lundi 23 novembre 2015

471 Faiblesses du langage et subtilités du conflit

Le conflit dont il s'agit ici, c'est : SIG. C'est-à-dire, en italien : « siamo in guerra », « nous sommes en guerre ». Il s'agit du conflit très ancien homme-femme. Si ancien qu'on l'attribue à la Nature-même ou à « la fatalité ». SIG est très subtil, car il amène à ne pas poser les bonnes questions. Deux très jeunes filles encore vierges ayant réalisé que je ne développais aucune menace d'agression quelle qu'elle soit envers elles, m'ont posé un jour diverses questions très directes sur le sexe et ma vie sexuelle. Elles souhaitaient ainsi satisfaire une curiosité générale sur un domaine qui les agite beaucoup à leur âge. Une de leurs questions était : « est-ce que faire l'amour c'est agréable ? » La question est très mal posée. Elle revient en effet au même que poser cette autre question : « est-ce que manger est agréable ? » Ça dépend. Manger peut être très agréable, agréable, voire extrêmement désagréable. C'est la même chose pour ce qui est de « faire l'amour ». Cependant, on notera que quantité de livres ou articles font une apologie inconditionnelle de cet acte qui en fait est totalement subordonné à l'ensemble de la relation. Bien trop souvent on fait de l'acte sexuel une sorte de summum de la relation humaine. 

Cette flamboyante ânerie règne en maître dans la tête de nombre d'individus. Quand ils abordent une créature nubile du sexe opposé ayant un joli cul, les garçons, dès treize ou quatorze ans, ont bien souvent cette idée derrière la tête. Et ça ne va pas en s'améliorant avec les années. Soi-disant que ce serait là un effet de « la Nature ». Ladite « Nature » a bon dos. On lui attribue quantité de choses. Ça permet d'éviter de réfléchir et poser les bonnes questions. Ainsi, instrumenté par la pensée unique et omniprésente du tout sexuel, j'ai fonctionné durant bien des années. Je me souviens très bien à ce propos d'un incident qui m'est arrivé il y a six ou sept ans.

Seul dans ma vie, c'est-à-dire sans petite amie, j'avais fait la connaissance d'une jeune et jolie femme. Nous avions un peu sympathisé. Et, un jour, comme nous marchions ensemble, la jeune femme me sort impromptu : « il est exclu que nous fassions l'amour ensemble ! » Je me suis senti intérieurement blessé et contrarié. Stupidement je me suis dit : « mais, je n'ai rien fait ou dit en ce sens. La question ne s'est même pas posée et par avance elle dit non ! C'est un propos abusif ! » Je me suis senti vexé, agressé. Certes, je rêvais de coucher avec elle peut-être un jour... belle illustration de la pensée unique. Une femme égal un cul. Mais comme je me disais : « je n'ai rien dit en ce sens » j'ai interprêté les paroles de la jeune femme comme une agression qui brisait un rêve personnel dont je n'avais pourtant rien dit. J'ai mis six ou sept ans à comprendre ce que signifiait cet incident. Une jeune femme à Paris est agressée trois, quatre, cinq fois par jour quand elle se déplace seule, par des imbéciles qui voient juste un cul à consommer qui passe. Elle est donc sur la défensive face à cet harcèlement. Et, habituée à subir cette situation elle voit bien que moi, pauvre andouille, je suit la même optique.

Certes en évitant d'être grossier. En étant plus aimable que les crétins qui cherchent à l'aborder dans la rue, le métro. Crétin moi-même, je ne réalise pas que c'est facile de m'identifier quand on est habituée à croiser ou rencontrer d'autres crétins. Là, j'ouvre une parenthèse : « les femmes sont-elles contre le fait de faire l'amour? » C'est le point de vue que m'exprimait un dragueur professionnel : « elles ne veulent jamais ! » La question est une fois de plus ici mal posée.

Pour répondre à cette question, j'en poserais une autre. Il existe une banlieue de Paris appelée Gennevilliers. On peut s'y rendre. Et, pourquoi pas ? Y manger des fraises... Et, pourquoi pas ? A la crème. A présent, imaginons que tous les hommes sans pratiquement aucune exception soient obsédés par l'idée de manger des fraises à la crème à Gennevilliers avec la femme qu'ils rencontrent. Ce serait vraiment énervant pour les femmes. Pourquoi ? Parce que c'est du formatage qui nie la réalité de la vie. Avec le sexe, c'est pareil. Une femme est un être humain avec toute sa richesse, sa diversité, son originalité... et, à chaque fois qu'un homme l'aborde, ou presque, surtout si elle est belle, la seule chose qu'il sait lui proposer c'est : « allons ensemble manger des fraises à la crème à Gennevilliers »... Prétendre rétrécir systématiquement la relation homme-femme à la même petite chose, et l'acte sexuel est une petite chose, revient à nier la réalité de la femme en tant qu'être humain. D'où la réaction souvent épidermique des femmes face aux crétins masculins.

Pour rencontrer quelqu'un il faut commencer par éviter de le nier. Ce que font souvent les hommes avec les femmes. Mais les critiques faites ici sur les hommes, ne signifient pas pour autant que les femmes soient parfaites. 

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 avril 2015, avec retouches le 23 novembre 2015

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