l'on aime : « telle femme est belle, gentille, sympathique, mais ce n'est pas elle. Elle, celle qu'on aime, est différente des autres. Pourquoi ? Parce que c'est elle. » Il existe un débat autour du thème : « peut-on être amoureux de plus d'une personne à la fois ? » Je ne me hasarderais pas à y répondre. Pourquoi ? Parce que pour ma part, tout en reconnaissant aux autres le droit de faire de leur vie ce qu'ils veulent, je n'ai jamais été amoureux autrement que d'une personne à la fois, pas deux, trois ou plus.

Il existe aussi un sentiment propre à l'amour que j’appellerai « le sentiment du sacrifice romantique ». On pense à celui ou celle dont on est amoureux et on se dit : « je donnerais sans problème ma vie pour sauver la sienne ». En fait la question ne se pose pas. Cette pensée signifie simplement : « je ne conçois pas de pouvoir vivre sans la personne dont je suis amoureux. »

Les pensées suscitées par l'amour, quand il vient en nous, bousculent nos manières habituelles de penser. Ainsi, commençant à être amoureux de quelqu'un je me disais : « pour la première fois depuis des années j'ai envie de faire confiance à quelqu'un. » Il faut inverser le raisonnement. En fait la vraie pensée est la suivante : « pour la première fois depuis des années j'ai confiance en moi et accepte l'échange amoureux avec cette personne. » Ce n'est pas en l'autre, mais en moi que j'ai confiance. Et de ce fait j'accepte l'amour et cesse de l'éviter.

Pourquoi aime-t-on d'amour ? Parce que l'attraction des contraires est universelle. Le masculin attire le féminin et réciproquement. L'homme et la femme sont symétriques, dynamiques, opposés et complémentaires, l'homme comptant une part de féminité et la femme comptant une part de masculinité. Ils sont Yin et Yang. Malheureusement l'amour véritable est ô combien rare. Il ne fleurit guère car on ne l'arrose pas avec le respect et la patience. Il vaut mieux attendre cinquante ans l'amour vraie plutôt qu'accepter de faire de chimériques bricolages qui abaissent l'amour au rang d'amitié truquée.

Avant d'aimer l'autre d'amour, il faut aimer et respecter l'amour et s'aimer vraiment soi-même.

Basile philosophe naïf, Paris le 15 mars 2018

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