lundi 23 novembre 2015

468 Lettre à une stagiaire de vingt ans

Vous m'avez écrit pour solliciter « un stage dans ma structure ». Je ne vois aucun inconvénient à vous aider à clore vos études. Cependant, j'imagine que vous pensez trouver bureaux, structures, administrations, subventions et réunions pour préparer le Carnaval de Paris.

Je dois vous prévenir que vous arrivez dans une structure originale.

Le Carnaval de Paris est un événement autogéré organisé sur la base d'une structure dormante horizontale mise en route ponctuellement chaque année par une nébuleuse de direction où s'inscrit un commandement central régie par la « règle du gâteau », les traditions christiques et les traditions aristocratiques impériales russes.

Le développement de cet événement - dont le succès se confirme chaque année, - pourrait et devrait se faire à travers la renaissance du mouvement traditionnel français des goguettes, petites sociétés festives et chantantes de moins de vingt membres, régies par la « règle du gâteau ».

La « règle du gâteau » se base sur l'expérience culinaire et pâtissière : un gâteau, quand il est bon, sa pâte crue est bonne au goût. Cuite, elle est meilleure. De même, la préparation de la fête doit être agréable et la fête l'être également. Si la préparation commence à être pénible, ça signifie qu'on fait fausse route. Il est préférable d'organiser agréablement une fête avec 2000 participants - ou même juste 75 participants, - plutôt que de souffrir en organisant une fête avec 500 000 participants.

Le but d'organisation de la fête c'est le plaisir, y compris de ses organisateurs, et en aucun cas le pouvoir, la richesse matérielle ou la célébrité. Quantité de fêtes réussies sont réussies et restent inconnues du grand public.

La référence aux traditions christiques signifient que le motif premier du Carnaval est l'amour de son prochain. La référence à l'aristocratie impériale russe tient à ce que le refondateur du Carnaval de Paris est issu d'une famille noble russe qui durant cinq siècles servit les tsars dans la cavalerie de la garde impériale. La famille ayant fuit la Russie - suite à la Révolution bolchévique de 1917, - a quitté la tradition militaire depuis deux générations. À présent, le refondateur du Carnaval ne sert pas les tsars, mais sert le Carnaval. Son but est de rendre à cette occasion le plus de gens heureux possible. Comme il le rappelle souvent : « s'amuser est une affaire très sérieuse ». Et même, sur le mode humoristique, il dit plutôt : « s'amuser est la seule activité sérieuse ».

Vu le fonctionnement original du Carnaval de Paris, quelle pourrait être votre implication pratique ? Elle pourrait s'inscrire dans la reconstruction du mouvement des goguettes, base traditionnelle de l'organisation de la fête populaire en France. Il y avait jadis des milliers de goguettes chez nous.

Si, à l'issue de votre stage, vous avez réussi à mettre en route un nombre même très restreint de goguettes, votre stage sera pleinement réussi. Une goguette, c'est un groupe chantant de moins de vingt personnes, qui se réunit ponctuellement pour passer un moment agréable et chanter des chansons. C'est la clé de la réussite des plus beaux carnavals de France, à Dunkerque et dans les villes alentours. Là, en chantant et dans une joie indescriptible, et une chaleureuse fraternité, toute la population participe à la fête. Les goguettes portent dans cette région le nom de « sociétés philanthropiques et carnavalesques ». Le nombre de leurs participants est le plus souvent de douze, exceptées trois ou quatre sociétés qui en comptent une cinquantaine. Si vous voulez participer à cette renaissance à Paris, vous êtes la bienvenue. Et vous aurez de quoi faire et agréablement. Alors, à bientôt peut-être.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 novembre 2015

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