dimanche 18 mars 2018

917 Swing thérapie et thérapie par le tango

J'avais sept ans. Je n'allais pas à l'école. Mon temps était très souvent occupé à partager des activités avec ma sœur de quatre ans plus âgée. Tout se passait sans anicroches, jusqu'au moment où je réalisais une chose bizarre, incompréhensible et irritante. A diverses reprises ma sœur sous prétexte de me soulever de terre, visiblement exprès et sans m'en dire un mot, prenait dans sa main mon sexe à travers mes vêtements. J'ignorais absolument tout de la sexualité. Ne m'y intéressait pas. Le sexe je ne le voyais que comme un organe servant à uriner. Le geste répété de ma sœur m'a irrité. J'ai décidé de lui rendre la pareille. Un jour je l'attrape et la soulève de terre en lui prenant le bas-ventre avec une de mes mains. Elle a poussé quelques exclamations inarticulés. Je l'ai reposé par terre. Après cette « revanche » elle n'a pas recommencé son geste irritant. C'est seulement des décennies plus tard, à la cinquantaine révolue que j'ai réalisé que le comportement de ma sœur m'avait traumatisé à l'extrême. J'en souffre encore soixante ans plus tard. En particulier d'une peur des femmes bien chevillée au corps.

En quoi ces agressions sexuelles pouvaient-elles nuire à ce point. Non pas parce que c'était « sexuel ». Nombre d'enfants à ce que j'ai entendu dire, jouent à toutes sortes de jeux sexuels entre eux sans être perturbés par la suite par ces activités. Mais ce qui m'a déstabilisé, c'était le caractère imposé et dominateur du geste répété ainsi et qui me ravalait au rang de simple objet passif et subissant la volonté régalienne de ma sœur. Je n'étais plus un être humain, un partenaire de jeux. J'étais une chose qu'elle utilisait à sa guise. Cette façon d'être considéré par l'autre, c'est ça qui vous traumatise. Et il n'y a pas besoin que ce soit forcément sexuel pour que cette chosification de soi vous fasse très mal. Ignorer votre dignité d'être humain à part entière, telle est la base de l'agression sexuelle ou autre.

Quand on est traumatisé ainsi, on attire l'agression, le non respect et on est attiré par d'autres victimes. On n'arrive pas ou guère à réaliser de grandes choses. On est handicapé par une blessure invisible. Sa présence cachée est durable car généralement on ne la soigne pas. On ignore même qu'on la porte en soi. Il faut très longtemps pour arriver à s'apercevoir qu'elle est là. Mais comment peut-on la soigner ?

En se réapprivoisant au toucher pacifique et respectueux. Ce qui n'est guère possible dans notre société occidentale, française et parisienne qui a horreur du toucher entre adultes. Ce toucher est systématiquement et abusivement étiqueté « sexuel » et qualifié de « préliminaire » de l'acte sexuel obligatoire. Qui est sensé si « tout va bien » obligatoirement suivre...

J'ai préconisé l'organisation de soins tactiles, de caresses thérapeutiques et non sexualisées. Ce genre de soins est difficile à mettre en œuvre et ne sera pas organisé, si ça arrive, avant des délais qui peuvent être très longs. Heureusement il nous reste la solution de la danse de couple.

Une amie qui n'avait pas été touchée par un homme et n'en avait pas touché un depuis des années m'a dit être revenu au toucher grâce à des cours de tango. Moi-même je commence à retrouver ce chemin perdu grâce à des cours de danse swing.

Peut-être un jour on verra des thérapeutes prescrire à leurs patients en psychiatrie des cours de danses et des bals de danses de couple ? Ce serait moins triste que des séances de psychothérapie et la prise de drogues sédatives qui assomment la maladie et le patient avec.

Peut-être un jour on verra au cœur des services psychiatriques surgir une grande piste de danses avec un médecin disc jockey ? Il y avait bien jadis un bal des folles à la Salpetrière.

Basile philosophe naïf, Paris le 18 mars 2018

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