Les femmes et les jeunes
filles qui vivent à Paris, surtout si selon les critères en vogue
elles sont jolies, connaissent de nos jours un climat d'agressions
sexuelles permanentes. La société a évolué ces dernières
décennies. Par exemple, depuis 1965 en France les femmes mariées,
peuvent ouvrir un compte bancaire ou prendre un emploi sans devoir
demander l'autorisation à leur mari. Le concept d'« autorité
parentale » a remplacé le vieux concept machiste de « chef
de famille ». Les mots « macho », « machisme »,
« féminisme » et « sexisme » se sont
vulgarisés et même sont pour certains apparus seulement depuis une cinquantaine d'années.
Petit, je devais avoir
sept, huit ou neuf ans, c'était donc en 1958, 1959 ou 1960, en
dérivant du mot racisme j'avais inventé le mot « sexisme ».
J'en étais tout fier. Je répétais à ma mère à propos de
l'inconduite masculine : « mais c'est du sexisme, du sexisme
! » Je m'en souviens très bien. Nous marchions alors, le soir,
avenue Denfert-Rochereau de retour du jardin du Luxembourg.
Mais, pour revenir à la
situation actuelle des femmes et jeunes filles classées
« séduisantes » à Paris : la situation des femmes a
évolué, aussi grâce à la légalisation de la contraception orale,
de l'avortement et grâce à la féminisation partielle de la police
qui a permis que leurs plaintes soient mieux entendues quand elles
viennent se plaindre d'agressions machistes. Mais les hommes dans
leur immense majorité sont toujours aussi bêtes qu'avant. Je sais
de quoi je parle, car il arrive que des femmes rompent le silence
qu'elles ont vis-à-vis des hommes en m'en parlant.
Une très jolie fille
m'expliquait il y a des années que, quand elle traversait seule
Paris, elle était toujours abordée au moins deux fois par un
bafouillant : « mademoiselle, mademoiselle ! » émanant
d'un quelconque jeune abruti qu'elle pouvait incidemment croiser.
Trois jeunes Parisiennes
théâtreuses avec lesquelles je parlais il y a quelques jours de la
mauvaise condition féminine actuelle m'ont carrément dit être en
permanence sur la défensive.
Il y des années, un
artiste peintre qui peignait des aquarelles au jardin du Luxembourg,
m'a raconté qu'il était resté estomaqué de constater qu'il y
avait dans le jardin certains hommes qui en faisaient le tour et
abordaient et importunaient systématiquement toutes les jeunes
femmes seules.
Ce qui rejoint le propos
d'une voisine de ma rue et d'une dame de mon entourage qui m'ont dit
renoncer à aller lire seule dans un grand jardin parisien, car elles
se faisaient systématiquement aborder par des abrutis de sexe
masculin.
Le machisme est bien
présent à Paris et les dernières campagnes médiatiques contre les
agressions sexuelles font comme s'il s'agissait d'une minorité
d'hommes qui se conduisent mal, alors qu'il s'agit d'un climat
relationnel général complètement pourri et habituel. Dont les
femmes finissent même par ne plus se plaindre, tant il est
omniprésent. La peur du viol n'en est qu'un aspect. Il existe une
peur de l'autre qui est imprégnée dans l'ensemble des relations
homme-femme, y compris entre des personnes de sexes opposés proches
et réciproquement bienveillantes.
Une partie au moins de
l'attitude des femmes à l'égard des hommes ressort de la crainte
générale régnant dans les relations inter-sexuelles à Paris. Il
ne s'agit pas de la peur de l'autre, mais de la peur de se laisser
aller vers l'autre, qui attire mais aussi fait peur. Je sais de quoi
je parle. J'ai connu durant de très nombreuses années et connaîtrais
peut-être encore la peur des femmes, surtout celles qui me
paraissent proches.
J'observais récemment
une amie quittant une soirée dansante à Paris. Elle a salué
affectueusement trois hommes, dont moi, qu'elle connaît. Et ignoré
un quatrième, que pourtant elle connaît aussi. Motif visible :
celui-ci, au moment de la quitter à un changement de cavalière l'a
ce soir-là, d'autorité, pris dans ses bras pour lui faire une sorte
de câlin. Mais si en théorie ça devrait être un câlin, dans le
climat délétère et machiste régnant ça revient au fait de tâter
la viande avant consommation. Je me garderais bien d'agir ainsi avec
une femme que j'apprécie et qui ne me connaît pas encore très
bien. De même je ne lui donnerais pas à lire les poèmes que
j'écris sur elle, si beaux soit-il. Et je réfléchirais à deux et
même trois fois avant de lui offrir des fleurs.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 22 mars 2018
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