Quantité de personnes
qui n'ont jamais vraiment rencontré l'amour ou su « le
conserver » vous explique, avec beaucoup d'aplomb, comment vous
devez faire pour y arriver. Ou approuve chez les autres
« d'excellentes méthodes » qui avec elles n'ont jamais
fonctionné. Ils usent aussi du « discours des évidences » :
« il faut être sérieux », « on n'est pas fait
pour vivre seuls », etc. Et s'élève le discours des
lamentations de ceux et celles qui n'y sont pas arrivés. Et qui
finalement quelque part espèrent que surtout personne autour d'eux
n'y arrivent. Je connais des personnes fort aimables que je soupçonne
fort de chercher à « casser la baraque » de tous ceux ou
celles qui risqueraient de vivre quelque chose de positif et humain
en amour. C'est même un espèce d'automatisme chez elles. C'est
pourquoi il y a intérêt souvent à se taire et aussi à se boucher
les oreilles quand on vous encourage à aborder le sujet souvent
perturbé et délicat de « nos amours ».
Combien la vie dite
« privée » tend à ne pas l'être ! « Tu as
une nouvelle copine, dis, tu as une nouvelle copine ? »
« Tu es pressé de rentrer chez toi ce soir, quelqu'un
t'attend ? » Les regards des autres sont souvent braqués
dans nos slips, en toute amitié, bien entendu... Je crois qu'il est
juste d'éluder les réponses, pourquoi ? Parce que ce qui
arrive avec le contenu de nos slips, y compris si rien n'arrive, ne
concerne pas les autres.
Mais qu'est-ce que
l'amour ? Les définitions qui pullulent sont bancales.
Pourquoi ? Parce que ce sont des définitions. Je m'explique :
peut-on définir un rosier en indiquant la taille précise que
doivent avoir chacune de ses feuilles au millimètre près ?
Bien sûr que non. Les définitions de l'amour prétendent justement
à ces définitions. Le vivant ne se définit pas ainsi, justement
parce qu'il est vivant. L'amour est un sentiment vivant, pas un
contrat d'assurances. Et combien de gens voudraient qu'il ressemble à
un contrat d'assurances. Ainsi pour exemple je donnerai un
remarquable fiasco : deux individus de sexe opposé s'aiment
d'amitié, se racontent leurs vies, se retrouvent souvent ensemble,
tout l'entourage est persuadé qu'ils sont « ensemble ».
Ces deux crétins vont se dire : « et si nous formions un
couple ? » Donc : on déclare à la cantonade « qu'on
est ensemble », on s'installe dans un logement commun, on
baise. Et après deux ans de « paradis » arrivent un peu
plus de deux ans d'enfer. Et au bout le tout explose et il ne reste
rien, pas même l'amitié. Pourquoi ? Parce que ces deux
imbéciles ont voulut faire de l'amour un jardin. Il y avait des
codes à suivre, exactement comme des pelouses bien tondues ou des
buis bien taillés en boules. Or il faut savoir que : « L'amour
est une fleur sauvage qui ne pousse pas dans les jardins ».
Autre exemple : quel
lien existe entre l'amour et la poésie. Aucun. Vous pouvez délirer
joliment à longueur de pages sur une zezette ou un zouzou
quelconque, l'amour est ailleurs. Il est au delà des mots. Car les
mots, avec leurs règles de fer, sont des petits jardins. Alors,
faisons pour notre usage personnel ou le plaisir des autres de jolis
petits jardins, de très beaux poèmes d'amour... mais ne confondons
pas la poésie et la vie. Je l'ai eu fait jadis et m'en est pris
de sacrés retours de manivelles. Les demoiselles poétisées
appréciaient mes pensums amoureux. Mais pour le reste prenaient
gentiment la fuite. Si vous voulez que la vie vive ne confondez pas
la vie avec la poésie. La poésie c'est juste de la poésie.
C'est-à-dire pas autre chose qu'un peu de peinture sur une feuille
de papier qui n'est rien comparé à la réalité du
paysage représenté.
Aimons en conformité
avec ce qu'est l'amour : une fleur sauvage qui ne pousse pas
dans les jardins. Évitons de commencer à dresser des clôtures et
vouloir faire des plantations. Et de planter des écriteaux avec
marqué dessus : « propriété privée, jalousie
autorisée ». Je connais une demoiselle qui s'extasie devant la
jalousie de son amant... gare aux retours de manivelle ! A force
de vouloir contrôler la pousse des brins d'herbe dans son jardin, il
pourrait finir par ne plus rien y pousser. Mais à nous de savoir ce
que nous choisissons : le libre amour ou « la belle prison
jardinière ».
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 mars 2018
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