mardi 20 novembre 2018

1096 La femme post-soixant-huitarde

Au début des années 1960 mon père travaillait à Paris, au Centre national de la recherche scientifique. Il avait des collègues féminines. Une d'entre elles avait mauvais genre, me disait ma mère. Elle fumait ! A l'époque c'était mal vu et considéré comme vulgaire. À présent, des millions de femmes fument sans se cacher et rattrappent ainsi les hommes dans le domaine des maladies mortelles causées par le tabac. Elles ont voulut marquer leur émancipation en fumant. Le moyen utilisé était mauvais.

Une jeune femme parisienne amie me confiait en 1983 qu'elle désirait un homme. Mais ne pouvait en aucun cas le lui dire ouvertement ou directement, car ça ferait pute. Dix années auparavant, en visite chez un ami de mon père, ses deux filles adolescente ou jeune fille nous montraient les photos souvenirs de leurs vacances à la mer. Elles nos montraient toutes leurs dizaines de photos exceptées celles où elles figuraient en maillot de bain. Elles les ôtaient soigneusement au fur et à mesure de la pile de plusieurs centimètres de photos qu'elles nous montraient. Et c'était à l'époque absolument normal. Nous montrer leurs photos en maillot de bain aurait été vulgaire et provocateur sexuellement. Puis est venu soixante-huit et d'autres événements et le monde a bien changé.

Aujourd'hui la méthode pour obtenir le meilleur orgasme féminin fait facilement le titre de magazines féminins. Et les sites de rencontres sexuelles sur Internet abondent et vantent y compris les rencontres adultères. Mais derrière cette « libération » apparente, qu'en est-il exactement ?

Comme pour le tabac, les femmes ont suivi le modèle masculin en voulant s'émanciper. Et le résultat est que loin de voir l'amour fleurir, on n'a jamais eu autant de personnes seules des deux sexes. Nous vivons à présent l'époque de la femme tabagique et post-soixante-huitarde qui s'est par deux fois trompée de moyen d'émancipation. Elle a imité l'homme dans sa bêtise. En fumant et en pratiquant le sexe comme un produit de consommation ou d'affirmation ou une sorte de sport. Or l'amour c'est autre chose qu'un sport ou un produit de consommation. Il serait grand temps de remettre à plat le problème. Sans refuser la sexualité il faudrait chercher dans les câlins le modèle d'amour entre adultes. Je sais, on va me rire au nez, mais les câlins sont aujourd'hui les grands sacrifiés des amours adultes. On va « droit au but » et d'emblée ou à la longue on s'emmerde. Ou alors on prétend faire des câlins les « préliminaires » des affaires « sérieuses ». Un travail de réflexion et d'expérimentation s'impose entre adultes pour trouver un amour authentique émancipé des vieilles conventions ou du refus des vieilles conventions.

Renoncer aux erreurs est le prix à payer pour avancer vers une vraie vie amoureuse qui ne s'oppose pas à la sexualité mais n'y est pas non plus subordonnée. Il est triste et pitoyable de voir hommes ou femmes cherchant des trucs pour arriver à la « conclusion », c'est-à-dire au coït. Il n'existe pas de conclusion en amour, pas plus qu'ailleurs. Le chemin de la vie est vaste et long, les « trucs » pour « y arriver » n'existent pas. Le problème qui conduit à la solitude de millions de gens n'est pas la sexualité mal comprise mais l'absence d'amour entraîné par une sexualité caricaturale et hypertrophiée.

L'amour mérite mieux que des « trucs » et des recettes magiques pour obtenir de l'autre ce dont il n'a pas envie.Il est plus juste de partir de la réalité et non des fantasmes fruits du conditionnement et de la culture subie. La poésie peut être un moyen pour parvenir à mieux nous comprendre et comprendre les autres, chose indispensable pour avancer. Il faut arrêter de croire au mirage sexuel de la « sexualité épanouie », qui n'existe que dans l'imagination et au cinéma. Ce qu'il faut, ce sont des femmes et des hommes épanouis qui font aussi quelquefois l'amour, mais surtout d'abord s'aiment et aiment les autres.

Basile philosophe naïf, Paris le 20 novembre 2018

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