La première cause de
décès dans la jeunesse c'est le suicide. La première cause de
suicides dans la jeunesse c'est « l'amour ». C'est aussi
la cause de quantité de suicides et conduites à risques chez des
sujets plus âgés. C'est pourquoi je n'aime pas du tout les
discours, livres, poèmes, articles, films qui idéalisent
frénétiquement « l'amour ». Ils contribuent chaque
année à des drames nombreux.
Quand on parle de « l'amour » on a très souvent affaire à un vrai enfumage. Derrière ce mot on trouve des choses très variées qu'on refuse ainsi de vraiment décrire et analyser.
Ainsi très nombreuses sont les femmes qui suivent quatre grandes étapes dans leur vie « amoureuse ». La première c'est la recherche idéaliste de l'amour avec un grand A. Puis vient la très prosaïque recherche d'un mâle reproducteur qui assumera sa charge de père. Ensuite, la question reproductrice résolue ou non la femme cherchera un amant d'occasion. Qui aura déjà servi à une autre. Enfin, la femme cherchera un bâton de vieillesse. À chaque fois on dira qu'elle cherche « l'amour » alors qu'il s’agit ici de phénomènes particuliers très différents.
Les mâles reproducteurs congédiés par leur compagne forment un vivier d'amants d'occasion idéal pour des cœurs solitaires féminins et déjà un peu âgés. Les bâtons de vieillesse ont un rôle de garde-malade potentiel ou effectif évident. Ils sont également l'objet d'exigences charnelles et de jalousie aiguë de la part des femmes qui les recherchent. Quantité d'hommes finissent par préférer le célibat au rôle d'amant d'occasion ou de bâton de vieillesse. C'est là l'assurance d'une vie plus libre et tranquille.
J'ai 67 ans. Le rôle d'amant d’occasion ou de bâton de vieillesse ne m'intéresse pas. Quand bien-même il m'est parfois très difficile moralement de connaître une certaine solitude. Mais « la solitude à deux » m'apparaît d'évidence ô combien plus difficile et pénible à vivre.
La quasi totalité des hommes sont patriarcaux et ne respectent pas la femme en tant qu'être humain. Résultat, ils ne parviennent pas à témoigner de leur amour pour elles. Elles, de leur côté, de ce fait ne rencontrant jamais l'amour masculin adulte ne savent pas ce que c'est et ne savent pas l'identifier.
Les femmes ainsi que les hommes ignorent pratiquement tous ce qu'est l'amour entre adultes. Leur comportement s'en ressent. Comme les enfants apprennent en regardant les adultes, s'inspirant d'eux, les imitant, cherchant à leur plaire, à leur tour ils ignoreront ce que c'est que l'amour adulte.
Celui qui cherche à savoir ce que c'est peut le découvrir au moins partiellement. Mais pour autant son entourage ne changera pas. Le résultat sera un sentiment très fort d'isolement. Un peu comme un voyant qui se retrouverait dans une société formée d'aveugles. Sa perception pourra le faire singulièrement souffrir face à des aveugles persuadés de voir et entêtés dans la poursuite de leurs erreurs. La recherche philosophique, quand elle aboutit à des progrès réels peut se révéler singulièrement périlleuse, conduire à la dépression et à la folie.
Il est certain que des philosophes isolés ont très mal finis, quand ils n'ont pas tout simplement subit la persécution des non voyants qui les entourent. Dernièrement, dans un grand pays d'orient, une speakerine de la télévision qui avait déclaré l'union libre compatible avec le respect des humains s'est retrouvé jetée en prison pour dix années. La persécution peut prendre une tournure plus subtile. On déclare que telle personne est simplement bizarre. On l'écarte. On la marginalise. On l'isole. Elle fini dans la folie, la drogue, l'alcoolisme, le suicide. On déclare alors que c'était sa responsabilité et la preuve qu'il vaut mieux être « comme tout le monde » plutôt que d'être « bizarre ».
Basile
philosophe naïf, Paris le 28 avril 2018
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